Innovigne : Un joli plateau de démonstrations en continu

Les 13 et 14 juin, Innovigne a attiré quelque 2 500 visiteurs sur le domaine de l'Inra de Pech Rouge, dans l'Aude. Parmi les 90 exposants présents, près de la moitié organisait des démonstrations à la demande. Instructif, voire spectaculaire.

C'est un spectacle autant qu'une démonstration qu'a proposé le spécialiste de l'épierrage Kirpy aux visiteurs d'Innovigne, à Gruissan (Aude), les 13 et 14 juin. Son tracteur de 350 ch, équipé d'un gros chisel à l'avant et d'un imposant broyeur de pierres à l'arrière, n'est pas passé inaperçu sur le domaine de Pech Rouge. Ce broyeur, le Kirpy BPS 250, est utilisé le plus souvent en travaux publics. Mais il sert aussi pour l'aménagement de parcelles pierreuses avant plantation. Il faut d'abord passer un chisel pour dégager et remonter les pierres. Le broyeur entre ensuite en action. À Innovigne, Kirpy a combiné les deux opérations. Son tracteur avançait patiemment à 500 mètres par heure. Mais le bruit et la fureur du broyage ont impressionné les visiteurs. Sur 2,50 m de largeur et 25 cm de profondeur, la machine a avalé des moellons de pierre de 50 cm qu'elle a réduits à un lit de cailloux de 0-20 à 0-60 mm selon les réglages. C'est l'œuvre de son rotor muni de 32 marteaux carbure tournant à 1 000 t/min en opposition, c'est-à-dire en sens inverse de la marche. Kirpy propose des broyeurs de pierres plus étroits que celui utilisé à Innovigne, à atteler sur un tracteur vigneron ou sur un enjambeur.

Plus discrète, la bêche excavatrice Bechamatic s'est employée à extirper les pieds morts sur une parcelle du domaine. La machine, construite par Lafforgue, est attelée sur le trois points du tracteur. Un premier vérin la déporte latéralement de 50 cm vers le pied en passant sous le fil de palissage. Un second l'incline pour passer sous les racines. Entraînées par la prise de force, les trois bêches creusent un trou de 65 x 65 cm de largeur et de 50 cm de profondeur. En à peine une minute, elles remontent la souche et ses racines sans lisser le sol.

Des démonstrations permanentes

Mais l'essentiel était ailleurs. Une vingtaine de pulvérisateurs et autant d'outils de travail du sol en démonstration permanente ont assuré le gros de l'animation des deux journées. Tous les types de pulvés étaient présents, avec une forte prédominance de pneumatiques. Les constructeurs venus avec des pendillards face par face ont montré que leurs appareils étaient capables de composer avec le vent qui soufflait fort sur le site. Ils faisaient observer que la dérive de leurs appareils était visiblement faible. En l'absence de grande nouveauté, les constructeurs ont mis l'accent sur des améliorations. Dagnaud est venu avec son Turbipano deux rangs face par face, monté sur un nouveau châssis boggie pour plus de stabilité. À chaque sortie, ce pulvérisateur a parcouru les rangs qui lui étaient attribués sans bringuebaler. En comparaison, dans une entrée de rang à peine accidentée, la rampe Précijet du Vectis de Tecnoma a davantage ballotté.

Kuhn et Calvet étaient tous deux présents avec un appareil pneumatique à rampe, respectivement un Ventis traîné OTF+ et un Eco SP 200 semiporté. Tous deux étaient pourvus de deux sorties supplémentaires orientées vers les deux faces opposées au passage du tracteur, traitant vers le rang emprunté. Avec cette option, on réalise un traitement face par face en passant tous les trois rangs.

Côté pratique, Hardi a mis en avant le bac d'incorporation Turbifiller qui équipe en option ses Lunis. Il s'agit d'un bac logé sous la cuve, dans son prolongement. On le déploie pour incorporer un produit, puis on le replie dans sa position de rangement. Un jeu d'enfant.

Pour le travail du sol, pratiquement tous les constructeurs étaient venus avec des cadres à dents équipés d'interceps à lames pourvues d'ailettes et de cure-ceps. Les démonstrations se sont succédé à la demande des visiteurs. Pellenc tance de trois viticulteurs de la coopérative de Puimisson (Hérault). Une première fois, le chauffeur est passé à plus de 5 km/h pour montrer la vivacité de l'effacement de son intercep monté sur parallélogramme. L'outil est fabriqué par Industrias David, en Espagne. « Ce n'est pas du bon travail », ont jugé les viticulteurs voyant que la lame ne nettoyait pas au ras des souches. Le chauffeur a donc recommencé plus lentement, à leur grande satisfaction.

Un cadre de onze dents

Chez Gely, la discussion portait sur le nombre de dents approprié pour un cadre. Le Scarabée de ce fabricant en comporte onze, en quinconce, pour une largeur travaillée de 2,50 m, alors que la plupart des modèles concurrents n'en ont que sept. Pourquoi autant ? « Vous n'avez pas de bourrelets, pas de zone non travaillée. Vous laissez le sol parfaitement plat, a expliqué Jean-Louis Calvet, l'exposant. Et avec notre disposition en quinconce, vous n'avez pas d'effet de râteau. Vous passez mieux lorsque vous avez beaucoup d'herbe ou des sarments au sol. Ça bourre moins. »

« Je n'ai pas l'habitude de travailler avec autant de dents, lui a répondu Patrick Cambus, viticulteur à Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales). Sept dents, c'est parfait quand on passe régulièrement. Il faut quelle puissance pour votre cadre ? » Réponse de l'exposant : « 75 CV et 4 RM. » Pesant 880 kg et coûtant 7 300 euros sans intercep, le Scarabée est aussi plus lourd et plus cher que ses concurrents. Malgré cela, le fabricant n'en a jamais vendu autant que cette année. Innovigne était organisé par le Groupe France Agricole, avec de nombreux partenaires dont l'Inra et l'IFV.