Il y avait du monde dans les parcelles de Claude Mesnard, ce 19 juin. Les techniciens de la chambre régionale d'agriculture et de l'Association technique viticole 49 organisaient une journée dans ses vignes pour montrer les itinéraires permettant de « produire en bio des raisins de qualité en quantité ». Ces organismes ont choisi ce viticulteur car il produit régulièrement 10 à 15 % de plus que la moyenne des viticulteurs bios du Maine-et-Loire.
À la tête de la SCEA Huez-Mesnard, Claude exploite, depuis 1996, 19 hectares à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) sur un sol argilo-limoneux-calcaire - deux tiers en cabernet franc et un tiers en chenin - menés en bio depuis 2008. Apporteur à 100 % à la coopérative des vignerons de Saumur, il livre les appellations Saumur rouge et blanc ainsi que du crémant de Loire.
Les viticulteurs présents ont écouté avec intérêt les détails de ses choix techniques et ausculté ses vignes, certains comptant discrètement le nombre de grappes par souche.
Claude Mesnard produit environ 50 hl/ha dans les années moyennes, quand les conventionnels en font à peine plus. « Dans les millésimes plus compliqués comme 2012, j'ai perdu 5 hl en rouge et 10 hl en blanc. À l'inverse, en 2011, j'ai atteint 57 hl/ha en cabernet franc », précise-t-il. Soit le plein de l'appellation Saumur rouge.
Travail de l'herbe. Des résultats qui passent par un travail et un suivi des vignes méticuleux. Et tout particulièrement, une bonne gestion de l'herbe. « Tous les interrangs sont enherbés sur un tiers de la surface. Il y a une dizaine d'années, j'ai implanté l'herbe. Maintenant, je laisse faire. Je préfère avoir un enherbement plus naturel », indique le producteur.
Pour l'entretien des sols, Claude Mesnard débute par un premier passage dès qu'ils sont ressuyés, « dans le meilleur des cas, en février, mais parfois, il faut attendre avril ». Traditionnellement, il travaillait avec des lames. Cette année, il a essayé un disque crénelé Braun pour son premier passage. L'outil passe très près du cep sans l'abîmer, tout en roulant à une vitesse de 7-8 km/h. « Ça évite que le ray-grass s'implante. C'est une espèce difficile à enlever par la suite, mais ça butte un peu. J'ai donc ajouté un petit versoir sur les lames que je passe après le disque. Cet accessoire remet la terre à plat. Je repasserai le disque à l'automne pour avoir des cavaillons propres à l'entrée de l'hiver. »
Pour limiter ses coûts de production, il tond l'interrang en même temps qu'il passe les lames, soit quatre à cinq fois par an. Mais il envisage de supprimer la tondeuse au profit d'un Rolofaca, pour protéger la faune auxi-liaire. Côté traitement, il compte sept à dix passages de cuivre et quatre à sept de soufre, selon les années. « En tout, j'utilise entre 3 et 4 kg/ha/an en cuivre. Je reçois régulièrement trois bulletins d'alerte, en provenance de la chambre, de la cave coopérative et du groupement bio. Ensuite, je fais mes choix. Je n'ai plus de problème d'oïdium. Je n'ai pas trop de souci de mildiou, à condition de ne pas louper les premiers traitements. Je traite avec un porteur, donc je peux entrer dans les vignes facilement. »
1 500 nouveaux pieds par an. Enfin, Claude Mesnard procède à un remplacement annuel de tous les pieds morts. « J'en replante environ 1 500 par an avec l'aide d'un saisonnier. J'ai un vignoble en pleine production, car j'ai beaucoup planté ces dernières années. Les deux tiers de mes vignes ont moins de quinze ans. »
À la coop de Saumur, ils ne sont que quatre - sur 150 - à mener leur vignoble en bio. La coopérative en tire une cuvée spéciale, baptisée Coquelicot. « Elle valorise notre travail en nous versant une prime à l'hectare. Et on reçoit un rattrapage par rapport aux rendements en conventionnel », signale le vigneron saumurois.
Le Point de vue de
« Claude Mesnard ne laisse rien au hasard. Il fait ce qu'il faut, quand il faut, avec un bon sens paysan. Il travaille ses vignes sans relâche pour bien maîtriser les choses. L'herbe est parfaitement gérée pour limiter la concurrence. Quand il passe avec le matériel, il n'hésite pas à descendre du tracteur et à jouer de la pioche s'il voit des herbes qui risquent de s'enraciner. En particulier dans les plantations. On ne trouve pas de liseron, ni de chiendent chez lui. Pour atteindre ses rendements, il est un peu aidé par la nature. Ses vignes sont sur des sols profonds, plutôt sableux. Il travaille le sol, et il apporte de la matière organique sous forme de fumier de ferme. Sans oublier une attention pointue aux traitements. Il en ferait plutôt un de plus que nécessaire. Résultats, ses rendements sont supérieurs - sur des terres équivalentes - d'environ 10 à 15 % par rapport à la moyenne des autres producteurs en bio. »