PROVITIS apporte en ce moment quelques modifications au modèle VSE 430. Elles ont pour but d'adapter la machine à la diversité des modes de taille et de palissage des vignes. Avantages : système simple et adapté aux palissages existants, prix « raisonnable » (27 000 euros avec le mât et les commandes électriques). Inconvénients : équipement long, manoeuvres difficiles en bout de rang, qualité de travail moyenne (améliorations en cours). PHOTOS M. CAILLON
LA VITECO d'Ero dispose maintenant de deux rouleaux ameneurs qui canalisent l'entrée des sarments dans la tête de broyage. Avantages : broyeur intégré, tirage efficace, broyage de qualité. Inconvénients : système sophistiqué, adaptation du palissage obligatoire (piquets métalliques de préférence, fils amovibles, ressorts compensateurs...), tirage manuel jusqu'au deuxième piquet, prix élevé (40 000 euros avec la centrale hydraulique).
Provitis : Une machine perfectible
La nouvelle machine à tirer les bois VSE 430 de Provitis sort-elle un an trop tôt ? Ceux qui ont assisté à ses premières prestations cet hiver le pensent. « C'est un concept intéressant, mais je suis un peu déçu. Il reste beaucoup de bois après le passage de la machine. Il y a encore des choses à améliorer. Ce sera une bonne machine dans un an ou deux », confiait Cyril Jourdan, le 13 février dernier.
Ce viticulteur, propriétaire du château La Carelle, à Saint-Paul (Gironde), accueille ce matin-là sur ses vignes du Blayais l'une des premières démonstrations de l'appareil. « Ce n'est pas encore le modèle définitif », prévient Didier Andelfinger, gérant de Provitis. Dommage. Une vingtaine de viticulteurs a fait le déplacement.
Inspirée d'un prototype prometteur vu l'an passé (voir « La Vigne » n°251 de mars 2013, page 45, et le n°252 d'avril 2013, page 50), la VSE 430 présente un profil moins artisanal mais presque identique à son modèle. Elle tire toujours les bois sur le côté. Pour cela, un disque ameneur les oriente vers une chaîne métallique munie de crochets qui les attrape et les attire entre deux paires de roues tournant en sens inverse. Finalement, ces dernières happent les bois et les tirent hors du palissage. Guidés par un déflecteur, les sarments tombent alors au milieu du rang avant d'être déchiquetés par le broyeur attelé derrière le tracteur.
Le modèle VSE 430 intègre plusieurs nouveautés par rapport au prototype vu l'an dernier. Les crochets qui tirent les bois sont un peu plus larges, hauts et plats. Les deux paires de roues ne frottent plus l'une contre l'autre. Elles sont entraînées par un moteur hydraulique propre. Le retrait du disque ameneur au passage des piquets, jusque-là commandé par le chauffeur, s'effectue automatiquement. Un rouleau à spirales, plein, fixé à la verticale devant les roues, maintient le fil supérieur de palissage à distance de celles-ci. Deux poulies, fixées au châssis à l'avant du mât, reçoivent les fils releveurs et les écartent à mesure que la machine avance.
La démonstration débute sous la pluie sur un sol gorgé d'eau. Nous sommes dans une parcelle de merlot plantée à deux mètres, palissée sur des piquets en bois. La vigne est taillée en guyot double à cinq yeux. Tous les bois sont en place sur le palissage.
Le chauffeur ouvre la roue crantée, passe le piquet de tête, la referme puis s'arrête. Florent Renaut, responsable commercial chez Provitis, glisse les fils releveurs dans les guide-fils. Le chauffeur met la machine en route puis démarre. Sur un sol mou, il avance lentement, autour de 3,5 km/h. Il doit déclencher lui-même l'ouverture de la roue au passage des piquets pour ne pas les coucher.
Dans ces conditions très particulières, la VSE ne se montre guère à son avantage. Elle laisse beaucoup de sarments près des piquets. Mais pas seulement. De nombreux bois échappent à l'emprise des roues, restent sur le fil ou tombent à terre sous le rang. À l'évidence, les roues, humides, ont du mal à happer les sarments. « C'est mieux quand les pneus sont chauds », assure Jean-Yves Dézé, le concepteur du prototype. Les crochets, moins courbes que sur le modèle initial, paraissent aussi moins efficaces. Point positif, ils n'attrapent aucune latte. Pour éviter tout risque que cela se produise, Provitis prévoit encore de déplacer le pignon d'entraînement de la chaîne et d'allonger cette dernière de 4 cm.
Autre responsable de ce résultat décevant : le déflecteur métallique qui guide l'entrée des bois dans la machine. Cette longue pièce en V, fixée sous les roues à la parallèle du rang, guide et facilite le basculement des sarments dans la machine. Elle ne remplit pas toujours bien son rôle. « Il sera bientôt réglable latéralement pour s'adapter à la longueur des astes, rassure Didier Andelfinger. Le guide-fil, en option, sera aussi plus pratique. Le chauffeur pourra saisir les fils releveurs depuis la cabine. » En attendant ces mises au point, les premiers acheteurs de la VSE 430, qui devaient être livrés cette saison, tireront cette année encore leurs bois à la main.
On retrouve la machine Provitis un peu plus tard dans l'après-midi, à une quarantaine de kilomètres, au lycée viticole de Libourne-Montagne. L'établissement organise lui aussi une démonstration, en partenariat avec la FD Cuma de Gironde. Dans des conditions presque similaires et devant trois cents visiteurs, la VSE réalise encore une prestation très moyenne.
Ero : Deux améliorations bienvenues
La machine à tirer les bois de Ero, présente lors cette même démonstration, fait nettement mieux. La Viteco nous fait bien meilleure impression que l'an dernier (voir « La Vigne » n°252 d'avril 2013). Rappelons qu'avec cette machine, tous les fils passent dans la tête de broyage qui évolue bien au-dessus du palissage : les fils fixes (le porteur, l'intermédiaire et le supérieur) et le fil releveur situé du côté du passage du tracteur. Ces fils entraînent avec eux tous les bois taillés et la machine peut les broyer.
Différence par rapport à l'an passé, elle opère dans une vigne palissée sur des piquets métalliques dotés de linguets. Les fils, en inox, sont donc tous amovibles, une condition sine qua non pour tirer les bois avec cette machine. « Pour prévenir la casse des fils, nous les avons équipés de ressorts compensateurs avant la démonstration, précise Thomas Junck, commercial chez Ero. Avec des fils en acier, c'est aussi recommandé. »
Le constructeur allemand a également apporté deux améliorations à sa machine. À l'avant de la tête, la vis sans fin, qui amenait - mal - les sarments, laisse place à deux rouleaux pourvus de grosses languettes en caoutchouc qui canalisent beaucoup mieux les bois. Cette nouvelle configuration implique la présence d'un opérateur qui insère les fils manuellement dans la tête de broyage au début de chaque rang et qui les dégage à la fin.
Exit également la gorge trop étroite (2 cm) maintenant les fils dans l'axe du broyeur. Ces derniers passent désormais dans une poulie presque deux fois plus large qui réduit le risque d'accrochage et de casse des fils raboutés. Petit inconvénient, la largeur de la poulie permet de temps à autre à un sarment parallèle aux fils d'échapper aux couteaux du broyeur.
Mais au final, la Viteco s'en sort plutôt bien. À 3,5 km/h en conditions humides, les fils sortent de leurs linguets sans heurts et entrent dans la gueule du broyeur au fur et à mesure de l'avancée de la machine qui, elle, broie efficacement et proprement les bois.