DE G. À D., JEAN-FRANÇOIS LIÉGEOIS, FRANÇOIS-RÉGIS DE FOUGEROUX ET PATRICK VADÉ, l'oenologue, le directeur général de Langlois-Château et le président de l'ODG Saumur-Champigny, trinquent à la cuvée 2014. © P. TOUCHAIS
Un par un, en camionnette, en voiture, voire en calèche pour l'un d'entre eux qui avait besoin de sortir son cheval de trait, les vignerons arrivent. Ils versent de belles grappes de cabernet franc dans le conquet de réception du négociant Langlois-Château, à Saint-Hilaire-Saint-Florent, près de Saumur (Maine-et-Loire).
En ce samedi matin d'octobre, au beau milieu des vendanges, les vignerons de Saumur-Champigny ont le sourire. D'abord parce que le millésime se présente bien. La qualité est là ; la quantité, sans excès. Ensuite, parce qu'ils sont ravis de se retrouver. « On refait le monde ou les vendanges autour d'un petit mâchon, sourit Patrick Vadé, président de l'ODG, verre de saumur-champigny et sandwich en mains. C'est un moment de convivialité ».
Et ce rendez-vous est incontournable pour Saumur-Champigny. Tous les producteurs sont invités à livrer entre 10 et 12 kg par hectare exploité, pour élaborer la Cuvée des 100. « 100 comme cent vignerons. En fait, nous sommes plutôt entre 80 et 90, selon les millésimes, à apporter des raisins. Cela représente 95 % de l'AOC », souligne Patrick Vadé.
Le rituel date de 1987. À l'époque, Georges Vatan, président des producteurs, en avait assez de courir pour récupérer des bouteilles afin d'alimenter les opérations de communication. Il a eu l'idée d'une cuvée collective.
« Une idée géniale », résume François-Régis de Fougeroux, directeur général de Langlois-Château. Son entreprise a la lourde charge de vinifier la cuvée qui doit être réalisée chez un négociant à la demande de l'administration. « Les raisins proviennent des neuf communes de l'aire d'appellation. C'est très représentatif de l'AOC. »
À la sortie de l'égrappoir, l'oenologue maison, Jean-François Liégeois, analyse le degré. « 12,5, c'est bien. Cependant, on n'a pas d'exigences en termes de degré minimum, ou d'acidité. On demande simplement de beaux raisins », commente Patrick Vadé.
Côté vinification, Jean-François Liégeois est à la manoeuvre, mais il convie régulièrement le président du syndicat et le responsable de la Cuvée des 100, Dominique Joseph, pour prendre les décisions en commun. La vinification est traditionnelle : égrappage, cuvaison d'une quinzaine de jours pour ne pas trop extraire, élevage en cuve et mise en bouteilles en juin.
Les belles années, près de 10 000 bouteilles sont conditionnées, dont quelques magnums. Mais lors des petites récoltes 2012 et 2013, la production est tombée à 8 000. « Juste assez pour couvrir nos besoins. On s'en sert pour toutes nos opérations de promotion : Vignes, vins et randos, les Foulées du saumur-champigny et les Grandes Tablées du saumur-champigny, un banquet qui accueille 6 000 convives, détaille Patrick Vadé. On en offre aussi aux comités des fêtes des neuf communes de l'appellation, aux associations locales, à l'abbaye de Fontevraud et à l'École nationale d'équitation dans le cadre de nos partenariats. »
Quelques flacons dorment dans une vinothèque. Cette année, à l'occasion des Grandes Tablées, les vignerons ont ainsi servi du 1996, un des plus beaux millésimes des vingt dernières années. Effet garanti. « C'est un vrai objet de promotion. Et seulement de promotion. On précise bien sur la contre-étiquette : ne peut être vendu », souligne Patrick Vadé, qui espère, pour 2015, un aussi beau millésime.