Les dix crus beaujolais affichent une récolte 2012 moyenne de 32 hl/ha, soit au global 200 000 hl et seulement 100 000 hl de disponible pour le négoce, contre 200 000 d'habitude. Aussi, les cours chauffent-ils en ce début de campagne. Ils franchissent rapidement les 300 €/hl. Les premiers hectolitres de fleurie se sont échangés à 312 €/hl alors que le brouilly, qui bénéficie du démarrage le plus important en volume (plus de 10 000 hl) grâce à ses marchés parisiens et à la grande distribution, se situe à 300 €/hl. Enfin, le saint-amour plafonne à 380 euros (5 100 hl), aidé en cela par le marché de la Saint -Valentin, date décisive pour ce cru.
En moyenne, les hausses se situent entre 25 à 30 % par rapport à 2011. « Ces chiffres sont logiques étant donné la toute petite récolte », indique Gilles Paris, le président de l'ODG des crus. Il ajoute : « Le 2011 était sous-évalué. Les prix [actuels] sont ceux que nous devrions toujours pratiquer. Mais il serait bon que la vente directe augmente aussi ses prix… »
« Le négoce n'a pas l'intention d'accepter de payer 300 euros l'hectolitre pour tous les crus, avertit le courtier Olivier Richard. Il fait traîner et attend que la production revoie ses prétentions à la baisse. »
Une chose est sûre, les stocks de 2011 alimentent le marché à des prix plus bas que ceux du 2012. « Le marché a démarré plus tard que d'habitude, confirme Jérôme Donzel, technicien de la cave de Fleurie, qui analyse : le cours du brouilly sert souvent d'étalonnage pour les autres. Les acheteurs ne veulent pas mettre plus pour le morgon, par exemple… »
Le jeu du chat et de la souris se poursuit, avec, en toile de fond, la perspective de 2013. « Si la sortie de bourgeons laisse entrevoir une belle récolte en volume, le risque est que le négoce zappe le cru 2012 », s'inquiète Jérôme Donzel.