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AU COEUR DU MÉTIER

Dans la Vienne chez Aurélie et Stéphane Fleury « Un gros travail de restructuration »

Florence Bal - La vigne - n°240 - mars 2012 - page 24

Ayant investi tardivement dans la viticulture, les Fleury ont dû mettre les bouchées doubles pour se conformer aux nouvelles règles de leur AOC. Bien que coopérateurs, ils veulent être en prise directe avec les consommateurs.
AFIN DE SE CONFORMER AU CAHIER DES CHARGES de la nouvelle AOC Haut-Poitou, Stéphane et Aurélie Fleury ont légèrement réduit la charge pour diminuer les rendements. Stéphane taille plus court, avec 14 yeux francs maximum par cep, 10 sur la baguette, 4 maximum sur le courson. Aurélie passe ensuite pour tirer les bois. © PHOTOS Y. CAINJO/GFA

AFIN DE SE CONFORMER AU CAHIER DES CHARGES de la nouvelle AOC Haut-Poitou, Stéphane et Aurélie Fleury ont légèrement réduit la charge pour diminuer les rendements. Stéphane taille plus court, avec 14 yeux francs maximum par cep, 10 sur la baguette, 4 maximum sur le courson. Aurélie passe ensuite pour tirer les bois. © PHOTOS Y. CAINJO/GFA

À LA CAVE DU HAUT-POITOU, Stéphane et Aurélie réceptionnent les banderoles pour la préparation du lancement de la nouvelle AOC Haut-Poitou initié par le syndicat des vins.

À LA CAVE DU HAUT-POITOU, Stéphane et Aurélie réceptionnent les banderoles pour la préparation du lancement de la nouvelle AOC Haut-Poitou initié par le syndicat des vins.

LORS DE SON INSTALLATION EN 2008, Stéphane Fleury a investi dans un tracteur vigneron John Deere 5315 avec cabine et un pulvérisateur Hardy traîné de 800 litres équipé d'une colonne de traitement face par face pour trois rangs complets.

LORS DE SON INSTALLATION EN 2008, Stéphane Fleury a investi dans un tracteur vigneron John Deere 5315 avec cabine et un pulvérisateur Hardy traîné de 800 litres équipé d'une colonne de traitement face par face pour trois rangs complets.

« Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. » Agriculteurs modernes, Stéphane et Aurélie Fleury, installés à Thurageau, dans la Vienne, n'en conservent pas moins cette vieille sagesse paysanne. Ils exploitent 6 ha de vigne, 350 ha de céréales et sont adhérents à la cave du Haut-Poitou.

« Dans la région, nombre de céréaliers ont conservé quelques hectares de vigne, justifie le couple. Les deux activités sont très complémentaires. Pour nous, elles justifient l'emploi d'un salarié à plein-temps occupé l'hiver par la taille.» Sans compter que « le vin est plus noble que la céréale ».

Le haut-poitou blanc est issu du seul sauvignon. Le rouge est un vin d'assemblage. L'an dernier, il est passé AOC. Le millésime 2011 est le premier à bénéficier de ce nouveau statut. « Passer d'un VDQS bien fait à une AOC bien conduite ne constitue pas un saut qualitatif énorme, témoignent les Fleury. Nous avons simplement réduit la charge pour réduire les rendements de 10 hl/ha. »

Deux contrôles par an

Stéphane taille plus court, avec 14 yeux francs maximum par cep, 10 sur la baguette et 4 sur le courson. Au printemps, il réalise un épamprage chimique. Aurélie enlève les contre-boutons et, parfois, certains yeux en fonction des sorties de l'année. Cet ébourgeonnage évite le tassement des grappes et prépare la taille de l'année d'après. En août, le couple vendange en vert.

Un responsable technique de la cave contrôle les parcelles deux fois par an : en juin ou en juillet et une semaine avant les vendanges. L'œnologue décide alors du planning de livraison, avec un objectif de 11,5° pour le sauvignon et de 12° pour les autres cépages au minimum.

Le couple a investi assez tardivement dans la vigne. En 2000, Aurélie s'installe comme agricultrice sur 40 ha de céréales tandis que Stéphane travaille à la coopérative Centre- Ouest céréales. En 2003, elle crée un Gaec avec sa mère et sa belle-mère. Le trio de femmes cultive alors 2,5 hectares de vigne. « En 2005, je suis devenu conjoint collaborateur », souligne Stéphane. En 2008, il remplace sa mère au moment de son départ à la retraite. C'est l'année des bouleversements en chaîne. Il s'installe sur 6,6 ha de vigne supplémentaires pour atteindre la surface de 9 ha. Presque trop d'un seul coup.

« Nous avons démarré un gros travail de restructuration », explique-t-il. Le premier objectif était de relocaliser le vignoble dans l'aire d'appellation. Il fallait éliminer les îlots de vigne situés au milieu de céréales et rapprocher les parcelles du siège de l'exploitation. Le second objectif visait à planter les cépages conseillés par la cave.

« En trois ans, nous avons arraché 3,8 ha de vieilles vignes, gamay et chardonnay. Nous avons replanté 2,3 ha de sauvignon et de pinot noir. » Car le couple freine ses ambitions initiales. La crise financière internationale de 2008 a provoqué la faillite d'un très bon client de la cave, un réseau de cavistes anglais. Pour les viticulteurs, qui reçoivent quatre acomptes par récolte, le couperet tombe. Deux acomptes ne seront pas payés, l'un en 2008, l'autre en 2009.

Autre difficulté : le couple avait embauché en 2008 un jeune salarié dans le but de l'installer comme associé avec lui. « C'était dans notre philosophie, souligne Aurélie. Pendant deux ans et demi, nous l'avons formé tandis qu'il suivait son parcours d'installation. Soudain, en janvier 2011, il a été en arrêt de travail. D'une semaine à l'autre, nous ne savions jamais s'il allait revenir. Finalement, il a arrêté pour des raisons de santé en juin 2011. »

Le couple cherche alors un nouveau salarié, « car les occasionnels ne valent pas un ouvrier bien formé », ajoute Aurélie. C'est chose faite depuis octobre 2011.

Depuis 2011, Stéphane est vice-président de la cave. Il participe tous les ans aux marchés de Noël à Neuville-de-Poitou et aux journées portes ouvertes de la cave en mai et juin. « Être en prise directe avec le consommateur est très important, affirme-t-il. On réalise que nous avons intérêt à changer notre regard par rapport à ce qui se pratiquait par le passé. Nous devons partir du désir du consommateur pour élaborer des vins adaptés à sa demande, et non plus l'inverse. »

Stéphane s'est investi dans le lancement de l'AOC Haut-Poitou initié par le syndicat des vins. Les 3 et 4 mars, la gare TGV du Futuroscope s'est transformée en un espace de dégustation à thèmes. Il était là pour faire goûter ses vins aux voyageurs. L'objectif ? Installer une meilleure image des vins haut-poitou.

Et si c'était à refaire ? « Je me serais installé en 2000 avec mes parents »

« En fait, j'aurais dû rejoindre mes parents en 2000. À l'époque, ils avaient 5 ha de vignes. Si je m'étais installé, je les aurais conservés, alors qu'ils en ont arraché la moitié, de sauvignon qui plus est. Mais, à cette époque, la cave coopérative du Haut-Poitou était mal gérée et comme elle connaissait de très grosses difficultés, sa pérennité était incertaine. Il était difficile de parier sur un avenir viticole. J'ai donc travaillé à l'extérieur, puis je suis devenu conjoint collaborateur en 2005 avant de m'installer en 2008 sur 6,6 ha de vignes supplémentaires, mais qu'il fallait restructurer. Nous avons arraché et replanté. Mais la surface était trop importante. De 6,6 ha, nous sommes finalement revenus à 6 ha. Si je m'étais installé dès 2000, nous aurions connu beaucoup moins d'à-coups dans notre parcours. J'aurais renouvelé le vignoble de manière progressive et nous disposerions aujourd'hui de 10 ha de vigne. »

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L'EXPLOITATION

Main-d'œuvre : le couple, un salarié et une salariée occasionnelle.

Surface : 6 ha de vigne et 350 ha de céréales.

3 ha de vigne et 40 ha de céréales cultivés en prestation de service pour un autre exploitant.

Appellations : Haut-Poitou (4,2 ha), IGP Val de Loire, VSIG.

Encépagement : pinot noir, sauvignon, cabernet-sauvignon, chardonnay.

Taille : guyot simple.

Densité de plantation : 4 200 pieds/ha.

Production 2011 : 370 hl.

Prix : 37 €/hl (chardonnay), 55 €/hl (sauvignon), 66 €/hl (pinot).

Les résultats

CA vigne 2011 : 30 000 euros.

L'essentiel de l'offre

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