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Magazine - Terroir & tradition

La nouvelle vie des roses des vignes

COLETTE GOINÈRE - La vigne - n°276 - juin 2015 - page 78

Les roses plantées en tête des rangs de vignes ont longtemps été un indicateur de l'arrivée de l'oïdium. Aujourd'hui, elles deviennent un bel outil de communication.
AU CHÂTEAU TOURNEFEUILLE, la tradition des roses plantées en bout de rang a été maintenue. © CHÂTEAU TOURNEFEUILLE

AU CHÂTEAU TOURNEFEUILLE, la tradition des roses plantées en bout de rang a été maintenue. © CHÂTEAU TOURNEFEUILLE

LA ROSE BORDEAUX, une création du groupe allemand Kordes. © KORDES

LA ROSE BORDEAUX, une création du groupe allemand Kordes. © KORDES

PHILIPPE DURAND-TEYSSIER (à droite), président de l'ODG Lalande-de-Pomerol, avec Béatrice Massonie (château Perron) et le premier bailli Xavier Piton (château Belles-Graves). © SYNDICAT LALANDE-DE-POMEROL

PHILIPPE DURAND-TEYSSIER (à droite), président de l'ODG Lalande-de-Pomerol, avec Béatrice Massonie (château Perron) et le premier bailli Xavier Piton (château Belles-Graves). © SYNDICAT LALANDE-DE-POMEROL

Elle sera dévoilée au Salon Vert, les 23 et 24 septembre prochain, à Saint-Selve, près de Bordeaux. Les 11 000 visiteurs attendus vont découvrir la rose Bordeaux, une création du groupe allemand Kordes. Une rose d'un rouge profond, résistante aux maladies et aux insectes, qui vient d'être plantée dans une quinzaine de propriétés viticoles. « Nous voulons nous servir de la notoriété des châteaux pour faire connaître cette rose, dont le nom est un clin d'oeil aux vins de Bordeaux », indique Sébastien de Castro, de la société DCM, partenaire de Kordes.

L'obtenteur a offert une trentaine de plants à des châteaux girondins comme Ausone, Sansonnet, La Conseillante ou encore La Marzelle et Le Pin. « La rose en bout de rang de vigne est une tradition. Autrefois, elle jouait le rôle d'alerte face à l'oïdium. Aujourd'hui, c'est l'aspect esthétique qui prévaut », indique Alain Vauthier, propriétaire du château Ausone. De fait, avec la mise au point par les pépiniéristes de variétés résistantes aux maladies, le rosier a endossé un nouveau rôle : il devient un outil de communication.

Exemple avec la rose Lalande-de-Pomerol, créée par les pépinières Georges Delbard pour cette AOC. Il y a cinq ans, la discrète appellation (1 150 ha, 162 producteurs), se creuse les méninges pour gagner en visibilité. L'idée germe d'une rose portant son nom. Philippe Durand-Teyssier, à la tête de l'ODG, se rend dans l'Allier chez Georges Delbard, avec quelques viticulteurs. « Nous souhaitions un rosier rustique supportant nos sols de graves et de sables sans arrosage, avec un port érigé afin que les tracteurs ne l'abîment pas sur leur passage. Nous voulions une couleur rouge veloutée et profonde, et une certaine complexité au niveau de la forme des pétales pour refléter la subtilité de nos vins », indique-t-il.

Reste que l'Inao se montre réticent à l'idée d'une rose portant le nom d'une appellation. Finalement, en juin 2013, dans le cadre de Vinexpo, la rose Lalande-de-Pomerol est baptisée en grande pompe. Très vite, la greffe prend. Les viticulteurs plantent plus de 1 800 rosiers dans leurs domaines, à l'instar d'Émeric Petit, du château Tournefeuille, qui a acquis une centaine de plants pour donner « une belle image » à son exploitation. « C'est une rose dotée d'un parfum puissant », souligne-t-il.

Propriétaire du château Belles-Graves et vice-président de l'ODG, Xavier Piton reçoit quelque 3 000 visiteurs par an dans sa propriété. Il ne manque jamais de leur faire découvrir les quarante rosiers qu'il a plantés. « Cette rose est un outil pédagogique. En évoquant sa rusticité, elle me permet d'expliquer les traitements phytosanitaires. C'est une façon de dédramatiser le problème », explique-t-il.

L'ODG entend bien faire fructifier les relations engagées avec le pépiniériste Georges Delbard. Depuis deux ans, tous deux se retrouvent sur un même stand à la Fête des roses et des plantes qui se tient à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Les 2 et 3 mai dernier, une dizaine de viticulteurs de Lalande-de-Pomerol y ont fait déguster leurs vins, tandis que le pépiniériste offrait une bouteille de l'appellation pour tout rosier Lalande-de-Pomerol acheté. L'opération a fait un tabac. D'autres partenariats sont dans les cartons. Ainsi, une roseraie Georges Delbard devrait voir le jour sur le territoire de l'appellation d'ici à 2017.

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