Rédacteur des pages « Vin » à l'hebdomadaire « Le Point », Jacques Dupont publie un pamphlet contre la loi Évin et « les excès du moralisme ambiant ». Il invite à « s'invigner » contre les hygiénistes.
Très documenté et rédigé en chapitres courts et bien enlevés, « Invignez-vous » est une belle transcription de ce que pensent la plupart des vignerons : non seulement la loi Évin est un échec pour lutter contre les abus d'alcool, mais, en plus, elle crée des situations aberrantes, comme l'impossibilité de montrer une dégustation de vin à la télévision française. Jacques Dupont appelle à la résistance.
Comment est née l'idée de ce pamphlet-manifeste ?
Jacques Dupont : Au cours de ma carrière, j'ai souvent pesté contre les hygiénistes : il y a eu la loi Évin, le logo femme enceinte… Récemment, certains ont préconisé des messages dits sanitaires sur les étiquettes de vin… Avec ce livre, je mets un coup de poing sur la table. Il faut croire que j'ai eu du flair car, en cours de rédaction, j'ai appris qu'il était question d'éventuelles nouvelles taxes sur le vin à la rentrée
Vous qualifiez la loi Évin de « pire du pire », pourquoi ?
J. D. : La loi Évin n'a pas été rédigée par des politiques mais par une sorte de lobby médical composé de médecins qui ne sont même pas sur le terrain. Au final, il lui manque une dimension humaine, notamment sur les causes de l'alcoolisme. En fait, la loi Évin est une loi bonne conscience. Cela a été l'occasion de faire du spectaculaire. On a donné dans la communication alors qu'il aurait fallu miser sur l'éducation. Mais éduquer, c'est beaucoup plus long et cela nécessite des moyens.
Est-il possible d'abroger la loi Évin ?
J. D. : cité de mobilisation du monde viticole et, plus généralement, des gens qui aiment le vin. Si demain, il y avait de nouvelles taxes pour décourager à consommer du vin, j'espère que mes concitoyens s'invigneront.
S'invigner, s'indigner, même combat ?
J. F. : Oui, c'est un appel à la résistance. Mais c'est aussi une référence à la vigne. Il faut être fier de nos racines et de notre histoire viticole. Le vin français, qui a longtemps fait l'unanimité et dont personne ne contestait la supériorité, fait figure de proscrit chez lui. C'est aberrant et ridicule.