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VENDRE - C'est tendance

Vinisud 2012 joue toutes les notes de l'air du temps

La vigne - n°240 - mars 2012 - page 50

Du 20 au 22 février, les exposants du salon biennal de Montpellier (Hérault) ont montré comment exploiter les tendances en vogue et les règles intemporelles du succès. À méditer…

Miser sur l'art de vivre français Le goût de la fête

À Limoux (Aude), le carnaval dure trois mois par an. « C'est le plus long du monde », explique Françoise Antech, à la tête du domaine Antech (au centre de la photo). Le syndicat de cette appellation réputée pour ses effervescents tient à le faire savoir, parce que « la bulle, c'est la fête ». Trente bandes de carnavaliers organisent, chacune à leur tour, une journée de cette interminable fête. Le syndicat a invité l'une de ces bandes – les Piotes, les dindes en occitan – à faire la tournée des stands de ses adhérents avec des musiciens. Et comme ce syndicat vit avec son temps, il a lancé une invitation via Twitter. « RV mercredi 11 h 00 à Vinisud au stand Aude Pays Cathare 9A83 pour dégustation bulles AOC Limoux et ambiance carnaval », disait son message. Un moment de bonheur.

Miser sur l'art de vivre français La gourmandise

On connaît tous la formule du café gourmand, ce service proposé par de nombreux restaurants qui consiste à accompagner le petit noir de quelques minidesserts. Ce plaisir rapide et délicieux pourrait bien se décliner version « vin gourmand ». C'est la bonne idée d'Inter-Rhône. L'interprofession a testé son concept lors d'une soirée organisée durant le salon. Elle a convié des journalistes au restaurant Chez Boris, à Montpellier (Hérault). Là, ils ont pu déguster un verre de côtes-du-rhône (blanc, rouge ou rosé) accompagné de délicieux petits mets en parfait accord avec la couleur choisie. La formule a bien des avantages : plus besoin de se casser la tête pour choisir le vin correspondant à un mets. Et pour ceux qui sont du genre à hésiter, par exemple entre des nems aux crevettes, une terrine de poisson ou bien encore un caviar d'aubergine, ils auront un peu de tout, servi sur un plateau, accompagné d'un verre du vin qu'il faut. Pour peaufiner ce « vin gourmand », Inter-Rhône prépare des articles de PLV, notamment des plateaux aux couleurs de ses appellations ainsi que des petits livrets de recette et d'accords mets et vins.

Miser sur l'art de vivre français L'authenticité

Matthew Dickinson, directeur de Thierry's, premier importateur de vin français au Royaume-Uni, constate un retour en grâce de nos vins outre-Manche. L'explication est simple. « La France a su créer une image d'authenticité qui plaît, constate-t-il. En 2012, nous allons augmenter nos achats. Les vins vendus entre 7 et 15 livres sterling marchent bien et, dans cette gamme, les Français sont bons. La crise a changé les comportements. Les Britanniques sortent moins mais dépensent plus pour leurs achats de vins à consommer à domicile. »

Oser un brin de transgression… Vino Erotico

En cinq ans, la cave des vignerons de Cers, Portiragnes et Villeneuve-lès-Béziers, dans l'Hérault, est passée de zéro à un million de cols vendus directement. Son secret ? Des vins bien faits mais qui ne se prennent pas au sérieux, comme les vacanciers auxquels ils s'adressent. Derniers nés : la gamme Vino Erotico, un rouge et un blanc IGP coteaux du Libron vendus 5,70 euros et Les yeux dans les étoiles, un blanc que son étiquette associe à la plage, au sable et au soleil.

Oser un brin de transgression… Limoux s'empourpre

Code rouge est le tout nouveau crémant de Limoux lancé par le négociant Gérard Bertrand à destination du réseau traditionnel. « Nous voulions rompre avec les codes classiques des effervescents », explique la chargée de communication. Résultat : une bouteille en verre colorée pour rougir de plaisir… 19,90 euros TTC chez les cavistes.

Oser un brin de transgression… Bulles bling-bling

Le nouveau négociant Domaines Pierre Chavin a présenté un VMQ (vin mousseux de qualité) baptisé Brut d'or, dans des bouteilles colorées (coating) en version or ou rose nacré. Ce produit vise les marchés asiatiques et russes. Une alternative au champagne pour les jeunes adeptes de la culture blingbling.

Oser un brin de transgression… Dégustation par l'image

 © WWW.CLAUDECRUELLS.COM

© WWW.CLAUDECRUELLS.COM

Languedociens d'adoption, les Outsiders sont un groupe de vignerons résolus à sortir des sentiers battus. Leur dernière trouvaille : la dégustation par l'image. Vous goûtez un vin, ils vous montrent une image : le Cri de Munch, une photo de chatons, un gros plan sur un piercing… « L'objectif est de dénouer les langues. D'exprimer ses sensations », affirme Louise Hurren, l'attachée de presse. À voir les échanges passionnés entre les participants, ça marche !

Oser un brin de transgression… Rosé nomade du Lot

 PHOTOS A. AUTEXIER ET B. COLLARD

PHOTOS A. AUTEXIER ET B. COLLARD

Charlène Cauzit, du domaine d'Homs, à Saux, dans le Lot, a présenté la Pink K'net, un produit lancé par un GIE de cinq vignerons dont elle fait partie. La petite bouteille de 25 cl en aluminium contient un vin de pays rosé du Lot. « C'est un produit nomade », détaille-telle. Les associés visent les sandwicheries et la restauration rapide auxquelles ils conseillent de vendre la K'net autour de 2,50 euros prix public.

Croire en soi Pazac repart

Il y a quelques années, pensant que tout le monde y trouverait son compte, la cave de Pazac, à Meynes (Gard), a confié son magasin de vente à un ancien salarié. Mais au lieu de progresser, les ventes ont chuté. L'an dernier, elle a repris l'affaire en main. « Nous avons fait revivre le caveau, expliquent Jean-Louis Boyer, directeur, et Christophe Carreton, adhérent de cette coopérative qui compte huit membres et 240 ha de vignes. Nous avons organisé un vide-greniers sur notre parking. Nous invitons les randonneurs à faire une halte chez nous. » Tous deux sont venus au salon pour trouver des clients et expliquer la nouvelle dynamique qui les anime. Les affaires repartent, mais ils ont du chemin à parcourir : ils vendent 90 % de leur récolte en vrac.

Croire en soi Peyrat casse la baraque

« Pendant deux ans, nous avons dû arrêter la bouteille en raison de difficultés internes », explique Yann Alcaraz, maître de chai de la seigneurie de Peyrat, un domaine de 110 ha dans l'Hérault appartenant au propriétaire d'un groupe hôtelier. Puis les affaires sont reparties avec la gamme Baraquette : six vins numérotés de 1 à 6, deux blancs, deux rosés et deux rouges en capsule à vis. « Lorsqu'on les aligne, cela fait un dégradé de couleur du plus bel effet dans les bars », constate Yann Alcaraz. Au salon, il présentait sa nouvelle gamme, Noble plaisir : un rouge, un rosé et un blanc d'assemblage. « Ce sont des vins croquants, sur le fruit, vendu 4 euros aux consommateurs. » L'an dernier le domaine a vendu 200 000 bouteilles. Cette année, il vise les 700 000 !

Communiquer sans réserve sur la Toile Parler web 2.0

Le web 2.0, ou web social, permet de communiquer sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter…). Vinisud a bien compris l'importance de ce virage digital en consacrant un stand au sujet. Pendant la durée du salon, une équipe d'animateurs a eu pour mission de promouvoir la marque Vinisud sur Twitter et de former visiteurs et vignerons au code de la communication sur la Toile. La première de ces tâches a été parfaitement accomplie. Pendant les deux premiers jours du salon, Vinisud2012 a été l'un des sujets les plus repris sur Twitter, presque à égalité avec DSK mis en garde à vue. Reste aux vignerons à appliquer les recettes enseignées sur ce stand pour faire bonne figure sur Twitter !

Communiquer sans réserve sur la Toile 20 Corbières : 20/20

En même temps que son nouveau logo « 20 Corbières », le syndicat de l'AOC Corbières a adopté une nouvelle communication axée sur le web. Il propose à ses adhérents une formation gratuite d'une journée. Outre des conseils pour écrire des articles de blogs, les volontaires se sont vus délivrer un code d'accès au back office de la page Facebook de 20Corbières. « Nos vignerons peuvent ainsi alimenter cette page commune de leurs différents approvisionnements particuliers. Cela fait vivre notre profil », explique Alexandre They, président de la commission communication. Pour l'instant, cinquante caves ont envoyé un participant à la formation. « Généralement, c'est la fille ou le fils du vigneron qui vient », sourit Jean-Pierre Thène, le directeur du syndicat. Vive la relève !

Communiquer sans réserve sur la Toile Cybervigneron

Symbole de cette nouvelle génération de vignerons à la pointe de la communication web 2.0 : Ryan O'Connell, 26 ans, du domaine O'Vineyards, 15 ha situés dans l'Aude et exploités par ses parents. La mère est française, le père américain et le fils… blogueur. Durant le salon, on l'a vu partout : sur le plateau web 2.0 organisé par Vinisud, à une soirée d'Inter-Rhône… Ryan alimente deux blogs en anglais : « lovethatlanguedoc », où il parle des vins de la région, et « ovineyards.com », où il traite du domaine de ses parents et de « tous les sujets qui lui tiennent à cœur ». Le jeune homme, parfaitement bilingue, communique sur le web et les réseaux sociaux avec autant d'aisance que dans la vie réelle. Il y consacre en moyenne une heure par jour. « Je peux y passer autant de temps parce que mes parents s'occupent du domaine », explique-t-il. Et de conseiller : « Pour débuter, une heure par semaine, c'est déjà pas mal. »

Réduire, voire supprimer l'alcool Zéro alcool

Pierre Le Couturier est un assemblage de jus de raisins avec du vin désalcoolisé par spiling column. Fabien Gross, des domaines Pierre Chavin, un nouveau négociant, vient de remporter un appel d'offres finlandais avec ce produit pour 10 000 cols. La Suède a embrayé avec une commande de 20 000 bouteilles. « Pierre Le Couturier revendique un nom bien français qui devrait plaire aux marchés asiatiques » , poursuit le négociant.

Le produit est décliné en rouge, rosé, blanc et mousseux.

Prix de vente conseillé: 7 € TTC en Finlande.

Réduire, voire supprimer l'alcool Fizz

Les Producteurs Plaimont ont présenté un produit festif : Colomb'Fizz, version pertante de ce vin intensément aromatique. Naturellement léger en alcool (9,5 % vol. en blanc, 10 % en rosé) et habillé avec une capsule à vis, Colomb'Fizz existe en blanc et rosé. « Nous avons reçu un excellent accueil », confie Jean Aymes, responsable marketing. Le produit sera distribué en CHR, puis en GD.

Prix de vente conseillé: 6,50 € le col.

Réduire, voire supprimer l'alcool 9° et 28 % de calories en moins

La société Diet Wine lance Fast Wine, une gamme de vins désalcoolisés par osmose inverse qui titre 9° et cible un public féminin. Ses partenaires : la coopérative de Saint-Geniès-de-Fontedit (Hérault), qui apporte l'IGP Hérault, et Vincent Pugibet, qui désalcoolise le vin. Fast Wine existe en sauvignon (blanc), merlot (rouge) et syrah grenache (rosé).

Prix de vente consellé : 4,90 € TTC.

Décliner le naturel sur tous les tons Bio, qualité Inné

Le négociant Gabriel Meffre, basé à Gigondas (Vaucluse), a présenté sa toute nouvelle gamme de vins labellisés agriculture biologique destinés au secteur CHR et au circuit traditionnel. Dénommé Inné, elle comprend quatre vins d'appellation (AOC Ventoux, Costières de Nîmes, Côtes du Rhône et Côtes du Rhône villages) et une IGP (vin de pays d'Oc). « L'étiquette est volontairement épurée, avec peu de couleur, pour renforcer ce côté nature, explique Valérie Vincent, la responsable de communication. Le visuel qui y figure montre une vigne bien enracinée au centre de la terre. La bouteille est écoconçue avec un verre allégé de 10 % par rapport à la gamme standard. Quant au nom, il comporte trois atouts marketing : facilement prononçable, mémorisable et porteur de sens. »

De 7 € TTC pour les IGP à 10 € TTC pour les CDR villages.

Décliner le naturel sur tous les tons Œcuménique

Bio ou raisonné ? Pour Caves Languedoc-Roussillon, ce n'est pas l'un ou l'autre, mais l'un et l'autre. Basée à Montpellier, cette entreprise vend les vins de trente-cinq domaines et de six caves coopératives. Elle a inventé le label Eco-attitude dont peuvent se prévaloir ses partenaires certifiés en bio ou Terra Vitis, dès lors qu'ils utilisent des matières sèches écocompatibles : bouteilles en verre allégé, bouchons en liège issus de forêts exploitées durablement, cartons et étiquettes fabriqués à partir de fibres recyclées… L'entreprise a conçu un site internet, une colerette et une contre-étiquette pour expliquer sa démarche. « Les deux tiers de nos partenaires respectent déjà notre charte », se réjouit Paul Chebille (à droite), l'un des trois associés dirigeant l'entreprise.

Décliner le naturel sur tous les tons Sans soufre

Gérard Bertrand surfe sur l'air du temps. En 2007, il lançait une gamme de vins bios. À Vinisud, il a présenté Naturea, sa nouvelle gamme composée de cinq vins sans soufre : un merlot, un cabernet-sauvignon, une syrah et un chardonnay IGP pays d'Oc ainsi qu'un corbières. Ces vins ne subissent aucun ajout de SO2 à l'encuvage ou à l'embouteillage. Ils sont du millésime 2011 et la contre-étiquette indique qu'il vaut mieux les boire avant le 30 avril 2013. Les vins se goûtent bien. Cependant, le chardonnay est un peu citronné et la syrah apparaît très réduite. « Nous avons produit 130 000 bouteilles par cépage et 80 000 bouteilles de corbières, explique Véronique Braun, directrice de la communication. C'est du jamais vu. La réponse du marché est excellente. Auchan nous a déjà référencés et nous serons dans de nombreuses foires aux vins de printemps. »

5,50 € TTC les vins de cépage, 6,50 € le corbières.

Déguster astucieusement... Vacqueyras goûte en famille

Les vignerons du cru ont mis l'accent sur la transmission des savoirs en organisant des dégustations où chaque génération avait son mot à dire. Ici, Éric Saurel (47 ans) et sa fille Justine (22 ans), du domaine Montirius, à Sarrians (Vaucluse), sont en compagnie d'un journaliste d'origine australienne. Le père a présenté le blanc. La fille, le rouge. À chacun ses mots, ses goûts, son savoir… Une jolie façon pour l'AOC d'illustrer son slogan : « La force de l'équilibre ».

Déguster astucieusement... Le Sud associe ses cépages et ses terroirs

 PHOTOS A. AUTEXIER ET B. COLLARD

PHOTOS A. AUTEXIER ET B. COLLARD

Sur le stand Sud de France, on pouvait déguster librement 480 vins de producteurs du Languedoc-Roussillon présents sur le salon et approfondir sa connaissance des rapports entre les cépages méditerranéens et leurs terroirs. Sud de France avait mis onze cépages en avant, les décrivant en quelques mots sur un panneau de plexiglas translucide. Une manière de rompre la monotonie des alignements de bouteilles, tout en expliquant que le carignan est épicé et tannique ou que la roussanne donne des vins aux notes d'abricot et de noisette. Pour chaque cépage, on pouvait goûter deux ou trois vins de terroirs différents. Pédagogique.

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