Huit couples de « confirmants » étaient présents pour la Saint-Valentin, ici dans l'église du village de Saint-Amour-Bellevue.
Elle paraît bien petite, la salle des mariages de la commune de Saint-Amour-Bellevue (Saône-et-Loire) pour accueillir les huit couples en quête d'une confirmation de mariage et leurs invités. Nous sommes le samedi 11 février, trois jours avant la Saint-Valentin. La période est cruciale pour le saint-amour, ce cru beaujolais aux dimensions modestes (320 ha), mais à la politique commerciale bien pensée. Les vignerons produisent 16 000 hl, dont ils vendent 7 400 hl au négoce et 1 500 hl directement à leurs clients pour la seule Saint-Valentin. Les confirmations de mariage constituent la vitrine médiatique de ce commerce. Aussi, le programme est-il soigné : les mariés ont droit à une cérémonie à la mairie, un concert en l'église, un vin d'honneur offert par le syndicat du cru, puis un dîner aux chandelles.
Le maire, Paul Spay, lui-même vigneron, se transforme en maître de cérémonie pour confirmer les sentiments que se portent les huit couples présents. Tantôt drôle ou taquin, il maîtrise à merveille le protocole d'une cérémonie authentiquement chaleureuse.
Les « confirmants » viennent de la région. La plupart y ont une attache familiale, comme Sylvie et Françoise, deux sœurs venues avec leurs maris, dont les parents sont installés à Saint-Amour-Bellevue. « C'est l'occasion d'organiser une belle cérémonie familiale », annoncent-elles en chœur. « Je trouve ça juste formidable ! », s'exclame Kenneth Day, époux d'une des deux sœurs, un Américain qui a travaillé dans la Napa Valley avant de s'installer près de Lyon.
Les couples présents sont mariés depuis un mois et demi, pour les plus pressés, et depuis 55 ans pour les plus patients de confirmer leur amour ! Aucun ne se doute de ce qu'ils doivent au… Japon ! En 2005, des ressortissants du pays du Soleil Levant confirment leur union devant les caméras de TF1, lors de la fête des crus du Beaujolais. En 2008, un ministre nippon en exercice se prête au jeu. Suffisant pour créer un engouement hors du commun.
« Nous avons un partenariat avec la société japonaise Messager de Saint-Amour, explique le maire. Cette entreprise organise des banquets de mariage. Elle nous envoie les certificats de mariage de ses clients que nous confirmons par courrier, avec une invitation à nous rendre visite. Nous organisons, d'ailleurs, des confirmations toute l'année. »
Plusieurs vignerons de Saint-Amour fournissent la société japonaise en bouteilles du précieux nectar. « D'autres organisent des événements chez leurs clients cavistes ou restaurateurs, font des étiquettes Saint-Valentin ou sur le thème de l'amour, note Jean-Yves Midey, président du cru. Pour tous, c'est une période à ne pas manquer. Le cru doit sa bonne santé à la Saint-Valentin. Nous valorisons notre vin presque 320 €/hl en vrac. » Soit une bonne centaine d'euros de plus que les autres crus du Beaujolais. En 2007, alors que La Poste veut fermer son agence, le maire décide de la reprendre. Depuis, une agent municipale s'occupe du courrier et consacre 50 % de son temps à l'organisation et à la promotion des confirmations de mariage. La preuve que l'amour, c'est du travail.