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DOSSIER - Flavescence dorée : un parasite qui coûte cher

Les pépiniéristes renforcent la surveillance des vignes mères

La vigne - n°276 - juin 2015 - page 24

À partir de cette année, les pépiniéristes ont décidé d'inspecter toutes les vignes mères de greffons. Deux régions sont déjà à ce niveau d'exigence très élevé.
« EN SERRE OU EN PLEIN CHAMP, les plants reçoivent sept à huit traitements », explique David Amblevert, président du syndicat des pépiniéristes viticulteurs de la Gironde et du Sud-Ouest et de la fédération nationale.

« EN SERRE OU EN PLEIN CHAMP, les plants reçoivent sept à huit traitements », explique David Amblevert, président du syndicat des pépiniéristes viticulteurs de la Gironde et du Sud-Ouest et de la fédération nationale.

La France compte 1 500 ha de vignes mères de greffons. « Jusqu'en 2014, FranceAgriMer en prospectait 25 % chaque année à la recherche de symptômes de flavescence dorée. En 2015, nous nous sommes fixé l'objectif d'arriver à 100 % dans la même année. FranceAgriMer en fera la moitié, et les pépiniéristes se mobiliseront pour faire l'autre », affirme David Amblevert, président de la Fédération française de la pépinière viticole.

En Aquitaine, les pépiniéristes sont déjà à ce niveau de contrôle. Ils font appel depuis trois ans à des prestataires pour prospecter 100 % de leurs vignes mères de greffons. « Notre syndicat a passé une convention avec FranceAgriMer, la Fredon et la chambre d'agriculture qui organisent et encadrent cette prospection. Cela nous revient à 70 €/ha », détaille David Amblevert, également président du syndicat des pépiniéristes viticulteurs de la Gironde et du Sud-Ouest.

Tous les pieds suspects sont analysés. « En 2014, sur plus d'un million de ceps dans nos vignes mères, vingt se sont révélés contaminés et ont été arrachés dans une quinzaine de parcelles », précise-t-il. Celles-ci ont été mises en quarantaine. Les pépiniéristes ne peuvent plus y prélever de bois pendant deux ans. Après cette période de surveillance, si aucun nouveau cep contaminé n'est trouvé, la quarantaine sera levée.

Dans le Vaucluse aussi, les pépiniéristes ont prospecté souche par souche leurs 300 ha de vignes mères de greffons, en 2014. « Durant deux mois, une cinquantaine de bénévoles se sont relayés pour constituer des équipes de sept ou huit personnes encadrées par des prospecteurs de la Fredon », relate Giovanni Varelli, président du syndicat des producteurs de bois et plants de vigne du Vaucluse. Il a lui-même participé à quinze journées de prospection. « Nous avons trouvé quatre ceps contaminés sur deux parcelles représentant près d'un hectare », précise-t-il.

Pour les deux pépiniéristes concernés, la perte est conséquente. Comme en Aquitaine, leurs parcelles ont été mises en quarantaine. Pendant deux ans, ils ne pourront plus y récolter de greffons. Et, ils ont dû traiter à l'eau chaude les plants issus des greffons de ces parcelles qu'ils avaient prélevés avant la découverte des pieds contaminés. Le surcoût du traitement est de 10 centimes par plant. « Cela complique le travail et réduit le taux de reprise des plants. », indique Giovanni Varelli. Les pépiniéristes qui ont des vignes mères dans un rayon de 500 mètres autour des ceps contaminés ont aussi dû traiter les bois à l'eau chaude, ce qui réduit le taux de réussite du greffage. Toutes ces mesures « engendrent une perte de production importante, qui arrive à un moment où nous manquons déjà de bois pour répondre à la demande », note-t-il.

Et ce n'est pas tout. Les pépiniéristes supportent également la lutte directe contre la cicadelle. Ils sont tenus de réaliser trois traitements insecticides sur leurs vignes mères. Dans les pépinières, ils protègent les plants en continu. « Qu'ils soient sous serre ou en plein champ, ils reçoivent ainsi sept à huit traitements insecticides durant la saison », précise David Amblevert. Le prix à payer pour « assurer la qualité sanitaire des plants que nous livrons », observe Giovanni Varelli.

L'oeil sur les vignes mères de porte-greffes

Les vignes mères de porte-greffes n'expriment pas de symptômes de flavescence dorée. Il ne sert donc à rien de les prospecter. Leur surveillance ne peut être qu'indirecte. Ainsi, en 2014, FranceAgriMer a inspecté toutes les parcelles situées autour de ces vignes mères. « En Aquitaine, les contrôleurs ont trouvé des ceps contaminés à proximité des cinq sites hébergeant des vignes mères. Dans un des cas, il s'agissait d'un nouveau foyer situé dans une zone qui était en dehors du périmètre de lutte obligatoire », précise Thierry Aumonier, du Sral Aquitaine. Une commission a évalué le risque et a demandé aux pépiniéristes de traiter à l'eau chaude tous les bois provenant des vignes mères se trouvant dans ces cinq zones.

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