Il faut se rendre à l'évidence : les néovignerons ont la fibre communicante. Site, blog, Facebook, Twitter… Ils maîtrisent les outils du web pour parler de leur domaine et de leurs vins. « Ce sont souvent d'anciens citadins, adeptes des réseaux sociaux, remarque Miss Vicky Wine, blogueuse du vin. Étant nouveaux dans la filière, ils doivent davantage communiquer pour se faire connaître. »
Ivo Ferreira, néovigneron dans le Languedoc, est un grand utilisateur de ces réseaux : « Grâce à eux, je suis entré en contact avec des journalistes, des blogueurs ou encore des restaurateurs que je n'aurais jamais rencontrés autrement », raconte-t-il.
Les néovignerons s'appuient souvent sur leur expérience passée. Pour beaucoup, le fait de ne pas avoir baigné dans le milieu viticole depuis l'enfance est un point fort.
« Arrivée d'un tout autre univers, je n'avais pas d'a priori sur la filière, illustre Isabel Ferrando, vigneronne à Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse). J'ai peut-être eu plus de liberté et plus d'ouverture à la créativité que quelqu'un qui a toujours évolué dans ce milieu. »
Mathias et Camille Marquet, vignerons en Dordogne, ont l'impression d'avoir un regard neuf sur le métier. « Tout est nouveau pour nous. C'est donc intéressant de le partager. » Passés par les métiers du marketing et de la psychologie, ils ont un lien fort avec l'extérieur de la filière, très peu de leurs amis étant du métier. « Cela nous aide à communiquer en restant à la portée de tous et à ne pas noyer les gens avec des informations trop techniques. »
Poétique Saint-Préfert
Avant d'être vigneronne, Isabel Ferrando, propriétaire du domaine Saint-Préfert, à Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse), a fait carrière dans la banque et le marketing. « Un milieu qui impose de savoir se mettre à la place de son client. » Ce qu'elle fait toujours, maintenant qu'elle élabore et vend son vin. Elle en est convaincue, quand ils surfent sur son site internet, les gens veulent du rêve, être transportés sur ses terres…
C'est pourquoi elle a teinté son site de beaucoup de poésie. Ici, sur cliché noir et blanc, on découvre les fameux galets roulés de Châteauneuf. Là, on aperçoit la vigneronne travaillant dans ses vignes. Plus loin, une petite fée nous guide parmi la gamme des vins. « Le site web est un axe de communication important. Il a vocation à parler du domaine, des vins, de ma personnalité et à inviter les gens à nous contacter. » Et ça paie : elle passe tous les jours une heure à éplucher les mails qu'elle reçoit via le site.
www.st-prefert.fr, créé avec Vertige design.
Blog engagé Château Lestignac
Au départ, pour Mathias Marquet, qui gère depuis 2008 le château Lestignac avec son épouse Camille, le blog a été un moyen de garder un lien avec sa famille et ses amis.
« Je voulais leur raconter notre installation, alors que nous n'y connaissions rien. » Petit à petit, en plus des articles sur les travaux de taille ou la vinification, il ajoute des billets d'humeur, exprime ses opinions. Mathias refond alors son blog, en l'organisant mieux et en l'agrémentant de photos. « Mon expérience en marketing m'aide pour la présentation et le graphisme. Mais pour la mise en œuvre technique, j'ai appris sur le tas. » Aujourd'hui, le château a aussi un site internet ainsi que des comptes Facebook et Twitter. « Mais beaucoup nous découvrent par le blog. »
chateaulestignac.jux.com
Des étiquettes ciblées… Originalité et élégance
Ivo Ferreira, installé à Montpeyroux (Hérault) depuis 2009, voulait des étiquettes sobres et élégantes. Des étiquettes qui puissent plaire à la clientèle qu'il a côtoyée dans son ancienne vie de sommelier dans de grands restaurants parisiens. Un jour, une amie artiste lui offre une peinture représentant des balançoires. Or, son domaine s'appelle l'Escarpolette, balançoire en vieux français. De plus, la peinture est en noir et blanc, ce qu'il trouve très élégant. Il décide d'utiliser cette illustration et une série de figures abstraites pour sa gamme de vins. Celles-ci stimulent l'imagination du consommateur, qui oublie rarement les bouteilles de l'Escarpolette.
Dans l'actu Domaine Modat
« La question ne se pose même pas : pour vendre du vin haut de gamme, communiquer sur internet est indispensable », expose Philippe Modat, qui a créé avec son père le domaine Modat, dans le Roussillon, en 2007. Pour lui, la diffusion d'information est une culture professionnelle. Car s'il aide son père sur l'exploitation, il exerce aussi en tant que greffier d'un tribunal de commerce, où il réalise des documents destinés au grand public. « Cela rend la communication sur internet plus naturelle pour moi. » Le vigneron alimente ainsi un site web très esthétique, où il est possible de commander ses vins en payant en ligne, une newsletter mensuelle consacrée à l'actualité du domaine et envoyée à près d'un millier de personnes, ainsi qu'une page Facebook, qu'il enrichit de photos, vidéos et commentaires toutes les semaines.
domaine-modat.com