Retour

imprimer l'article Imprimer

ACTUS - RÉGIONS

Bordeaux L'assurance récolte à nu

COLETTE GOINÈRE - La vigne - n°260 - janvier 2014 - page 10

Pour inciter les vignerons à prendre une assurance récolte multirisque, les organisations professionnelles ont publié les offres de prix de quatre compagnies. Les négociations entre viticulteurs et assureurs battent leur plein.
La coulure, redoutable en 2013, faisait partie des risques à prendre en compte dans le cahier des charges soumis aux assureurs. © P. ROY

La coulure, redoutable en 2013, faisait partie des risques à prendre en compte dans le cahier des charges soumis aux assureurs. © P. ROY

Après la forte coulure et les orages de grêle en août, l'interprofession (CIVB) et la Fédération des grands vins de Bordeaux (FGVB) ont fait plancher Aviva, Axa, Groupama et Pacifica. Les deux organisations ont demandé à ces compagnies leur prix pour une assurance multirisque climatique répondant aux critères suivants : une prise en charge de tous les aléas climatiques et de leurs conséquences, comme la coulure ; une indemnisation à partir de 30 % de perte de récolte par rapport à la récolte moyenne sur cinq ans ; un capital couvert de 5 000, 7 000 ou 12 000 €/ha ; et 25 % ou 40 % de franchise.

Réponse des assureurs : pour couvrir 5 000 €/ha de capital avec 25 % de franchise, les Bordelais devront payer des primes nettes de subventions comprises entre 35 et 117 €/ha en fonction des assureurs et des risques sur leur secteur. Les primes démarrent à 35 €/ha chez Groupama pour les viticulteurs situés dans les Côtes de Bourg ou de Blaye. Elles culminent à 117 €/ha pour les secteurs les plus à risques chez Pacifica. Mais à ce prix, l'assureur indemnise ses clients dès 25 % de pertes de récolte. Autre cas, pour assurer 7 000 €/ha avec 25 % de franchise, les compagnies factureraient entre 37 et 189 €/ha.

Aller plus loin. La coopérative Univitis (2 000 ha, 200 adhérents) accueille positivement l'initiative des organisations professionnelles. « Leur démarche démystifie le coût de l'assurance, jugé trop cher par les viticulteurs. Et c'est une base pour rediscuter les contrats que nous avons déjà passés », confie Serge Labat, directeur adjoint d'Univitis.

Depuis 1990, la coopérative a négocié une assurance grêle pour ses adhérents. La moitié de ses surfaces est couverte par ces contrats. Univitis veut aller plus loin. D'abord en renégociant l'assurance grêle pour obtenir une franchise à la parcelle grêlée et non plus à l'exploitation. Ensuite en discutant d'une assurance multirisque récolte avec une franchise s'appliquant par appellation, et non par exploitation. Elle a soumis son cahier des charges à son assureur et à d'autres compagnies.

Florence Cardoso, du château Haut Beynat (13,5 ha, en AOC Côtes de Castillon), qui produit en moyenne 625 hl, ne peut compter que sur une récolte de 125 hl en 2013. La coulure et la grêle sont passées par là. Elle qui n'avait jamais pris d'assurance grêle ou récolte s'est résolue à demander un devis à Aviva. « Nous allons nous assurer pour bénéficier d'une aide de trésorerie de la part du département de la Gironde », explique la viticultrice.

Autre chemin. La compagnie lui a fait deux propositions pour un capital assuré de 7 203 €/ha, soit 97 241 euros pour l'exploitation. La première distingue la grêle des autres catastrophes climatiques. « Elle prévoit, pour la grêle seule, une franchise à la parcelle et sans l'exigence d'une déclaration de récolte », commente Philippe Thybaud, agent d'assurance chez Aviva, à Libourne (Gironde). La seconde offre couvre tous les risques, selon les mêmes conditions (franchise absolue en capitaux de 15 %).

À Pineuilh, Michel Baucé, à la tête du château Pré de la Lande (14 ha, AOC Saint Foy Bordeaux), prend un tout autre chemin. À cause de la coulure, il n'a récolté que 100 hl en 2013, contre 400 hl en moyenne. Contraint à faire des économies, il va résilier son assurance grêle. Pour un capital assuré de 32 000 euros et une franchise de 30 %, il a payé 876 euros en 2013. « Notre propriété est exsangue. Je ne peux plus payer d'assurance », s'épanche-t-il.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :