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ACTUS - FRANCE

Boris Pétric, anthropologue au CNRS « La Chine, premier vignoble dans 5 ans »

PROPOS RECUEILLIS PAR BERTRAND COLLARD - La vigne - n°260 - janvier 2014 - page 16

Ce chercheur en sciences sociales travaille depuis 2011 sur les relations viticoles entre la France et la Chine, dont il constate l'essor fulgurant.
 © J-C DARS/CNRS

© J-C DARS/CNRS

Quelle est la stratégie viticole de la Chine ?

Boris Pétric : C'est une stratégie très claire de développement. La Chine veut implanter des vignobles dans des régions pauvres qui ont du mal à décoller et dans des régions désertiques, où la vigne empêche aux tempêtes de sable de s'abattre sur les villes. Il s'agit également de lutter contre l'alcoolisme, qui est une catastrophe en Chine, où l'on consomme un alcool fort à base de riz. Les grands groupes chinois, comme le géant Cofco avec sa marque Great Wall, possèdent des vignobles de plusieurs milliers d'hectares. Ils sont implantés dans les principales régions productrices de vin, comme les alentours de Pékin, les provinces du Hebei et du Shandong ainsi que le Ningxia et le Xinjiang. Parallèlement, ils achètent des vignobles à l'étranger. Les Chinois développent une stratégie globale. Ils vont ainsi être un acteur clé de l'économie viticole mondiale.

Vous dites que la Chine va devenir le premier vignoble au monde d'ici cinq ans. Pourquoi ?

B. P. : La Chine est devenue en quelques années le cinquième producteur de vins au monde d'après les chiffres de l'Organisation internationale de la vigne et du vin, qui estime le vignoble chinois à presque 600 000 ha. Je viens de réaliser une enquête de terrain de deux mois dans les principales régions viticoles là-bas. Compte tenu du nombre de projets en cours de réalisation, on peut raisonnablement penser que la Chine sera le premier vignoble au monde en superficie et en volume d'ici cinq ans.

Le vin chinois sera-t-il de bonne qualité ?

B. P. : C'est difficile à dire. La Chine est en phase d'expérimentation. Les grands groupes français comme LVMH ou Pernod Ricard investissent par le biais des joint-ventures pour produire du vin destiné au marché chinois. Des petites exploitations voient le jour pour produire du vin de qualité.

Qui sont les Chinois qui investissent en France ?

B. P. : Il y a des groupes liés au gouvernement qui cherchent à acquérir des marques. On estime qu'ils ont acheté entre 50 et 70 domaines à Bordeaux, alors que le vignoble compte à peu près 7 000 domaines. Il y a aussi les nouveaux milliardaires. Ils cherchent également à obtenir des marques pour vendre sur le marché chinois, et probablement à sortir une partie de leurs capitaux de Chine pour les protéger

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