Retour

imprimer l'article Imprimer

DOSSIER - Plantations nouvelles : ce que veulent les régions

LES RÉGIONS QUI DIFFÈRENT

BEAUJOLAIS En quête de stabilité

D. B. - La vigne - n°271 - janvier 2015 - page 59

Dans ce vignoble, qui a perdu 6 000 ha ces dix dernières années, la priorité est de conserver les surfaces revendiquées en beaujolais et en beaujolais-villages et de valoriser les crus.
« De nombreuses vignes en friche attendent un vigneron. » (Bernard Couzon, président de la coopérative de Bully-Quincié.) © C. THIRIET

« De nombreuses vignes en friche attendent un vigneron. » (Bernard Couzon, président de la coopérative de Bully-Quincié.) © C. THIRIET

Entre 2004 et 2013, le Beaujolais a perdu 6 313 ha de vignes pour arriver à 16 600 ha. Les crises successives ont fait chuter les prix de vente en vrac largement en dessous des coûts de production. Bien des viticulteurs ont dû cesser leur activité, surtout dans les appellations Beaujolais et Beaujolais-villages qui ont perdu 30 % et 26 % de leurs surfaces. « Et de nombreuses vignes en friche attendent un vigneron », souligne Bernard Couzon, président de la plus importante cave coopérative de la région, l'alliance Bully-Quincié.

Dans ces circonstances, on comprend que la perspective de planter 1 % de vignes nouvelles par an « n'intéresse pas grand monde, sauf peut-être dans le cadre d'une diversification », observe Bernard Couzon. D'ailleurs, la surface de chardonnay est passée de 815 à 1 434 ha entre 2006 et 2013. Quant au gamaret, un nouveau cépage venant de Suisse, il s'en plante également. Mais comme il n'est pas inscrit dans le cahier des charges des AOC, il est cantonné aux vins IGP.

Autre obstacle : planter coûte cher et de nombreuses trésoreries sont tendues ou vides. Dans ce contexte, le plan de restructuration 2013-2015 lancé par la profession a attiré les vignerons qui souhaitaient rajeunir leurs vignes ou baisser leur densité de 10 000 pieds/ha à 5 000 ou 6 000 pieds/ha, en bénéficiant de subventions allant jusqu'à 11 000 €/ha. « 483 ha sont inscrits dans ce plan. C'est nettement insuffisant. Il nous faudra un autre plan de restructuration aidée », note le président d'Inter Beaujolais, Gilles Paris.

Au nord du Beaujolais, dans les dix crus locaux, les perspectives sont différentes. Moins touchées par l'arrachage (entre 3 et 9 % de surfaces perdues, sauf pour les côtes-de-brouilly dont les surfaces ont progressé), ces appellations sont plus optimistes. Pour autant, elles n'envisagent pas de s'agrandir. « Les surfaces disponibles sont réduites, expose Audrey Charton, la présidente de l'ODG qui regroupe les dix crus. Notre volonté de croissance porte sur la valorisation de nos produits, dont les prix ne devraient pas être inférieurs à 10 € le col. Pour y parvenir, nous avons caractérisé nos terroirs. Désormais, nous voulons aboutir à la création de premiers crus. »

Certains vignerons ont demandé une hausse des rendements en 2014 pour compenser les deux précédentes récoltes très faibles en volume. Ils n'ont pas eu gain de cause. L'augmentation des rendements n'est pas (encore) à l'ordre du jour. « Nous sommes à 52 hl/ha alors que le cahier des charges autorise 56 hl. Avant d'augmenter les rendements, il faudrait faire du VCI, mais c'est encore dérogatoire et il faut un dossier solide pour l'obtenir », termine Audrey Charton.

Une seule chose fait vraiment frémir en Beaujolais : le sort du gros stock de droits de plantation né de la récente vague d'arrachage. Pour ne pas perdre ces droits, leurs propriétaires devront demander leur transformation en autorisation de plantation avant le 31 décembre 2015. « Le feront-ils ? s'inquiète François Roth, directeur de l'UVB. Il faudra être vigilant sur ce sujet pour ne pas perdre des centaines d'hectares de droits de plantation. »

Le Point de vue de

ET VOUS, PENSEZ-VOUS QU'IL FAUT PLANTER ?

Henri Girin, Domaine Girin, 24 ha, St-Vérand (Rhône)

« Planter en Beaujolais, ça paraît difficile, hormis pour de la diversification. La priorité ici, c'est de restructurer le vignoble. C'est ce que nous avons fait sur 6 ha, en nous inscrivant dans le plan collectif. Cela nous a permis de replanter des vignes en baissant la densité pour mécaniser et réduire les coûts. Mais je l'ai fait uniquement parce que mon fils va arriver sur le domaine. Alors, 1 % de plantations nouvelles, c'est bien, mais il faut des terrains et des débouchés commerciaux. Il faut que ce soit géré par les ODG. »

Le Point de vue de

ET VOUS, PENSEZ-VOUS QU'IL FAUT PLANTER ?

Jean-Pierre Large, Domaine Cheysson, 27 ha, Chiroubles (Rhône)

« Dans les crus, les surfaces disponibles sont réduites et on doit compenser les départs à la retraite. Pour moi, on doit privilégier l'augmentation des rendements plutôt que celle des surfaces. Quant au 1 %, il doit être géré au niveau de l'ODG. Sur notre domaine, nous replantons peu à peu pour rajeunir les vignes, mais nous complantons beaucoup pour compenser les pertes. Sur les parcelles replantées, nous conservons environ 8 500 pieds/ha pour maintenir le rendement et la qualité. »

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :