Bordelais et Bourguignons sont inquiets : la Commission européenne s'apprêterait à galvauder les mentions « clos » et « château », en les autorisant sur les étiquettes de vins américains importés en Europe.
« Toute une liste de termes est visée par la Commission, explique le juriste Éric Tesson, de la Cnaoc. Les mentions "château" et "clos" posent problème car, en Europe, elles sont bien définies tandis qu'aux États-Unis, leur emploi est libre. »
Yann le Goaster, directeur de la Fédération des grands vins de Bordeaux, argumente : « En Californie, on peut très bien apposer "château" sur un vin 100 % issu de vendanges achetées auprès de différentes exploitations. Chez nous, c'est impossible. Cette mention désigne un vin d'AOC issu exclusivement de raisins récoltés et vinifiés sur la propriété. »
Mentions emblématiques
Autre argument bordelais : la mention « château » est emblématique de la production girondine. « Elle est utilisée chez nous depuis le milieu du XIXe siècle », précise Yann Le Goaster, qui voit dans la demande américaine une volonté de détournement de notoriété. Même analyse du côté des Bourguignons. « En France, pour pouvoir utiliser le terme "clos", il faut que les raisins proviennent exclusivement de parcelles de vignes délimitées par une clôture formée de murs ou de haies vives ou dont l'appellation ou la parcelle comporte ce terme. De plus, le vin doit être vinifié dans les chais de l'exploitation viticole concernée ou vinifié séparément dans les locaux de la coopérative à laquelle adhère l'exploitation », détaille la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne. Le sujet devait être abordé au comité européen de gestion des vins le 25 septembre. La veille, la Commission a annoncé qu'elle reportait sa décision sine die. Bordelais et Bourguignons restent aux aguêts