Des molécules fongicides dans les sarments

Des chercheurs suisses ont découvert des molécules fongicides capables de freiner le développement du mildiou, de l'oïdium et de la pourriture grise dans les sarments de vignes aoûtés.

Une soixantaine de molécules « présentant divers degrés de toxicité » contre le mildiou, l'oïdium et la pourriture grise ont été détectées dans des sarments de vignes aoûtés par des scientifiques de la station de recherche suisse Agroscope Changins-Wädenswil.

« Nous avons testé l'activité de ces molécules contre les champignons responsables du mildiou, de l'oïdium ou de la pourriture grise. Certaines molécules entraînent leur mort. Une ou deux sont très efficaces contre les trois maladies, et de façon simultanée », indique Katia Gindro, biologiste et chef de groupe à l'Agroscope. Les chercheurs ont étudié des vignes d'âges variés, conduites selon différents principes (conventionnel, biologique ou biodynamique) et issues de différents cépages, dont une variété allemande résistante au mildiou. Ils n'ont constaté aucune différence dans la production de molécules fongicides selon ces critères.

Neuf châteaux prestigieux financent la recherche

L'équipe de l'Agroscope a commencé à travailler sur le sujet il y a dix-huit mois. Elle bénéficie du financement de donateurs prestigieux : les châteaux Ausone, Cheval Blanc, Haut-Brion, Lafite-Rothschild, Latour, Margaux, Mouton Rothschild, Yquem et Pétrus. « Cette recherche est entièrement financée par ces neuf châteaux bordelais. Leur participation paie nos frais de recherche et un post-doctorant », détaille Katia Gindro.

La biologiste espère mettre au point de nouveaux fongicides à base « d'extraits enrichis » de sarments d'ici cinq ans. « Certaines molécules ne sont pas stables à la lumière, d'autres s'oxydent. Tout un travail de formulation est nécessaire », précise Katia Gindro. Tribo Technologies, une entreprise française, finance le dépôt d'un brevet avec l'université de Genève, l'Agroscope et les neuf crus classés bordelais.