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éditorial

Vendre du rêve

PAR BERTRAND COLLARD, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°271 - janvier 2015 - page 5

Mieux vaut prévenir que guérir. Partant de ce principe avisé et échaudées par leur échec à préserver le contrat vendanges, les organisations professionnelles se préparent déjà à batailler contre les menées de l'Anpaa. Cette association demande en effet aux parlementaires d'introduire plusieurs amendements au projet de loi de santé publique de Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé.

Il lui tarde de voir apparaître de nouvelles mesures contre la publicité. Elle veut l'interdire sur internet, sauf sur les sites de producteurs qui ne seraient pas épargnés pour autant, car ils n'auraient plus le droit de diffuser de vidéos. Il tarde aussi à l'Anpaa de voir un renforcement du message sanitaire. Elle ne précise pas ses intentions en la matière. Mais on se souvient qu'en 2012, elle avait réclamé l'inscription de la mention « L'alcool est dangereux » sur toutes les publicités. En examinant la liste de ses amendements, on découvre aussi que la bière Mort Subite, les cuvées Plaisir et Nuit d'ivresse lui déplaisent. Elle ne veut plus de ces fantaisies. Comme si ces petites productions pouvaient avoir un quelconque effet sur l'alcoolisme ! Au mieux, elles accompagnent de chaleureuses soirées. Mais c'est peut-être cela que l'Anpaa ne supporte pas : cette impertinence, cette liberté d'expression de notre secteur qui ne cesse de rappeler que le vin est un produit de convivialité.

Dans cette partie de bras de fer, la filière possède un allié de poids au sein du gouvernement avec Laurent Fabius. « En voyage, on me parle systématiquement de nos vins et de nos chefs », affirme souvent le ministre des Affaires étrangères. La Revue du vin de France vient de l'élire « Homme de l'année » pour avoir choisi de mettre en avant les vins et la gastronomie dans sa diplomatie au service de notre économie.

En septembre dernier, à Monbazillac, alors qu'il remettait des prix de l'oenotourisme, il a incité « les professionnels de la vigne à mieux communiquer sur leur produit » et leur culture « afin de vendre du rêve ». Un programme incompatible avec celui de l'Anpaa. Certes, la santé ne fait pas partie des attributions de Laurent Fabius. Mais la diplomatie, oui. Il en faudra, ainsi que de l'habileté et de la fermeté, pour gagner la bataille qui se prépare.

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