Ce mois de mars a été particulièrement agité et plus froid que la normale. Pour bon nombre de viticulteurs et de météorologues, il restera dans les annales.
Les Audois ont subi de fortes précipitations, avec un épisode très intense les 5 et 6 mars où il est tombé plus de 130 mm de pluies. L'Orbieu est même sortie de son lit, provoquant des inondations dans l'est du département. Des vignes ont été entièrement submergées et des plantiers arrachés. Pendant plusieurs jours, les viticulteurs n'ont pas pu y accéder.
« Les surfaces concernées semblent importantes, rapporte Emmanuel Rouchaud, de la chambre d'agriculture. Les viticulteurs découvrent les dégâts au fur et à mesure. Un recensement est en cours. Le 15 mars, une commission d'enquête s'est déplacée afin d'ouvrir un dossier de calamité agricole. »
Accessibilité réduite
Il y a beaucoup de nettoyage à faire pour remettre les vignes sinistrées en état. Une tâche dont les viticulteurs se seraient bien passés, car ils sont déjà très en retard pour tailler et attacher les vignes à cause des sols gorgés d'eau. « Même à pied, il est difficile de se déplacer dans les parcelles », déplore Emmanuel Rouchaud.
Le même épisode pluvieux a frappé les Pyrénées-Orientales. Dans ce département, c'est l'Agly qui a débordé. Une digue s'est rompue et une vague de 40 à 50 cm a envahi le chai du mas Delmas, à Salses-le-Château, peut-on lire sur le blog du domaine.
Dans le Gard, les précipitations ont aussi été importantes mais elles n'ont provoqué ni inondation ni érosion. Il n'empêche, « l'accessibilité aux parcelles est réduite, ce qui pose problème pour l'entretien des sols », indique Jacques Oustric à la chambre d'agriculture.
Même chose dans la plupart des autres vignobles. Dans le Var, des viticulteurs n'ont pas pu épandre leurs engrais, d'autres n'ont pas pu désherber ou travailler les sols. C'est tout le premier trimestre qui est marqué par un excédent de pluies. « Elles ont été fréquentes et abondantes », précise Claire Bontemps, de la chambre d'agriculture. Dans ce département, une seule station météo enregistre une pluviométrie déficitaire. De janvier à mars, les autres ont reçu de 46 % (à Aunas) à 120 % (Lorgues) de précipitations de plus que la normale. Dans le Bordelais, les viticulteurs peinent à rentrer dans les terres pour réparer le palissage. Ils ne peuvent pas préparer les sols pour les plantations. Dans le Centre, le broyage des sarments est retardé, mais comme le débourrement s'annonce tardif, ce n'est pas spécialement problématique.
En Alsace, les plantations sont un peu ralenties. Mais la taille et le liage sont terminés. Du fait de la pluie et de la neige, les conditions étaient idéales pour lier le riesling en arcure. En effet, ce cépage casse lorsqu'on l'arque par temps sec. Ce n'est pas le cas cette année, loin s'en faut !