Le négoce, une industrie lourde

BILAN - Une étude évalue à 20,2 milliards d'euros le chiffre d'affaires de l'aval de la filière et l'impact de la crise sur ce secteur.

« Le négoce est une industrie lourde, avec une masse de capitaux investis dans des installations et des stocks. Nos entreprises sont inscrites dans la durée. Nous avons une image de trader, mais elle est fausse », soutient Ghislain de Montgolfier, président de l'Agev, le syndicat des négociants.

Il en veut pour preuve les résultats d'une étude de Montpellier Sup Agro et Crédit agricole SA sur les bilans des grands négociants et coopératives entre 2006 et 2009. Durant ces quatre années, le rapport entre l'actif total des entreprises et leur chiffre d'affaires (CA) est passé de 0,97 à 1,16. En 2009, elles ont donc dû immobiliser 1,16 euro pour réaliser 1 euro de chiffre d'affaires.

L'étude a porté sur 1 032 négoces et coopératives dont le chiffre d'affaires est supérieur à 2 millions d'euros. Ce qui lui donne une « représentativité très proche de 90 % », précise Benoît Stenne, délégué général adjoint de l'Agev.

En 2009, ces entreprises ont réalisé un chiffre d'affaires estimé à 20,2 milliards d'euros, soit 13,5 % du CA total des industries agroalimentaires. Entre 2006 et 2009, leur chiffre d'affaires a progressé de 11 %, ce qui est conforme à l'inflation.

Marges préservées

Ces entreprises ont réussi à maintenir leur taux de valeur ajoutée (valeur ajoutée sur chiffre d'affaires) jusqu'en 2006. À partir de cette date, les crises viticole et financière de 2009 les ont impactées. Leur taux de valeur ajoutée a chuté d'un point, passant de 20,2 % à 19,3 % entre 2006 et 2009. Leurs exportations ont reculé. Elles ont eu des difficultés à répercuter aux distributeurs les hausses des prix des matières sèches, notamment du verre.

Dans ce contexte, les négociants préservent mieux leur marge que les coopératives soucieuses de préserver les revenus de leurs adhérents. De même, ils ont davantage rallongé les délais de paiement de leurs fournisseurs que les coopératives.

Le 25 janvier, à l'occasion de la présentation à l'Agev des résultats de cette étude, Ghislain de Mongolfier a eu cette image : « Le négoce et la production sont dans le même lit, mais avec une couverture trop petite. Parfois, les négociants la tirent vers eux, parfois ce sont les vignerons. Notre objectif à tous doit être d'agrandir la couverture pour que tout le monde soit bien au chaud. »