Dans la majorité des vignobles, la sortie de grappe est correcte. Malheureusement, la fraîcheur du printemps et du mois de juin a amputé une part de ce potentiel, provoquant filage ou coulure.
C'est ce qui s'est passé à Cognac, en Charente, où beaucoup de grappes ont filé. « Dans les parcelles concernées, on trouve des rameaux où il ne reste plus rien ou alors une seule grappe, peu charpentée », regrette Magdalena Girard, de la chambre d'agriculture de Charente-Maritime.
Des grappes sont également parties en vrille dans le Muscadet. Le potentiel de récolte est plutôt moyen. « Mais les rafles sont très grandes. Les grappes seront aérées et donc moins sensibles au botrytis », tempère Nadège Brochard, de la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique.
Dans le Vaucluse, c'est la coulure qui a pris des proportions importantes. « Dans les secteurs précoces, nous avons eu une très longue période de fraîcheur avant la floraison, détaille Olivier Jacquet, de la chambre d'agriculture. Et au moment où elle a débuté, les températures sont remontées. Comme les sols étaient bien pourvus en eau, la vigne s'est rapidement développée. Les produits de la photosynthèse sont allés vers l'appareil végétatif, au détriment des grappes. Le grenache a coulé. Comme il représente 60 % de l'encépagement, cela aura un impact sur la récolte. »
En Gironde, la floraison est également difficile. « On observe des baies de merlot qui ne tiennent pas très bien, mais il est prématuré d'établir un diagnostic, d'autant qu'il risque d'y avoir aussi du millerandage », anticipe Stéphanie Florès, de l'Adar de Coutras (Gironde).
En Côte-d'Or, la floraison s'est bien déroulée pour le chardonnay, mais pas pour le pinot noir. « Au sein d'une même grappe, les stades sont hétérogènes, remarque Pierre Petitot, de la chambre d'agriculture. On trouve des baies à début nouaison et d'autres qui n'ont pas encore commencé à fleurir. Il semblerait qu'il y ait un tout début de coulure, mais il est trop tôt pour se prononcer. »
En Champagne, vignerons et techniciens ont observé des « fausses fleurs » : les capuchons floraux s'ouvrent par dessus au lieu de s'ouvrir par dessous (voir photos). Ces fleurs vont avorter. « Classiquement, cela intervient deux jours avant la floraison, rappelle Marie-Pierre Vacavant, du CIVC. Cette année, on a l'impression d'en voir plus, mais, pour l'instant, il n'y a pas d'inquiétude à avoir. »
Le Languedoc-Roussillon se distingue. Le potentiel de production s'y annonce satisfaisant. « Pour le momentt, il n'y a pas de contrainte hydrique, ni minérale, signale Emmanuel Rouchaud, de la chambre d'agriculture de l'Aude. Les vignerons ont bien maîtrisé la pression phytosanitaire. Si les cours se maintiennent, ils ont de quoi se réjouir. »