Allez savoir pourquoi. Nos confrères et plusieurs observateurs se complaisent à entretenir la sinistrose. Selon eux, il serait bien imprudent de dire que la conjoncture s'est améliorée pour la filière viticole. Le pire ne serait pas derrière nous, mais à venir.
Il est vrai que tout le monde n'est pas tiré d'affaire. Mais il est vrai, surtout, que le pessimisme est de bon ton en France. Les esprits grincheux paraissent plus sérieux que les optimistes. Tant pis pour eux : ils se privent du plaisir des bonnes nouvelles. En voilà encore deux.
L'interprofession des vins de Bordeaux vient d'annoncer que le mois de décembre a été le plus actif des dix dernières années, avec des contrats d'achats en vrac passés pour 334 000 hl de vin. L'activité aurait-elle été aussi intense si les négociants n'avaient pas d'excellentes perspectives de vente, surtout à l'export ? De son côté, la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux relève qu'au bout des onze premiers mois de l'année 2011, la valeur de nos exportations est déjà supérieure à celle atteinte en 2010. Que faut-il de plus pour prendre acte du vent nouveau qui porte la viticulture française ? Une chose est sûre, ce n'est pas en cultivant sans raison un esprit morose que la filière se fera entendre. Tout juste se fera-t-elle plaindre.
C'est ce qu'a compris l'interprofession des vins du Roussillon. Juste avant les fêtes, elle a fait paraître une publicité réjouissante dans plusieurs journaux. On y voit un drapeau français flotter fièrement au sommet d'une bouteille de vin. Pourquoi avoir fait une telle dépense ? Pour rappeler aux politiciens de tous bords que nos vins sont 100 % « made in France » et que leur production génère quantité de travail et de richesses, n'en déplaise aux hygiénistes. La viticulture est l'une des rares branches de l'économie à exporter en Chine. À ce titre, elle mérite d'être entendue et défendue. L'ennui, c'est que l'interprofession du Roussillon a agi de manière isolée. Si son message n'est pas repris par toute la filière, il sera emporté par les incessants remous de l'actualité.