La hache de guerre est enterrée. En mai, Michel Chapoutier, le nouveau président d'UMvin, le syndicat du négoce, pestait contre les ODG (organisme de défense et de gestion) leur reprochant de décider des contingents de plantations nouvelles et des rendements sans consulter le négoce. Il exigeait que ces décisions soient confiées aux interprofessions. Il n'a pas obtenu gain de cause. Mais il a fait avancer ses idées.
À l'avenir, les ODG proposeront toujours les contingents de plantations nouvelles à l'Inao qui tranchera, mais ils devront solliciter l'avis de leur interprofession. Celle-ci se prononcera au regard de critères économiques qui restent à définir. « Les interprofessions rendront un avis dûment motivé sur chaque demande d'ODG, qui sera transmis aux Crinao et au comité national de l'Inao pour décision », lit-on dans le plan stratégique de la filière vitivinicole adopté par le conseil des vins de FranceAgriMer en juillet dernier.
C'est le résultat d'un compromis trouvé entre l'UMvin et la Cnaoc. « C'est une bonne chose, commente Bernard Farges, président de la Cnaoc. Cela obligera les uns et les autres à discuter au sein de leur interprofession de leurs perspectives économiques. »
Une volonté commune
L'UMvin et la Cnaoc ont également convenu que les interprofessions devront donner leur avis sur les rendements annuels dans les AOC. Ce second volet de leur accord est moins formel que le premier, sur les plantations. Il n'a pas reçu l'aval du conseil des vins de FranceAgriMer. Pour l'instant, il s'agit donc plutôt d'afficher une volonté commune que de fixer des règles de prise de décision devant s'appliquer à tous.
Seules quelques régions procèdent déjà ainsi : la Champagne, Cognac et Bordeaux.
Ce dernier vignoble surveille particulièrement le ratio des stocks à la propriété au 31 juillet sur les sorties de chai. « Pour l'appellation Bordeaux, par exemple, nous savons que le bon niveau se situe autour de dix mois, explique Bernard Farges, également président de l'interprofession des vins de Bordeaux (CIVB). En dessous de neuf mois, le marché est sous tension. Au-delà de treize mois, les stocks pèsent sur les cours. » Le rendement annuel doit permettre de rester dans la bonne fourchette.
Ailleurs, les ODG informent ou consultent le négoce mais ne se basent pas sur des indicateurs précis. Jean-Marie Barillère, le nouveau président du Cniv, compte bien faire avancer les choses. « Je vais rencontrer mes collègues dans les régions pour leur expliquer les bienfaits d'une gestion associant tous les acteurs d'une région », annonce-t-il. En mars prochain, à l'issue de son tour de France, le Cniv compte faire des recommandations quant aux critères économiques pertinents pour décider des autorisations de plantation et des rendements commercialisables.
Des points à régler
Avec le système d'autorisation de plantation qui entrera en application à partir de 2016, les organisations professionnelles devront d'abord faire connaître le contingent qu'elles demandent pour leur segment. Si la somme de ces demandes excède 1 % de la superficie plantée au niveau national, il faudra en réduire certaines pour rester dans la limite imposée. Qui aura ce pouvoir ? Probablement le conseil des vins de FranceAgriMer, mais rien n'est encore décidé. Par ailleurs, s'il est clair que les demandes de contingent pour les AOC et les IGP seront portées par les ODG, les discussions sont encore en cours pour savoir qui fera de même pour les vins sans IG. Le négoce milite pour que ce soit l'Anivin. La Cnaoc estime que la décision doit être prise dans les régions. La question doit être tranchée. Dans le nouveau système, ce n'est qu'une fois les contingents attribués que les viticulteurs pourront déposer leur dossier. Avec le nouveau système, ils connaîtront donc à l'avance le contingent attribué pour leur production.