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éditorial

La reprise pour tous

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°240 - mars 2012 - page 4

Cette fois, il n'est plus permis d'en douter. La reprise est bien là. À force de parcourir le monde, négociants et producteurs français ont brillamment relancé leurs exportations. Bordeaux a ouvert un nouveau marché pour le vin : l'immense Chine dont personne ne sait dire où son appétit s'arrêtera. Les États-Unis ont retrouvé le goût des vins français. Tout cela, on l'observait depuis plusieurs mois déjà. Mais pour beaucoup de producteurs, ces changements restaient lointains. Ils n'en voyaient pas les conséquences pour leurs revenus. Désormais, elles sont là.

Le bordeaux rouge devrait rapidement dépasser les 1 000 euros le tonneau de 900 litres, un niveau exigé par la production depuis des lustres, sans résultat jusqu'à maintenant. Dans le Languedoc, après un début de campagne hésitant, les négociants sont massivement passés aux achats à des prix en hausse, comme le demandait la production. Dans les Côtes du Rhône, le Syndicat général des vignerons se félicite d'avoir fait passer une nouvelle augmentation pour la deuxième année consécutive. Tous obtiennent des prix que les acheteurs juraient ne pas pouvoir donner il y a quelques mois. Mieux encore, le commerce n'en souffre pas. Le marché les accepte car l'offre est équilibrée. Les négociants implantés dans les vignobles ont aussi compris que leur sort était lié à celui des producteurs dont beaucoup étaient prêts à s'effondrer après des années de mévente.

Et maintenant que le gros des discussions sur les prix est passé, une nouvelle partie de bras de fer va s'engager. Elle se déroulera dans les salons feutrés des ministères et de la Commission européenne et non dans les caves. Elle portera sur les droits de plantation. Le négoce refuse que la production conserve la haute main sur cet outil de régulation de l'offre.« Nous ne voulons pas dépendre du gaz russe », clame-t-il. En clair, il n'est pas question pour lui de prendre le risque de laisser la production fermer le robinet des plantations pour faire grimper les prix.

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