ImprimerChristian Bertin n'est pas près d'oublier ce lundi 23 septembre. Ce matin-là, le maire de Ligueux (180 habitants, 80 foyers dont 50 dotés d'internet) se retrouve sans internet. Une panne très gênante lorsqu'on est à la tête de Vignobles de la Liguoise, un négoce qui écoule des vins du Sud-Ouest auprès de la grande distribution. « Les commandes n'arrivaient plus. J'ai appelé Orange qui m'a assuré que c'était mon ordinateur qui ne fonctionnait pas », se souvient-il.
Dans le village voisin de Margueron, les 401 habitants (dont la moitié d'internautes) sont dans la même situation. Les deux maires doivent faire face à la grogne de leurs administrés, notamment des viticulteurs. Situé tout à l'est de la Gironde, à 80 km de Bordeaux, Margueron compte une douzaine de châteaux. Sur ses 1 300 ha, 500 sont plantés de vignes. Alice Demonchaux y possède le château Pierrail, une propriété de 75 ha qui vend 400 000 bouteilles de bordeaux supérieur à 60 % à l'export et à 40 % en CHR et aux particuliers.
Pas d'excuse de l'opérateur. Dès le premier jour de la panne, la viticultrice appelle Orange, qui vient lui changer sa box le lendemain. Peine perdue. Le problème perdure. Les commandes ne tombent plus. Deux palettes en partance pour la Russie sont bloquées sur l'exploitation. « Nous attendions une confirmation. J'ai dû aller dans une autre commune pour téléphoner en Russie et leur dire qu'on n'avait pas d'internet. Ils ne m'ont pas cru ! »
Une commande qu'un importateur allemand lui adresse par mail n'arrive jamais, un client japonais attend en vain les certificats d'analyses qu'elle ne peut pas expédier… Ce n'est qu'au bout du neuvième jour que tout reviendra dans l'ordre. « Nous n'avons pas eu d'interlocuteur. Nous ignorons les causes de cette panne. Et l'opérateur n'a fait aucun geste commercial », lâche Jean Allégret, le maire de Margueron.
