Avril devrait être un tournant dans la campagne du Cabernet d'Anjou. L'AOC de rosé demi-sec vit une situation paradoxale. Jamais elle ne s'est aussi bien vendue. Les sorties 2011 en grande distribution ont progressé de 17 %. Le négoce avait acheté plus de 116 000 hl (vin, moût et raisins) à fin février, en hausse de 12 % par rapport à la campagne précédente.
C'est du côté des cours que le bât blesse. Ils ont baissé de plus de 20 €/hl en un an, conséquence d'une offre largement supérieure à la demande. En 2009 et 2010, les viticulteurs ont revendiqué 330 000 hl, alors que le marché en absorbait respectivement 286 000 et 275 000 hl. « Soit les deux meilleures campagnes de l'histoire de l'appellation », souligne Fanny Gillet, d'InterLoire. « Ce sont les stocks de 2010 qui pèsent sur le marché », indique Yves Matignon, président des producteurs de rosés de l'Anjou. Au global, les stocks (production et négoce) ont été évalués à la mi-mars par l'interprofession à quelque 160 000 hl, soit 40 000 hl de moins qu'en 2011 à la même date.
À Loire propriétés (groupe comprenant notamment les Caves de la Loire et le négociant Besombes), les stocks sont jugés raisonnables. « Nous sommes sereins, la situation est saine sur cette AOC, indique Jérôme Lemasson, le directeur. Les prix redeviendront raisonnables dès que le millésime 2010 sera évacué. D'autant que le marché est dynamique en GD. » « On a tout en mains pour revenir à des prix raisonnables », analyse Yves Matignon. D'autant que les chiffres désormais officiels de la récolte 2011 sont en baisse, à 290 000 hl. La production avait souhaité maîtriser le niveau de récolte en diminuant de 5 hl/ha le rendement et s'approcher le plus possible du volume commercialisable. Pari tenu. L'équilibre est en vue.