Un marché à l'équilibre, une récolte honorable et une commercialisation dynamique : l'appellation Fitou a tout pour se réjouir, à en croire Jérôme Villaret, le directeur du Comité interprofessionnel des vins de Languedoc (CIVL). « Ce cru a réalisé une très belle récolte de 83 000 hl en 2014, précise-t-il, soit 11 % de plus qu'en 2013. Nous sommes sereins pour alimenter les marchés. »
Et surtout la grande distribution, qui engloutit 60 % des volumes commercialisés en France. L'appellation Fitou, en très grande majorité produite par des caves coopératives, est en effet la troisième appellation du Languedoc-Roussillon en volume et en valeur dans les linéaires. « Les ventes en grande distribution ont grimpé de 7 % en 2014, se réjouit Jérôme Villaret. Nous gagnons des parts de marché, notamment parce que le Languedoc a fait la différence et a compensé la baisse des autres vignobles. »
Cependant, les prix restent encore trop bas pour assurer une pérennité aux exploitations, fait observer Jean Daurat-Fort, président de l'appellation et vigneron indépendant. « En moyenne, la bouteille de fitou atteint 3,80 euros en GD, quantifie Jérôme Villaret. Notre objectif est d'atteindre 4,50 euros dans les trois ans. » Une montée en gamme nécessaire pour attirer de jeunes vignerons et leur assurer un revenu.
Un corbières-villages d'ici trois ans.
Corbières, la plus grande appellation du vignoble languedocien (environ 10 000 ha, 438 000 hl, soit 41 % du volume total des AOC du Languedoc), affiche, elle aussi, une belle santé et des vins à 105 €/hl sur le marché du vrac. « Nous voudrions gagner 20 euros de plus d'ici deux ou trois ans », précise toutefois Xavier deVolontat, le président du syndicat de l'AOC Corbières.
C'est dans cette perspective que l'ODG avait fait reconnaître en 2005 l'AOC Corbières-Boutenac. L'année dernière, le syndicat a demandé à l'Inao de créer une appellation « villages » ainsi qu'une appellation communale Durban. « Une commission de l'Inao va se déplacer mi-juin sur le terrain. 100 000 à 120 000 hl seraient concernés. Il ne s'agit pas d'une microproduction ! » Le président du syndicat espère pouvoir vendre ces vins d'ici trois ans autour de 150 €/hl. « Nous allons ainsi tirer les autres vins vers le haut ! »,affirme Xavier de Volontat.
Autre chantier, celui des cépages. L'AOC Corbières demande à l'Inao d'inclure le marselan dans son cahier des charges pour les rouges. « Il présente des caractéristiques très intéressantes : peu de mortalité, moins de sensibilité aux maladies et plus de régularité de production. »
En rosé, l'AOC Corbières aimerait réintégrer le grenache gris, sorti de l'appellation en 2003. « À l'époque, le marché des rosés était dans un creux. Aujourd'hui, cette couleur est très demandée, nous voulons coller à l'évolution des consommateurs. »