Tutiac « Répondre aux besoins du marché »

Les Vignerons de Tutiac viennent d'investir 8 millions d'euros dans un centre d'embouteillage pour être plus réactifs et augmenter leurs ventes conditionnées.

Le 31 août, les Vignerons de Tutiac inauguraient leur nouveau centre d'embouteillage à Marcillac, en Gironde. Un bâtiment de 5 500 m_ représentant un investissement de 8 millions d'euros et qui abrite le siège social de la coopérative. Ce nouveau centre d'embouteillage répond aux normes IFS (International Food Standard) et BRC (British Retail Consortium) imposées par les grandes surfaces aux producteurs qui veulent fournir leurs marques de distributeurs. Il a été conçu pour embouteiller 12 à 15 millions de cols, une activité jusqu'alors sous-traitée.

« Maîtriser la qualité »

« Au-delà de la maîtrise des coûts, le fait de disposer de notre propre outil d'embouteillage va nous permettre de maîtriser la qualité, d'être plus réactifs et d'augmenter l'activité bouteille », indique Éric Hénaux, directeur de la cave.

La production annuelle tourne autour de 220 000 hl. La cave écoule les deux tiers en vrac auprès du négoce et le reste en bouteilles sous la marque Tutiac et quelques châteaux. L'objectif est d'atteindre 50 % de la production en bouteilles en 2015, contre 35 % aujourd'hui. « Produire plus de bouteilles et moins de vrac est un axe majeur de notre entreprise. Nous voulons travailler pour la pérennité des viticulteurs et mieux répondre aux besoins du marché », précise-t-il.

La coopérative a donc repensé toute sa gamme et a instauré plusieurs niveaux qualitatifs pour aborder les marchés segmentés en trois grands groupes : les libres-services dans les pays anglo-saxons, les libres-services dans les pays producteurs de vins et les cavistes et restaurateurs. Au passage, elle s'est débarrassée de noms pompeux tels que duc ou duchesse de Tutiac. Partant du haut, sa gamme se décline aujourd'hui en Excellence, Plaisir et Découverte de Tutiac. Fin 2011, la cave a dépensé 150 000 euros en promo et communication pour la lancer.

Pour produire de manière régulière dans ces différents segments, la cave a cartographié ses sols. Elle a creusé des fosses pédologiques pour identifier tous les terroirs. Puis elle a mis en place un système d'affectation parcellaire en 2011. Désormais, chaque parcelle est rattachée à un terroir et destinée à un profil produit déterminé. Un niveau qualitatif lui est affecté en fonction de différents critères (nature du sol, porte-greffe, cépage, âge du vignoble…). Et l'adhérent doit la cultiver selon un cahier des charges établi par la coop.

Dans la foulée, les Vignerons de Tutiac ont revu le système de rémunération des coopérateurs. Ils ont établi une grille avec des critères liés aux travaux à faire dans les vignes (effeuillage, rendement et enherbement) selon le produit à élaborer. Le coopérateur est noté en fonction du travail effectué. Au final, cette note impacte 80 % de sa rémunération. Les 20 % qui restent étant liés au contrôle qualitatif de la vendange lorsqu'elle arrive à la cave.

Spécialisation des sites

Pour améliorer la compétitivité, la spécialisation des six sites de production est engagée depuis 2010. Une nécessité du fait des fusions. Tutiac résulte en effet de la réunion des coopératives d'Anglade, de Civrac, de Générac, de Marcillac, de Périssac et de Saint-Gervais. À terme, le site d'Anglade, dédié au stockage, devrait fermer. La coop à pour objectif de concentrer les investissements sur les sites présentant des réserves foncières et proches des vignerons.

Reste un chantier d'une autre nature pour elle : continuer à grossir tout en gardant un côté humain. Un vrai défi.