« J'ai mis en place une structure d'accompagnement des acquéreurs de domaines. C'est une sorte de club réservé à ceux à qui j'ai vendu une propriété. » Stéphane Paillard, gérant du Bureau viticole, à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône), aide les néovignerons à mettre le pied à l'étrier. Selon leurs besoins, il les met en contact avec un comptable, un avocat spécialisé, un œnologue, un technicien viticole ou encore un paysagiste. Le service est gratuit.
Patience avant d'investir
Son expérience l'a conduit à repérer un écueil récurrent. « Je conseille toujours aux acheteurs de ne pas investir la première année, poursuit-il. Il faut qu'ils sentent le terroir. Souvent, ils investissent moitié moins la deuxième année qu'ils l'auraient fait la première année. Influencés par les discours alarmistes de fournisseurs, ils peuvent arracher la moitié de leurs vignes alors qu'il aurait suffi de complanter. Tous les corps de métier cherchent à capter leur part sur l'investissement qui reste à faire après l'achat du domaine. Si les acheteurs le souhaitent, j'arbitre. »
Michel Veyrier, gérant de Vinea transaction, à Montpellier (Hérault), a la même vision des choses. Pas question pour lui non plus de prendre un pourcentage sur les engrais vendus, les chais restaurés, etc. « Nous offrons un service à la carte, précise-t-il. Certains ont besoin de conseils en ressources humaines, d'autres pour leur chai. Nous leur ouvrons notre carnet d'adresses. »
Les néovignerons sont-ils nombreux à y recourir ? « La plupart nous demandent de les accompagner, répond Michel Veyrier. Mais pas sur tout et pas toujours tout de suite. »
Une entraide sur les réseaux sociaux
Lui aussi conseille de ne pas investir la première année. « Je leur suggère de laisser passer un cycle. Certaines parcelles vont les étonner, d'autres les décevoir. Il faut les avoir vinifiées pour le savoir. Je préconise aussi aux vignerons de s'entourer de vrais spécialistes plutôt que de conseillers polyvalents. »
Michel Veyrier constate qu'ils sont généralement épuisés à l'issue de la première année. « C'est au bout de deux à trois ans qu'ils retrouvent la pêche, remarque-t-il. Ils entrent dans un rythme de croisière et arrivent sur des situations qu'ils ont déjà dû arbitrer. » C'est le moment de réfléchir à des investissements.
Les nouveaux viticulteurs trouvent également des appuis grâce aux réseaux sociaux. C'est le cas de Valérie Godelu, viticultrice depuis 2008 à Tauriac, en Gironde, au domaine des Trois petiotes. « C'est pour les questions viticoles que j'avais le plus besoin de conseils, explique-t-elle. Les réseaux sociaux et les blogs m'ont été très précieux pour cela. J'ai pu m'appuyer sur l'expérience des confrères. Aujourd'hui encore, j'échange avec des vignerons de toutes les régions, qu'ils soient nouveaux ou non. Une vraie entraide s'établit. Des affinités se créent et on finit par se rencontrer. »
Outsiders, un groupe détonnant
Créé en juin 2010 par Louise Hurren, attachée de presse anglaise basée à Montpellier (Hérault), Outsiders réunit douze viticulteurs du Languedoc-Roussillon qui ne sont pas originaires de la région. Ils viennent de pays étrangers et de France. « Ils ont souvent beaucoup voyagé et n'hésitent pas à sortir des sentiers battus, précise Louise Hurren.
On se réunit tous les trois mois et on décide de ce que l'on va faire ensemble en matière de marketing et de relations de presse. C'est un groupe joyeux ! » Ce mois de novembre, Outsider organise deux dégustations « un peu décalées » à Londres et à Paris. « Les dégustateurs doivent associer le vin dégusté à l'une des vingt-quatre images que nous leur proposons. Le but est de délier les langues et de démystifier le langage du vin, explique Louise Hurren. On s'échange aussi des informations. Par exemple, si l'un des vignerons a affaire à un mauvais payeur, il le signale aux autres. Ensemble, on est plus forts. »
Guide d'accueil
La FDSEA du Rhône est allée à la rencontre des nouveaux viticulteurs pour connaître leurs besoins. Il en ressort qu'ils connaissent peu les organismes et les syndicats qui gravitent autour de leur métier. Le conseil d'administration de la FDSEA a donc validé en juillet dernier la création, en 2013, du « Guide du nouveau viticulteur en Beaujolais ». Il détaillera les organismes viticoles et leurs missions, le tout pour pouvoir répondre à l'interrogation : à qui s'adresser pour demander de l'aide sur telle question ?