ImprimerOn se rue sur elles dans les salons. On les trouve épatantes en démonstration. Mais qu'en est-il au travail quand il ne s'agit plus simplement de vendanger quatre rangs sans incident ? C'est ce qu'a voulu savoir La Vigne en essayant - et c'est une première -quatre machines, parmi les plus récentes et les mieux équipées du marché.
Notre périple a débuté le 5 septembre en Languedoc-Roussillon au volant d'une New Holland 9060 L équipée du système de tri Optigrape. Quatre jours plus tard, dans la même région, nous avons pris les commandes d'une machine Pellenc Optimum dotée de l'égreneur-trieur Selectiv Process 2. Puis, nous nous sommes rendus en Allemagne pour piloter une Grapeliner 6200, le modèle haut de gamme d'Ero, avec égrappoir et table de tri embarqués. Enfin, une semaine plus tard, dans le Muscadet, ce fut le tour du dernier modèle pour vignes étroites de Grégoire, G4.220, sans égreneur.
Nous avons vendangé pendant une journée complète avec chaque machine, d'abord à côté du chauffeur qui nous a aidés à nous familiariser avec les commandes. Le temps d'observer le fonctionnement de la tête de récolte et d'apprécier la qualité de la vendange. Puis, au travail ! Manche en main, en alternance avec le chauffeur, nous avons effectivement conduit les engins pendant un peu plus de deux heures, en vendanges et sur la route. Nous avons aussi assisté au lavage de la machine (sauf pour la Grégoire) en fin de journée.
Un entrepreneur et trois viticulteurs, également prestataires de services, plus soucieux du travail bien fait que motivés par la vitesse, nous ont reçus. Autrement dit, les meilleures conditions pour apprécier les atouts, mais aussi les limites, voire les lacunes de chacune. Petit regret, les machines ayant évolué dans des vignobles et des conditions différentes, nous n'avons pas pu comparer la qualité de nettoyage et de tri des divers systèmes. De même, nous n'avons travaillé ni de nuit ni sur terrain pentu.
Points communs de ces modèles : ils disposent tous d'un poste de conduite très confortable. Leurs cabines sont équipées d'un siège pneumatique grand confort, d'un volant réglable, de la climatisation, de rétroviseurs électriques dégivrants, de la radio, de prises allume-cigare ou chargeur de portable. Points sur lesquels nous ne reviendrons pas.
Ces machines possèdent également des systèmes d'assistance à la conduite très aboutis et un système de régulation électronique du régime moteur adapté aux besoins en hydraulique. Elles deviennent moins gourmandes (voir les fiches ci-dessus). Revers de la médaille, elles sont de plus en plus lourdes, chères et sophistiquées. Leur cerveau électronique ne se répare pas avec une clé à molette, nous en avons fait l'expérience ! Pour trois des quatre machines que nous avons prises en main, nous avons dû faire appel à l'assistance du concessionnaire, par téléphone (New Holland) ou directement sur place (Pellenc et Grégoire). Seule l'Ero, flambant neuve, a tracé sa route sans rencontrer d'incident.
Que retenir de nos essais ? Tout d'abord que Pellenc frappe un grand coup avec son Optimum. La nouvelle gamme du constructeur, très bien pensée, innove à tout-va : direction inédite, secouage plus doux que par le passé, convoyeurs à claire-voie, optimisation de l'égreneur et des réglages des tables de tri, amélioration de la sécurité de l'opérateur, conduite plus souple. Avec toutes ces avancées, il fallait s'attendre à rencontrer quelques petits soucis de jeunesse. Ce fut le cas. Gageons que Pellenc les réglera.
Avec son modèle 9060 L équipé de l'Optigrape, New Holland concourt dans la catégorie lourd-léger. La machine, qui passe le cap des 10 t à vide, peut évoluer dans toutes les vignes palissées ou en gobelets, grâce à sa tête pendulaire et à ses paniers souples. Après avoir connu de sérieux soucis de fiabilité des rouleaux et de chauffe sur le modèle 9040, l'Optigrape version 2014 semble parti sur de meilleurs rails. Le constructeur a modifié la pompe hydraulique de nettoyage et les rouleaux de la table de séparateur. Les deux turbines peuvent, au besoin, tourner plus vite pour souffler davantage de déchets. Si l'appareil a bien fonctionné, il est délicat à régler et accapare l'attention du chauffeur à qui New Holland devrait offrir un plus grand écran de contrôle.
La rutilante Grapeliner 6200 d'Ero, elle, impressionne par son gabarit et la simplicité de son système de récolte. Elle a montré un gros potentiel, y compris dans les vignes à fort rendement. Sa nouvelle table de tri reste à parfaire. Mais ce modèle - le haut de gamme et le mieux équipé de chez Ero - n'est pas polyvalent et vaut une petite fortune. Ces deux points le desservent nettement par rapport à la concurrence.
Dans une autre catégorie, celles des vignes étroites, la Grégoire G4 la joue plus modeste. Elle nous a étonnés, mais pas vraiment comme on l'avait imaginé lors de la présentation du porteur (sans tête de récolte) l'an passé (voir La Vigne n° 256, p. 36).
Cette machine, comparée à son aînée la G86, sortie il y a près de dix ans, fait un bond technologique. Elle offre notamment une assistance à la conduite du même niveau que ses concurrentes. Mais la G4 nous a aussi paru en souffrance sur de nombreux points. Nous avons eu l'impression de conduire un prototype bien plus qu'un modèle de série. Contacté au sujet des problèmes que nous avons rencontrés, le fabricant nous a assurés qu'il faisait tout pour y remédier.
