À l'origine utilisé pour lutter contre la flavescence dorée, le traitement des plants à l'eau chaude est étudié contre les maladies du bois. Ce procédé consiste à tremper les plants dans une eau à 50 °C pendant 45 minutes dans le but de détruire, en pépinière, les champignons de l'esca.
La chambre d'agriculture de la Gironde réalise des expérimentations sur le sujet avec des pépiniéristes. « Nous menons une première étude sur quelques parcelles entières en Gironde, dans le Gard, l'Aude, la Saône-et-Loire et l'Yonne. Les vignerons y ont planté soit des plants traités à l'eau chaude, soit des plants non traités, explique Laurent Bernos, directeur du service Vigne et vin de la chambre d'agriculture. Pour l'instant, nous ne notons aucune différence significative malgré une légère prépondérance des symptômes d'esca-BDA sur les parcelles plantées avec des plants non traités. »
Peu de parcelles étudiées
Une seconde série de parcelles, elles aussi plantées pour partie avec des plants traités à l'eau chaude et avec des plants sans traitement, fait également l'objet d'un suivi. « Les résultats montrent là aussi des niveaux d'expression de maladies du bois très faibles et des différences peu marquées entre les modalités », indique Laurent Bernos. Le faible nombre de parcelles étudié ne permet toutefois pas d'extrapoler ces résultats qu'il faut interpréter comme une tendance et non comme une preuve statistique.
« Je suis assez sceptique quant à l'efficacité du traitement à l'eau chaude sur les maladies du bois. Il aurait plutôt l'effet contraire. On se demande aujourd'hui si le trempage dans l'eau chaude ne contaminerait pas des plants sains au départ», confie Jean-Pierre Bouillac, vigneron et pépiniériste à Reignac (Gironde).
Il poursuit: «La température détruit certains champignons, mais pas tous. On observe d'ailleurs des maladies du bois sur des vignes mères traitées à l'eau chaude et plantées il y a dix ans. On peut même penser que cette technique entraînerait un affaiblissement du plant: elle supprime des champignons qui auraient été en concurrence avec ceux des maladies du bois et auraient pu freiner leur développement. »
Le Point de vue de
Pascal Cailleau, domaine Sauveroy, à Saint-Lambert-du-Lattay (Maine-et-Loire), 28 ha de cabernet franc, cabernet sauvignon et chenin
« Je ne vois aucune différence »
« Mes vignes sont très touchées par l'esca. J'ai un taux de mortalité de 4 à 8 % par an. Je plante depuis vingt ans des plants traités à l'eau chaude pour lutter contre la flavescence dorée. Mais en ce qui concerne une éventuelle conséquence sur les maladies du bois, je ne vois aucune différence avec les vignes dont les plants n'ont pas été traités. Mes voisins ont planté une parcelle de plants non traités à l'eau chaude, exactement en même temps que moi, il y a une quinzaine d'années. Nos deux parcelles sont aussi touchées l'une que l'autre. »