Retour

imprimer l'article Imprimer

éditorial

Mouvement

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de La Vigne - La vigne - n°250 - février 2013 - page 5

Nous vivons les derniers moments d'un principe erroné qui a longtemps corseté la viticulture française. Selon ce principe malthusien, il ne fallait pas planter de vignes, parce qu'il y avait trop de vin. Apparemment, en pareil cas, cela semble être le bon sens. En effet, pourquoi s'encombrer quand on a des excédents sur les bras ?

On a donc interdit à de nouveaux arrivants de créer de toutes pièces leur vignoble. Sauf que l'on n'avait pas ausculté le problème en détail. Il y avait assurément trop de vins pour notre marché national en chute, trop de vins invendables parce que vinifiés sans tenir compte des goûts des consommateurs ou mal marketés. Il n'empêche, il y avait des marchés à prendre. Une récente étude de FranceAgriMer nous en apporte la preuve. Cela fait quarante ans que les importations progressent avec une grande régularité au Royaume-Uni et, de manière plus chaotique, en Allemagne et aux États-Unis. Depuis dix ans, la Chine et le Canada leur ont emboîté le pas. Le Japon également, à un rythme moins soutenu. Dans ces pays, l'attrait pour le vin ne cesse de grandir. Qui en profite ? Le Nouveau Monde et l'Italie.

Pendant cette longue période, les volumes exportés par la France sont restés stables, alors que les échanges mondiaux n'ont cessé de croître. Certes, la France a progressé par la valorisation de ses vins, critère qui la place bien au-dessus de la mêlée. Mais l'heure tourne. De nouveaux entrepreneurs se lèvent à l'Est. Le salon allemand ProWein annonce qu'en mars prochain, pour la première fois, il accueillera un pavillon chinois pourvu de sept exposants. Eux n'imaginent pas un instant que le marché est encombré ou alors ils sont sûrs d'y faire leur place malgré tout.

Face à ces ambitieux, il est temps de changer d'état d'esprit pour accepter l'installation de nouveaux arrivants ou de nouveaux projets dans nos vignobles. Sinon, ils iront chercher fortune ailleurs. Et la France continuera de faire du surplace. Du surplace ? Non. Dans un monde qui avance, rester immobile, c'est reculer, comme la surface de notre vignoble.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :