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DOSSIER - Les parades à la contrefaçon

Château Latour a signé avec Prooftag

La vigne - n°239 - février 2012 - page 30

Particulièrement exposé à la contrefaçon, le château Latour protège toutes les bouteilles qui sortent de ses chais par le scellé à bulles de Prooftag. Il a adapté la ligne de conditionnement pour minimiser l'impact visuel du dispositif sur l'esthétique de la bouteille.
Hélène Génin, responsable qualité, recherche et développement vin de Château Latour. PHOTOS P. ROY

Hélène Génin, responsable qualité, recherche et développement vin de Château Latour. PHOTOS P. ROY

Authentification et traçabilité font partie des préoccupations du château Latour depuis le début des années 2000. À partir de cette date, le domaine adopte différents systèmes, au niveau de l'étiquette notamment. Mais c'est en 2006 que ce premier grand cru classé de Pauillac, dans le Médoc, passe à la vitesse supérieure. «Nous sommes concernés par la contrefaçon, reconnaît Hélène Génin, responsable qualité, recherche et développement vin. Mais il est très difficile de chiffrer ces pratiques frauduleuses.»

Dès 2006, le château étudie les différentes solutions (Prooftag, Arjowiggins et ATT) pour authentifier et tracer toutes ses bouteilles. Il choisira les scellés Prooftag, solution jugée la plus innovante et la plus viable sur le long terme, appliquée depuis le millésime 2007.

«Au départ, nous étions partagés entre deux options, explique Hélène Génin. Adopter un dispositif visible et ainsi rassurer le consommateur ou préserver l'esthétique de la bouteille en choisissant un dispositif invisible. Nous avons finalement opté pour un dispositif visible, tout en travaillant pour minimiser son impact sur l'esthétique de la bouteille.»

Ainsi les scellés, collés à cheval sur le col de la bouteille et sur la capsule de surbouchage, sont de la même couleur que la capsule. Ils sont disposés de telle sorte qu'ils sont invisibles lorsque les bouteilles sont de face.

Le château trace ses bouteilles à l'aide d'un code Datamatrix imprimé sur un adhésif collé au dos des bouteilles tirées bouchées. Ce code supporte toutes les informations de traçabilité interne relatives à la bouteille : numéro de la cuve d'origine, références du bouchon, etc. Lors de l'habillage de la bouteille, il est recouvert par la contre-étiquette. De ce fait, avant l'habillage, ce code est apparié à celui qui figure sur le scellé Prooftag et sur le papier de soie qui enveloppe chaque bouteille avant la mise en caisse. Ainsi, toutes les informations qui lui sont associées sont transférées au scellé Prooftag.

Le château colle également un code Datamatrix sur chaque caisse, récapitulant les bouteilles qui s'y trouvent. Il enregistre ce code au départ des caisses pour suivre les expéditions jusqu'au premier client. Le scellé à bulles assure, lui, l'authenticité de la bouteille. Le consommateur peut s'en assurer via son smartphone (voir encadré) ou en se connectant au site internet de Château Latour, à la rubrique authentification.

« Revoir les lignes de conditionnement »

«Ces choix nous ont conduits à revoir notre ligne de conditionnement. Il a fallu ajouter deux étiqueteuses : l'une pour apposer le code Datamatrix qui finit caché sous la contre-étiquette, l'autre pour poser le scellé à bulle», détaille Hélène Génin.

Le système a provoqué quelques aménagements de travail. «Au départ, nos cadences ont été ralenties mais, avec l'habitude, nous sommes revenus à des niveaux compatibles avec nos rythmes d'expédition. Nous sommes passés de 9 000 cols par jour à seize personnes à 6 000 cols par jour, mais en réduisant à douze personnes l'effectif de l'équipe de papillotage. Nous arrivons à boucler en cinq semaines l'habillage des 135 000 bouteilles qui partent en primeur. Pour le reste de notre production, les délais sont moins courts.»

Au départ limité au seul grand vin, la protection est désormais appliquée à l'ensemble de la production. Après trois ans, l'équipe est rodée et le dispositif fonctionne bien. Le coût s'élève à 0,35 euro par bouteille, incluant l'investissement, amorti sur dix ans, des deux nouvelles étiqueteuses et des consommables. Si l'on rajoute les deux autres dispositifs mis en place (encollage de la capsule sur le goulot et pose d'un feuillard qui scelle la caisse bois), le coût total de la protection d'une bouteille atteint 0,50 euro par col.

Le code à bulles de Prooftag

La société Prooftag, basée à Montauban (Tarn-et-Garonne), est à ce jour l'une des plus implantée dans le secteur viticole. Elle propose un autocollant apposé sur la bouteille ou à cheval sur la capsule de surbouchage et le col de la bouteille, auquel cas l'autocollant devient un sceau d'inviolabilité. Chaque autocollant renferme un code à bulle, résultat d'une réaction physique au cours de laquelle apparaissent, ça et là, de manière chaotique et imprévisible, de petites bulles dans un film translucide d'un centimètre carré. Chaque constellation de bulles est unique, un peu comme une empreinte digitale. À chaque constellation, Prooftag associe un QR code ou un code Datamatrix unique et stocke le tout dans une base de données. En scannant le code avec un smartphone, les consommateurs ont accès à cette base de données et peuvent vérifier l'authenticité du produit qu'ils ont entre les mains. Et comme le scellé se déforme dès qu'on tente de le décoller, son intégrité garantit l'absence d'effraction. Prooftag livre ces scellés sur des rouleaux.

L'essentiel de l'offre

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