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VIGNE - Pulvérisation confinée : toute l'offre du marché

Pulvérisation confinée Toute l'offre du marché

La vigne - n°275 - mai 2015 - page 44

Pas moins de dix-huit marques proposent des pulvérisateurs à panneaux récupérateurs. Découvrez ces machines, qui réduisent considérablement la dérive, et l'avis de nouveaux utilisateurs.
LE DOMAINE DU TARIQUET (GERS) a investi dans 25 machines à panneaux récupérateurs. Son copropriétaire, Armin Grassa (à droite), espère ainsi économiser 30 % de phytos. © F. JACQUEMOUD

LE DOMAINE DU TARIQUET (GERS) a investi dans 25 machines à panneaux récupérateurs. Son copropriétaire, Armin Grassa (à droite), espère ainsi économiser 30 % de phytos. © F. JACQUEMOUD

La pulvérisation confinée est-elle en passe de devenir une pratique courante ? Posée il y a seulement cinq ans, la question aurait paru incongrue. Mais les temps changent. De plus en plus de viticulteurs s'équipent d'appareils à panneaux récupérateurs pour traiter tout au long de la saison. Ils veulent préserver l'environnement et traiter plus efficacement, à l'abri de la dérive due au vent.

Exemple emblématique de cette évolution : le domaine du Tariquet qui cultive 950 ha dans le Gers. Il vient de remplacer tout son parc de pulvérisateurs classiques par vingt-cinq appareils équipés de panneaux récupérateurs pour un investissement de 1,2 million d'euros. Il s'est fourni auprès d'Agricolmeccanica, principal fabricant sur ce segment du marché en Italie. Comme ses nouveaux appareils ne traitent que deux rangs par passage, au lieu de quatre pour les anciens, il a aussi embauché sept chauffeurs supplémentaires. Car il veut être en mesure de traiter toutes ses vignes en une journée. « Depuis dix ans, les printemps sont de plus en plus pluvieux. Les fenêtres météo sont courtes, explique Armin Grassa, copropriétaire de l'exploitation. Nous ne disposons souvent que de deux jours de beau temps pour traiter et laisser agir le produit. » En contrepartie de cet investissement considérable, il souhaite économiser au moins 30 % de produits phytosanitaires et obtenir une meilleure application de ces derniers.

D'autres viticulteurs s'équipent, si bien que le marché décolle. Au dernier Vinitech, Dhugues a enregistré un triplement de ses commandes depuis le lancement de la dernière version de son pulvérisateur à panneaux Koléos. Clemens, qui commercialise la nouvelle gamme de pulvérisation confinée GSG de l'Allemand Lipco, a vendu une dizaine d'exemplaires de cet appareil en deux ans. Selon notre estimation et toutes marques confondues, une soixantaine d'équipements neufs de pulvérisation confinée ont été vendus pour la campagne en cours en France (hors appareils de premiers traitements). Ce chiffre représente un doublement du marché en un an.

L'offre en matière de pulvérisation confinée est pléthorique. La Vigne a dénombré rien moins que dix-huit marques : cinq françaises, dix italiennes et trois allemandes. En France, Dhugues, Dagnaud et Pulvérisation S21 proposent des appareils à panneaux récupérateurs depuis près de trente ans. Leurs machines sont simples, plutôt maniables et vendues à des prix qui restent abordables. Dhugues et Dagnaud ont fait de la pulvérisation confinée leur spécialité. Mais en choisissant des options différentes. Le Koléos de Dhugues diffuse la bouillie en jet porté entre des panneaux en polyéthylène moulés. Les panneaux du Turbipano de Dagnaud sont en fibre de verre et flanqués, dans leur partie basse, d'un ventilateur centrifuge. Au contraire de ses concurrents, Pulvérisation S21 fabrique des pulvérisateurs en tous genres. Au sein d'une offre très vaste, il décline une large gamme de pulvérisation confinée, à jet porté ou en mode pneumatique. Ses appareils sont dotés de panneaux simples et légers.

Outre ces constructeurs historiques, l'entreprise T.E.C perfectionne un pulvérisateur électrique centrifuge conçu pour traiter à très bas volume. Et Grégoire met en vente un pulvérisateur pneumatique doté de panneaux souples gonflables. Ceux-ci se rigidifient lorsque la turbine démarre, comme les descentes face par face Flexispray de la marque.

Fait surprenant, le groupe Exel Industries est absent du marché. Aucune des entreprises qui le composent (Berthoud, Nicolas, Hardi, Tecnoma) ne possède d'appareils à panneaux récupérateurs. « On n'a rien à proposer dans l'immédiat, reconnaît Jean-Christophe Rousseau, responsable du marketing chez Berthoud. Avec ces appareils, on s'intéresse surtout au taux de récupération, alors que le principal objectif de la pulvérisation, c'est d'envoyer le maximum de produit sur la cible. Avec les panneaux récupérateurs, il est aussi difficile de calculer le volume de bouillie qu'il faut préparer étant donné qu'on ne connaît pas à l'avance le taux de récupération. Celui-ci dépend du stade, de la vigueur de la parcelle et du taux de manquants. » S'agissant du problème du calcul du volume de bouillie, les utilisateurs que nous avons interrogés le résolvent assez aisément avec l'expérience.

Les fabricants italiens sont bien plus nombreux que les Français. De l'autre côté des Alpes, dix marques se disputent le marché. Trois d'entre elles ont des utilisateurs en France : Friuli, Ideal et Bertoni. Pour cette raison, nous leur accordons davantage de place qu'aux sept autres dans les pages qui suivent. Leurs machines ne passent pas inaperçues. Conçues pour le traitement de vignes larges, elles ont un gabarit imposant et dégagent une forte impression de robustesse. Elles sont aussi très sophistiquées. Presque toutes disposent d'un système de séquençage des opérations de dépliage et de repli des rampes et des panneaux, un système similaire à celui que l'on trouve sur les dernières machines à vendanger. Il permet de mémoriser des réglages différents selon l'écartement des vignes. Il resserre les panneaux à la sortie du rang puis les écarte en reprenant le suivant. Les panneaux restent dans cette position ouverte pendant quelques mètres après la reprise du traitement, avant de se rapprocher du feuillage. Tout ceci facilite considérablement le pilotage, mais augmente les prix. Ainsi, il faut compter autour de 45 000 euros pour s'offrir l'un de ces gros bijoux de technologie.

Sur ce plan-là, les Allemands Lipco, Weber et Wanner adoptent un profil plus modeste. Tous leurs appareils sont équipés de turbines à flux tangentiels. Partant de cette base commune, chaque marque a conçu son propre système de confinement et de recyclage de la bouillie. Le Lipco a fait le choix de la simplicité si ce n'est du minimalisme. Ses panneaux sont enveloppants et surtout très peu encombrants. À les voir, on a peine à croire qu'ils soient assez larges pour confiner la bouillie. Mais les viticulteurs et les organismes qui les ont expérimentés affirment qu'il n'en faut pas plus pour la récupérer efficacement. Weber se démarque lui aussi des autres fabricants. Ce constructeur a mis au point un kit de panneaux très légers démontables. Quant à Wanner, il confine la bouillie entre des panneaux en Inox de forme différente - l'un plat, l'autre incurvé - pour créer un flux d'air circulaire.

Avec une offre aussi variée, on pourrait penser qu'il n'y a que l'embarras du choix. Ce serait oublier que toutes ces machines sont conçues pour les vignes larges, plates et pourvues de grandes tournières. Les versions pour vignes étroites, aussi innovantes soient-elles (voir encadré), sont rares. Les débits de chantier chutent car on ne traite que deux rangs par passage et le risque d'accrocher les panneaux n'est pas nul. En outre, le prix de certaines machines est élevé, voire exorbitant.

Nous avons questionné des utilisateurs sur l'intérêt, la robustesse et la fiabilité de leur machine. Tous défendent leur choix. Ils font des économies de produit qui, selon eux, permettent un retour sur investissement rapide. Et ils apprécient d'être moins dépendants des caprices du vent pour protéger leurs vignes.

Bien moins de pertes dans l'environnement

En juillet 2013, le forum pulvé de Charente a mesuré les pertes au sol et dans l'air de cinq pulvérisateurs parmi lesquels le Koléos de Dhugues, le seul doté de panneaux récupérateurs. Ces cinq appareils sont passés dans des vignes larges en pleine végétation. Le Koléos a surclassé ses quatre concurrents à rampe de traitement face par face sur le plan du confinement. Avec lui, les pertes au sol se sont limitées à 8 % du volume de bouillie pulvérisé et les pertes dans l'air à 1 %. Avec les autres appareils, les pertes au sol sont allées de 18 à 25 % et les pertes dans l'air de 18 à 39 %. En gros, la moitié du volume pulvérisé n'aboutit pas sur le feuillage ! La même année, les lycées viticoles de La Tour Blanche et de Libourne-Montagne, en Gironde, ont observé des pertes tout aussi réduites avec un autre appareil Koléos et un pulvé Lipco. Ces deux lycées ont également mesuré le taux de récupération de bouillie tout au long de la campagne. Résultat : 47 % pour le Koléos et 38 % pour le Lipco dont les panneaux sont pourtant très étroits. À l'arrivée, les deux lycées ont réalisé de belles économies. Seule ombre au tableau : le débit de chantier des machines à panneaux récupérateurs est deux fois inférieur à celui des appareils habituellement utilisés par ces lycées, à savoir un pneumatique face par face traitant trois rangs par passage à La Tour Blanche et un appareil à jets portés protégeant quatre rangs par passage à Libourne.

Un prototype cinq rangs à l'essai dans le Pays nantais

La SARL Guérin, à Vallet, dans le Pays nantais, vient de mettre au point un prototype de pulvérisateur, dénommé Guemat, traitant cinq rangs dans les vignes étroites (1,45 m entre les rangs). L'appareil, monté sur un enjambeur, est pourvu de deux rampes latérales supportant chacune deux tunnels de pulvérisation. Le cinquième tunnel est fixé entre les roues du tracteur. Les panneaux, constitués de bâches souples de 1,40 m de largeur et de 1,10 m de hauteur, confinent le produit sur les côtés et sur le dessus. Chacun accueille, au centre, une descente dotée de huit bouches d'air et de deux diffuseurs à jet porté. En bas des panneaux, une gouttière en PVC récupère la bouillie. Une pompe péristaltique l'aspire et la renvoie, filtrée, dans la cuve principale de l'appareil, d'une capacité de 600 litres, installée derrière la cabine. Deux autres cuves, de 300 litres, sont installées entre les roues du tracteur. La ventilation est assurée par une turbine Tornado de Nicolas. Un inclinomètre maintient les rampes à l'horizontale en position de travail. Ces dernières, télescopiques, se replient en portefeuille en position route ou, si nécessaire, en bout de rang. Mis en service à la Cuma de La Chapelle-Heulin (Loire-Atlantique), le Guemat sera expérimenté cette année sur les 78 ha de vignes de l'EARL Coraleau-Babonneau, sise sur cette même commune.

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