L'affaire date un peu. Mais il faut bien y revenir. Début octobre, Patrick Élineau, le directeur de l'Anpaa (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie), a tenu des propos révoltants dans une interview accordée à la revue américaine « Wine Spectator ». Il a affirmé qu'il existait des moyens d'empêcher la publicité pour le vin sur internet en prenant pour exemple la Chine qui a réussi à censurer ses dissidents. Il a ajouté : « Quand vous voyez ce qui arrive aux sites pronazis, vous voyez qu'il y a des moyens de réagir. » Disant cela, il a mis dans le même panier les sites faisant de la publicité pour le vin et ceux faisant l'apologie des pires criminels. Et il a recommandé d'agir contre eux comme le fait un pays qui s'assoit sur les droits de l'homme.
Depuis, Patrick Élineau s'est un peu amendé, expliquant qu'il voulait seulement parler des moyens techniques pour bloquer l'accès à un site contrevenant à la loi. Soit. Mais qu'il ait fait ces odieuses comparaisons en dit long sur sa vision de la publicité pour le vin. Sans doute est-ce parce qu'il la tient pour profondément pernicieuse que son association passe son temps à éplucher les journaux pour voir si les annonces qui paraissent sont conformes à la loi Évin. Elle poursuit et fait condamner toutes les publicités qui évoquent un tant soit peu la joie de vivre. Elle mène ce combat avec le soutien constant des pouvoirs publics, qui lui versent de généreuses subventions depuis des années. Dernièrement, elle a gagné contre une marque de champagne qui s'était affichée comme le fournisseur officiel de l'Académie des Césars. Interdit par la loi Évin.
Jusqu'à quand la laissera-t-on harceler l'un des secteurs les plus emblématiques de la France ? Car la viticulture a déjà assez à faire avec ses concurrents. Alors que l'État subventionne l'intraitable Anpaa, la filière doit se défendre seule ou presque face à la Chine, ce pays qui l'accuse de concurrence déloyale. En juillet, il a lancé une lourde et coûteuse enquête qui n'est pas encore terminée. A-t-on entendu le gouvernement s'en émouvoir ? Non. Pourtant, les exportations vers la Chine sont vitales pour notre secteur. On ose espérer que ce n'est pas l'état d'esprit hygiéniste défendu par l'Anpaa qui a gagné nos gouvernants au point de leur interdire de s'afficher avec la viticulture.