Viticulteur nantais, Joël Forgeau succède à Marie-Christine Tarby à la tête de Vin & société, l'association créée par la filière pour défendre le vin. Élu pour deux ans. Il répond aux questions de « La Vigne ».
LA VIGNE : Quelle est l'utilité de Vin & société ?
Joël Forgeau : Elle est simple à démontrer. Lors de la promulgation de la loi Évin en 1991, la filière était éparpillée et s'est battue de manière dispersée. Nous avons alors tout perdu. En 2008, lors des discussions sur la loi Hôpital santé patients territoires, Vin & société a porté nos amendements. Nous avons obtenu des avancées sur la communication sur le web et sauvé les dégustations. Il faut se rappeler que le ministère de la Santé voulait interdire d'offrir gratuitement des boissons alcoolisées. Ç'aurait été la fin des dégustations sur les salons ou dans les caveaux !
Quels seront vos axes de communication ?
J. F. : De deux ordres : communication interne et communication auprès des médias. Il y a un travail à faire auprès de la filière pour dire qui est Vin & société et à quoi sert l'association. Nous travaillons dans l'ombre, mais nous devons montrer nos résultats aux contributeurs.
Et la communication auprès des médias ?
J. F. : Il s'agira de s'adresser à la presse généraliste. Certains journalistes s'autocensurent par peur d'être rattrapés par la loi Évin. On veut leur expliquer que parler du vin n'est pas tabou. Nous devons rassurer.
Pas de message directement auprès du grand public ?
J. F. : Si, mais de manière ciblée. Notre rôle n'est pas de faire la promotion du vin. Nous cherchons à promouvoir la consommation raisonnable. Quand nous sommes sur notre stand à Bordeaux (Gironde), pendant la Fête du vin, que nous y parlons de consommation plaisir et y distribuons des éthylotests, c'est aussi là que nous remplissons notre mission.
Vis-à-vis des pouvoirs publics, pensez-vous que les choses évoluent ?
J. F. : Oui, très clairement. Je dois saluer le travail de Marie-Christine Tarby, à qui je succède. Le regard a changé parce qu'on a pris nos responsabilités. On ne nie pas qu'il y a de l'alcool dans le vin, on affirme que la limite de 0,5 g par litre de sang au volant est légitime. Nous avons un discours modéré. Contrairement à nos détracteurs.
Quels sont vos moyens ?
J. F. : Le budget de Vin & société est de 1,7 million d'euros par an. 80 % de cette somme vient des interprofessions AOC et non AOC, le reste des organisations professionnelles nationales (Cnaoc, UMVin, Vif, CCVF, CFVDP et Cniv). Côté personnel, nous avons trois salariés : une déléguée générale qui connaît parfaitement la filière, une personne chargée des relations institutionnelles et une personne à mi-temps chargée des études sur le vin et la santé. C'est la connaissance qui nous a manqué en 1991 et qui nous a valu tant de problèmes dans le cadre de la loi Évin.