Languedoc-Roussillon : Cinq plaintes déposées en gendarmerie
Dans les Pyrénées-Orientales, 681 plants ont été volés le 9 avril au domaine Saint Sébastien, à Banyuls-sur-Mer. Dans le département voisin de l'Aude, la gendarmerie a recensé cinq plaintes pour de tels vols depuis février.
Il ne s'agit pas de vandalisme. Les plants ne sont pas abîmés et laissés sur place, mais soigneusement arrachés et emportés, ce qui laisse penser qu'ils sont destinés à être replantés rapidement. L'an dernier, un seul vol de ce type avait été signalé. « Ce sont des vols d'opportunité, qui ne sont pas le fait de bandes organisées, contrairement aux vols de métaux », estime le capitaine Mattéi, du groupement de gendarmerie de Carcassonne.
« Cela ne peut pas être des voisins. Dans la commune, nous nous connaissons entre vignerons et nous nous entraidons », relève Pascal Leclercq, installé à Brézilhac (Aude). Le 24 avril, il avait planté 8 000 plants. Le lendemain, deux rangées manquaient. « Cela fait 200 plants. Mon pépiniériste avait encore du cinsault, j'ai pu les remplacer. Le préjudice est très modeste. Mais je me sens moins tranquille sur mon exploitation », reconnaît-il.
Chez Jean-Luc Rainaud, à Talairan, ce sont 294 plants de chenançon qui ont disparu. « Je les avais plantés fin février et je ne m'en suis rendu compte que le 8 mai », précise le vigneron. Il se demande qui a bien pu venir chercher des plants sur cette parcelle isolée, sans savoir de quel cépage il s'agissait. Pour pouvoir être indemnisé par l'assurance, il a porté plainte. « Il ne restera à ma charge que la franchise de 150 euros, plus la replantation. Ce n'est pas un gros préjudice. Ce n'est pas non plus un gros bénéfice pour les voleurs, compte-tenu des risques qu'ils prennent », estime-t-il.
Beaujolais : Une situation inédite depuis longtemps
Le Beaujolais vient de voir se produire ses premiers vols de plants. Le phénomène est inédit depuis plusieurs années. Il intervient au moment où les vignerons complantent beaucoup cette année pour remplacer les pieds victimes de la vague de froid de l'hiver 2011-2012.
L'une des premières à en avoir été victime est Sylvie Dufaître-Genin, exploitante à Odenas (Rhône) : « Après le week-end de l'Ascension, j'ai découvert que 60 greffes avaient été volées sur une parcelle de brouilly. J'étais furieuse. Cela représente une demi-journée de travail perdue, sans compter l'année supplémentaire sans récolte. Je ne replanterai pas immédiatement, je suis trop énervée. »
Après la Pentecôte, c'est au tour de Richard Rottiers, jeune vigneron installé à Romanèche-Thorins (Saône-et-Loire), de s'apercevoir qu'une de ses parcelles de moulin-à-vent avait été « visitée ». « On m'a volé 80 plants plantés trois semaines plus tôt, dans une vigne assez isolée, témoigne-t-il. J'avais planté environ 1 500 pieds en rebrochage (complanté 1 500 pieds, NDLR) dans cette parcelle. J'ai l'impression que le vol a eu lieu de nuit : seuls les pieds dotés d'un piquet, plus visibles, ont été volés. C'est un préjudice de 300 euros. Ce n'est pas grand-chose, mais il faut rajouter le temps qu'il va falloir passer à planter à nouveau. » Lui aussi devra absorber le manque à gagner d'une année supplémentaire sans récolte sur les pieds concernés. Et, comme sa consœur d'Odenas, Richard Rottiers n'a pas porté plainte. « Une perte de temps, sans réel espoir de retrouver quelque chose », considère-t-il.
Reste pour tous les deux cette désagréable impression que l'auteur des faits « est sans doute un vigneron, constate Sylvie Dufaître-Genin. Vu le nombre de plants volés, ce n'est pas un particulier ».
Vols de câbles : 300 000 euros de préjudice pour le mas Amiel
Dans les hauts cantons des Pyrénées-Orientales, les vols de câbles téléphoniques sont récurrents. Le mas Amiel en paie le prix fort. Depuis le 26 décembre 2012, cette propriété de Maury a subi neuf coupures de téléphone dues à ces vols. La dernière date du 13 mai. Ce jour-là, près de 4 km de câble ont été dérobés. Il a fallu dix jours pour remettre la ligne en service. Au total, depuis décembre dernier, le mas Amiel est resté vingt-huit jours sans téléphone, ni internet.
Toute son activité en a été gravement perturbée. « Lorsque la ligne est coupée, il n'est plus possible d'utiliser le téléphone fixe, le fax et internet. Seuls les portables fonctionnent. Or, en ce moment, je consulte deux sites internet de météo tous les jours pour les traitements », souligne Jean-Marie Piqué, le chef de culture. Les sorties de chai, la déclaration Pac, la déclaration des saisonniers… tout passe par internet. De même pour la réception des commandes, l'organisation des expéditions ou le paiement par carte bancaire au caveau.
« Nous avons évalué nos pertes entre 10 000 et 14 000 euros par jour de coupure. Multiplié par vingt-huit jours, cela fait plus de 300 000 euros ! résume-t-il. Lassé de ces vols à répétition, Olivier Decelle, le propriétaire du domaine, a indiqué au préfet être prêt à délocaliser quatre emplois à Bordeaux, où se situe le centre administratif de son groupe. La nouvelle ligne a été enterrée, en espérant que cela dissuadera les voleurs.