Dhugues : Un flux plus homogène
Dhugues a lancé, lors du dernier Vinitech, sa troisième génération de pulvérisateurs à panneaux récupérateurs Koléos. Le nouveau modèle conserve le système de pulvérisation à jet porté. Mais il intègre plusieurs innovations. Les panneaux gagnent 300 mm en largeur et 200 mm en hauteur pour offrir un meilleur rempart contre la dérive. Mieux profilés et moins profonds, ils sont aussi moins encombrants que ceux équipant le précédent modèle. Pour une meilleure application de la bouillie dans les vignes à forte densité de végétation, l'écartement maximum entre les panneaux a été porté à 1,20 m alors qu'il était limité à 80 cm sur la version antérieure.
Changement d'importance également côté ventilation. Les quatre turbines, jusqu'alors installées en haut de chaque panneau, laissent place à une turbine unique. Cette dernière est montée sur le trois-points du tracteur et entraînée par la prise de force. À l'intérieur de chaque panneau, le flux d'air portant la bouillie ne sort plus par quatre mains mais par un diffuseur unique et vertical. Celui-ci forme un rideau d'air qui retient mieux les embruns entre les panneaux. Autre évolution, la pompe péristaltique aspirant le produit récupéré en bas des panneaux est désormais hydraulique. Exit le moteur électrique qui équipait l'ancienne version et qui avait tendance à chauffer.
Charles Pain, de Panzoult (Indre-et-Loire), apprécie ces changements. Viticulteur sur 52 ha en AOC Chinon, il possède en effet les deux versions du Koléos de Dhugues, l'une achetée courant 2013 et l'autre cette année. Les deux appareils traînent une cuve de 1 000 litres montée sur un essieu bogie et traitent deux rangs complets par passage. « Le Koléos est robuste, fiable et efficace. Je traite un rang de moins par passage qu'avec le Tecnoma Vectis pneumatique que j'utilisais jusqu'à présent, observe-t-il. Mais le Koléos, avec ses panneaux, récupère près de 80 % de produit lors des premiers traitements et encore 25 % une fois la vigne palissée. Le moteur du tracteur ne tournant qu'à 1 600 tr/min, il consomme moins de gazole et fait moins de bruit. » Selon Charles Pain, le profil du panneau et l'absence de mains sur le nouvel appareil réduiront encore le risque d'accrochage. Seule requête adressée au constructeur : des pneus à basse pression pour rendre l'appareil encore plus stable.
Dagnaud : Deux turbines ciblant les grappes
Dagnaud, le constructeur charentais, propose deux types d'équipements de pulvérisation confinée pour traiter toute la saison : la gamme à jets projetés Pulpano, lancée il y a plus de vingt ans, et la gamme à jets portés Turbipano, sortie en 2009. À la différence du Pulpano, et comme son nom le suggère, la nouvelle gamme est pourvue d'une assistance d'air. Concrètement, chaque panneau, fabriqué en fibre de verre, intègre dans sa partie inférieure une turbine à jet centrifuge qui optimise la pénétration de la bouillie dans la végétation, en particulier dans la zone des grappes. Le système Turbipano, monté initialement sur les pulvérisateurs traînés, se décline aussi depuis 2014 sur la gamme portée. Une différence toutefois : les panneaux sur les modèles portés sont verticaux. Ceux équipant les Turbipano traînés, eux, sont légèrement inclinés dans leur partie basse vers le centre du rang.
Christophe Macariol débute sa troisième campagne avec un Turbipano traîné de 1 000 l : « Pour les trois premiers traitements, je traite sans assistance d'air et avec deux des quatre diffuseurs seulement. À partir du quatrième passage, lorsque la vigne est relevée, je mets la ventilation. Pour cela, j'enlève le cache qui protège la turbine et je ferme le jet du bas, placé près de la turbine. L'appareil traite alors avec trois diffuseurs, plus le jet centrifuge. » Le viticulteur, installé à Thors (Charente-Maritime), protège ainsi 50 de ses 62 ha de vigne avec cet appareil. « Ces vignes sont palissées et plantées entre 2 et 3 m, précise-t-il. Il me reste 12 ha plantés à 1,80 m ou qui ont des tournières trop courtes (moins de 6 m). Je les traite avec un pulvé Paris pneumatique à canons. » Avec deux années de recul, Christophe Macariol ne regrette pas son choix. « Je ne reviendrai pas au pneumatique. La qualité de pulvérisation avec le Turbipano est parfaite. J'avance à 7 km/h, soit 1 km/h de plus qu'avec le pneumatique. Mon tracteur de 70 ch, à 1 500 tr/min, ne consomme plus que 5 l/h contre 9 auparavant. Et je peux traiter s'il y a un peu de vent. »
Le viticulteur apprécie l'essieu bogie. « Il stabilise bien la rampe. En deux ans, je n'ai accroché qu'une fois un panneau contre un cep. Il s'est escamoté sans dommage. Dans les sols argileux de pays bas, comme on les appelle chez nous, le cure-terre, placé derrière les roues, se montre également très utile. » Détail pratique, le viticulteur a fait installer une réglette graduée sur la rampe pour écarter les panneaux avec précision depuis le tracteur.
Christophe Macariol a réalisé 40 % d'économies de produit - et autant en valeur - sur la saison. « Avec l'expérience, il est facile d'adapter la quantité de bouillie au stade végétatif pour éviter de finir un traitement avec un reliquat de produit en cuve. »
Pulvérisation S21 : La simplicité avant tout
La société S21 dispose d'appareils de pulvérisation confinée permettant de traiter tout au long de la saison depuis plus de vingt-cinq ans. La gamme se décline en deux versions - traînée et portée -, avec deux modes de diffusion : à l'aide de jets portés ou en mode pneumatique. C'est en quoi la société se distingue des modèles concurrents Dagnaud et Dhugues.
Les panneaux S21, fabriqués en PVC, sont simples et très légers. Sur les modèles traînés, la rampe qui supporte ces panneaux est montée à l'avant du châssis, devant la cuve. Cette configuration, également adoptée par Dhugues et Dagnaud, réduit l'encombrement de l'appareil et facilite les manoeuvres en bout de rang. Pour une meilleure stabilité, les S21 traînés sont équipés de série d'un bogie. La rampe, sur les modèles traînés et portés, peut être dotée d'une correction de dévers en option.
À Échallat (Charente), Yves Maisonneuve, de l'EARL La Combe des Dames, cultive 16 ha de vignes larges palissées ou à végétation ouverte. Il utilise des pulvérisateurs à panneaux S21 depuis dix ans. « Je les ai choisis pour être plus précis et appliquer moins de produit. »
Le viticulteur a d'abord utilisé un modèle de 800 l porté doté de panneaux souples (des bâches). « C'était une très bonne machine dans son principe, mais avec beaucoup de détails pouvant créer des risques de dysfonctionnement, rappelle-t-il. Les plaques de mousse, qui filtraient le produit récupéré en bas des panneaux, formaient des petites peluches qui finissaient par colmater les filtres. Des débris végétaux retournaient dans la cuve. Je devais nettoyer les filtres à chaque remplissage. J'ai fini par ajouter un filtre à chaque sortie. La rampe de l'appareil, en revanche, était solide. Je n'ai eu aucun problème en dix ans. »
Yves Maisonneuve vient de remplacer cet appareil par un modèle de 1 000 l traîné à panneaux rigides, toujours chez S21. Avant de faire son choix, il a procédé à une petite étude de marché. « La ventilation chez Dhugues m'a semblé un peu juste pour mes vignes à végétation ouverte ou très vigoureuses. Chez Dagnaud, la répartition du flux d'air dans la végétation, avec un seul ventilateur en bas des panneaux, n'est pas homogène. Les pulvés italiens sont très bien conçus, mais mon exploitation n'est pas assez rentable pour justifier une dépense de 50 000 euros. Pour moi, S21 offre le meilleur rapport qualité/prix », explique-t-il.
Pierre Dupont, gérant de la SCEA Targuerie, à Cazaubon (Gers), est à la tête de 15 ha de vignes en bio plantées à 2,50 m. En 2014, il a acheté un S21 porté de 600 l. Il le trouve maniable et pas trop cher (17 000 euros). Pour le reste, le viticulteur a un avis mitigé. « L'appareil n'est pas vraiment au point. Il se forme de la mousse dans la cuve. Le phénomène dérègle le débitmètre et perturbe l'application. Nous n'avons eu aucune perte de récolte l'an passé, mais on a sans doute mis plus de produit qu'on aurait dû. Les économies de produits n'ont pas été à la hauteur de ce que l'on attendait. »
Contacté sur ce point, la société S21 reconnaît l'existence du problème, mais affirme y avoir remédié depuis. « Le produit récupéré est désormais aspiré par une pompe péristaltique en Inox entraînée par un moteur électrique. Cette pompe équipera également les modèles traînés », rassure Alain Martin, gérant de l'entreprise.
Technologie Eco Confinée : Électrique mais basique
La société girondine Technologie Eco Confinée développe son pulvérisateur Electravignes, tout électrique, centrifuge et à bas volume. L'appareil - un modèle traîné deux rangs -, est équipé d'une cuve de 220 litres et de grands panneaux droits en Inox. Des batteries, installées à l'avant du châssis, assurent son fonctionnement.
« Les panneaux sont avant tout conçus pour réduire la dérive car la pulvérisation centrifuge est sensible au vent », explique Jean-Louis Drahonnet, concepteur de l'appareil. Concrètement, chaque panneau intègre deux diffuseurs centrifuges, placés l'un au-dessus de l'autre, et un bac qui stocke le produit récupéré. En effet, la bouillie n'est pas réaspirée par une pompe. « L'appareil travaillant à très bas volume (entre 30 et 80 l/ha), les panneaux récupèrent tout au plus une dizaine de litres de bouillie par demi-journée », poursuit Jean-Louis Drahonnet. L'opérateur les transvase manuellement deux fois par jour dans la cuve.
L'Electravignes est utilisé depuis trois ans dans un domaine bordelais. Il est fixé derrière un quad avec un régulateur de vitesse électronique. Les batteries offrent 4 heures d'autonomie de pulvérisation.
Grégoire Des panneaux souples gonflables
Grégoire fait une entrée remarquée sur le marché de la pulvérisation confinée avec l'Ecoprotect, un appareil doté de panneaux récupérateurs totalement innovants. Ils constituent un caisson en plastique souple qui chevauche les rangs et se rigidifie quand la turbine démarre. Chaque panneau est formé de deux gros boudins en « U ». Celui situé à l'extérieur porte la toile de plastique qui confine la bouillie. Il intègre cinq diffuseurs pneumatiques. Le boudin intérieur, lui, est percé de petits trous sur la partie arrière et toute la hauteur. Le flux d'air passant dans ces trous forme un rideau destiné à retenir la bouillie entre les panneaux. Un filet, fixé sur la paroi intérieure et en bas des panneaux, sépare les matières solides de la bouillie récupérée. Après filtration, cette dernière est aspirée par deux pompes à membranes et renvoyée en cuve. L'Ecoprotect, disponible en version traînée avec une cuve de 1 000 ou 1 500 litres, permet de traiter des vignes de 2,40 m à 3 m et de 600 à 900 mm d'épaisseur de végétation.