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DOSSIER - LES NÉOVIGNERONS : Audacieux et inventifs

4. Ils ont investi leur fortune « Je suis plus serein »

Mathilde Hulot - La vigne - n°247 - novembre 2012 - page 62

Gérard Perse a vendu ses supermarchés pour acheter des propriétés à Bordeaux (Gironde). Il se réjouit de travailler au rythme des saisons.
GÉRARD PERSE a échangé ses cinq magasins contre sept domaines dans le Bordelais. © JLV

GÉRARD PERSE a échangé ses cinq magasins contre sept domaines dans le Bordelais. © JLV

En 1993, quand Gérard Perse devient propriétaire à Saint-Émilion (Gironde), il fait l'effet d'une bombe dans le landerneau libournais. Il dérange, car non seulement il arrive de la capitale, mais il s'installe avec beaucoup d'argent. De l'argent fraîchement gagné dans le monde impitoyable de la grande distribution.

Le coup de cœur, il l'a eu en venant à Bordeaux effectuer sa sélection pour les foires aux vins. « Je voyais tous ces vignerons bordelais décontractés. Ils m'ont donné envie », explique-t-il. Le château Monbousquet était à vendre… Il l'achète et met un premier pied dans la viticulture. Ce château deviendra sa résidence. Mais il ne s'arrête pas à cette magnifique propriété de 33 ha située à Saint-Émilion.

Au rythme des saisons

Il vend les cinq super et hypermarchés Continent et Champion qu'il possède au moment le plus opportun. L'argent gagné lui permet d'acquérir Pavie-Decesse en 1997, Pavie en 1998, Clos l'Église et Sainte-Colombe en 1999, ainsi que Clos des Lunelles et Bellevue-Mondotte en 2001. Le voilà propriétaire de sept crus de bordeaux de taille et d'appellations différentes.

Parmi tous ces châteaux, Pavie sort clairement du lot. En septembre dernier, il a été promu Premier grand cru classé A de Saint-Émilion. Gérard Perse y investit un maximum de temps et d'argent pour produire 90 000 bouteilles d'exception par an en moyenne. Plus de dix ans après sa dernière acquisition, le trublion s'est fondu dans le paysage. Et il ne regrette rien du virage qu'il a pris. « Ma vie est très différente d'avant. Lorsque je dirigeais des supermarchés, je travaillais toute la journée sous la lumière artificielle des néons. Aujourd'hui, je suis au grand air. Dans les hypermarchés, on a toujours une saison d'avance : à Pâques, on commande les chocolats et les jouets de Noël. Dans les vignes, on suit le rythme des saisons. Nos visiteurs sont heureux de venir à la propriété. Je ne suis pas sûr que nos clients l'étaient en poussant leurs chariots dans nos hypermarchés. Le stress est encore parfois là, surtout lors des vendanges ou des dégustations primeurs, mais ça n'a rien à voir avec celui qu'on ressent quand on dirige un magasin. Je vois les choses plus sereinement. »

L'investissement vaut-il le coup ?

« J'ai investi 41 millions d'euros depuis le début de mon aventure viticole. Et je continue à investir dans un projet magnifique et ambitieux à château Pavie. Par conséquent, il m'est difficile de parler de retour sur investissement. Ce que je sais, c'est que la gestion de Pavie est saine et rentable. L'investissement vaut le coup et pas seulement financièrement. C'était pour moi un nouveau challenge. Je crois l'avoir réussi. »

Cet article fait partie du dossier LES NÉOVIGNERONS : Audacieux et inventifs

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DATES CLÉS

1993 : Montbousquet, 33 ha à Saint-Émilion (Gironde).

1998 : achat du château Pavie, classé Grand cru B de Saint-Émilion.

2012 : le château Pavie, 37 ha, est classé Grand cru A de Saint-Émilion.

L'essentiel de l'offre

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