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DOSSIER - À la reconquête de la biodiversité

« Beaucoup de papillons et d'abeilles »

La vigne - n°253 - mai 2013 - page 27

À l'automne 2011, José Sanchez, vigneron à Cumières (Marne), a implanté des bandes fleuries dans une parcelle de pinot noir ainsi qu'une haie. Elles attirent des abeilles et des papillons et séduisent des importateurs.
José Sanchez a semé un mélange de graminées et de fleurs sauvages, parmi lesquelles se trouvent des coquelicots, des bleuets et des marguerites en octobre 2011.

José Sanchez a semé un mélange de graminées et de fleurs sauvages, parmi lesquelles se trouvent des coquelicots, des bleuets et des marguerites en octobre 2011.

José Sanchez, vigneron en Champagne, travaille sur un peu plus de 5 ha de vignes réparties sur les communes de Cumières, Damery et Oger, dans la Marne. Depuis plusieurs années, il met tout en oeuvre pour préserver l'environnement et réduire le recours aux produits phytosanitaires. « J'ai commencé par faire de la viticulture raisonnée, puis de l'ultraraisonnée en réduisant les doses et en supprimant les herbicides. Cette année, je me dirige vers la certification en bio », explique-t-il.

C'est donc tout naturellement qu'il a mis en place plusieurs actions pour préserver la biodiversité sur son domaine. Ses vignes sont enherbées tous les interrangs. Il entretient la ligne des souches avec des interceps. En octobre 2011, juste après les vendanges, dans une parcelle de pinot noir qu'il venait de replanter, il a semé le mélange de graminées et de fleurs sauvages Sédamix vignoble champenois dans tous les interrangs. Sur les pourtours de cette parcelle, il a semé un autre mélange : Sédamix contours fleuris. Ces deux mélanges ont été mis au point par le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC) et le semencier Nungesser à partir d'espèces autochtones.

Dans les interrangs, le couvert s'est bien implanté. En 2012, il a fleuri tout au long de la saison et a pu atteindre 20 cm de hauteur en été. José Sanchez ne l'a tondu qu'une seule fois début août avec une tondeuse montée sur l'enjambeur.

Quelques lièvres et des perdrix dans la parcelle

« Sur ces plantes, nous avons observé beaucoup d'abeilles et de papillons. En été, nous avons même vu quelques lièvres et des perdrix courir dans la parcelle », se réjouit le viticulteur. Le couvert s'est aussi bien développé dans les tournières. « Il y a des bleuets sauvages sur lesquels les abeilles sont venues butiner alors qu'elles ont délaissé les autres espèces de bleuets », note le viticulteur qui l'a laissé monter en graine et ne l'a fauché qu'en octobre.

Le coût de ce choix ? « Le mélange fleuri est un peu plus onéreux que le pâturin classique, mais ce n'est pas un gros investissement. »

Sur la même parcelle, le long d'un talus, il a également mis en place 70 m de haies composées de dix à douze espèces d'arbustes différentes. « Ce sont des essences locales qui n'attirent pas les ravageurs de la vigne et qui sont susceptibles de favoriser des insectes auxiliaires. Elles attireront aussi les oiseaux lorsque la haie sera plus épaisse », espère le Champenois. En outre, ces arbustes ne montent pas très haut et peuvent être taillés facilement. Pour les sélectionner, le viticulteur s'est basé sur les recommandations du CIVC.

Pour planter cette haie, José Sanchez a dû préparer le talus et le nettoyer pour qu'il soit bien nu. Puis il a fallu préparer le sol, faire les trous, y mettre du terreau, placer les plants, les arroser, les protéger des lapins et disposer un paillage. Pour planter les 70 arbustes, il a mis une demi-journée avec l'aide d'une autre personne. « Ce n'est pas un travail colossal. Quand on veut, on peut », assure-t-il.

« Je montre des photos lors des salons »

Côté coût, il faut compter 250 euros de fourniture. « Mais cela demande beaucoup de temps », rapporte le vigneron. Le CIVC peut participer au financement dans le cadre de projets collectifs (au moins deux viticulteurs impliqués). Il prend en charge 40 % du montant des fournitures (plants, terreau, paillage, écorces...) mais pas la main-d'oeuvre.

José Sanchez vend toute sa récolte en bouteille en direct auprès de particuliers et de comités d'entreprises sous la marque Champagne Sanchez-Le Guédard.

« Quelques clients commencent à nous questionner sur la manière dont nous travaillons nos vignes. Récemment, des importateurs travaillant avec les États-Unis et le Canada sont venus au domaine. La première chose qu'ils nous ont demandée c'est : "Êtes-vous proche du bio ? Réduisez-vous vos traitements ?" Nous leur avons donc expliqué tout le travail que nous menons et leur avons montré des photos des bandes fleuries et des haies. Cela a été positif et nous avons pu décrocher le marché. Même chose lors des salons. Je viens avec des photos. Les clients sont très intéressés par notre démarche. C'est un plus pour nous. »

L'essentiel de l'offre

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