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VIGNE

Vendanges manuelles Place au palox

FRÉDÉRIQUE EHRHARD - La vigne - n°277 - juillet 2015 - page 26

De plus en plus de caves s'équipent de palox pour réduire la pénibilité du travail lors des vendanges manuelles. Ces caisses-palettes de grande taille facilitent le transport des grappes. Leurs utilisateurs en sont très satisafaits.
LA GRANDE SURFACE DU PALOX permet d'affiner le tri de la vendange à la vigne. © C. WATIER

LA GRANDE SURFACE DU PALOX permet d'affiner le tri de la vendange à la vigne. © C. WATIER

Un élévateur à tête rotative permet de vider sans effort les grappes dans la trémie du pressoir. © MSA 49

Un élévateur à tête rotative permet de vider sans effort les grappes dans la trémie du pressoir. © MSA 49

Pour charger les palox pleins, il faut de la place en bord de vigne. © C. WATIER

Pour charger les palox pleins, il faut de la place en bord de vigne. © C. WATIER

Maison Biotteau « Moins de perte de jus »

Exit la caissette, place au palox. Depuis 2008, Pascal Biotteau, de la maison Biotteau à Saint-Jean-des-Mauvrets, dans le Maine-et-Loire, utilise ces caisses-palettes de grande taille pour transporter les raisins cueillis à la main. « Leur manutention est mécanisée, le personnel a moins de poids à soulever », explique-t-il. Sur ses 200 ha de vignes, un quart est désormais récolté ainsi pour produire des crémants, des moelleux et des sélections de rouges.

Un salarié du domaine passe dans les vignes avec une remorque portant six à huit palox vides, pour les disposer un rang sur trois. Deux autres personnes suivent en quad et les descendent à la main. Les porteurs vident ensuite les seaux pleins dans les palox. « Les cueilleurs n'ont plus besoin de tirer sur le sol les caissettes qui pèsent 25 kg pleines. Cela nous permet de recruter plus facilement des femmes », souligne Pascal Biotteau.

Pour sortir les palox pleins, il a équipé l'un de ses tracteurs d'un élévateur à l'avant. Le chauffeur les reprend par deux et recule pour les sortir du rang. Il les charge ensuite sur une remorque où rentrent vingt palox sur deux étages. « La seule contrainte est la place en bord de vigne. Il faut une tournière de 8 à 10 m de large pour que le tracteur puisse manoeuvrer perpendiculairement à la remorque », précise le vigneron. À quelques endroits, il a fallu faire des aménagements pour gagner de la place.

À la cave, un cariste reprend les palox un par un avec un chariot élévateur équipé d'une tête rotative et les vide dans une trémie. « C'est plus rapide et moins pénible qu'avec les caissettes », note-t-il. Autre avantage : si le pressoir n'est pas libre, il est également plus rapide de stocker provisoirement les palox dans une chambre climatisée. Et le lavage prend moins de temps, car il y a moins de contenants à manipuler. « Tous ces gains de temps permettent de récolter un peu plus de raisins à la main avec les mêmes équipes, en soignant mieux le travail », affirme-t-il.

Ces palox contiennent 100 à 120 kg de raisins, soit l'équivalent de 4 à 5 caissettes et ils ne sont pas traînés au sol dans le rang. « Les grappes sont moins secouées. Il y a donc moins de trituration et de perte de jus », note Pascal Biotteau. La manutention étant facilitée, les rotations sont plus rapides. « Les raisins attendent moins longtemps, ce qui un plus pour la qualité des vins. »

Wolfberger « Une logistique plus efficace »

La coopérative Wolfberger, à Eguisheim, dans le Haut-Rhin, est équipée d'un millier de palox depuis trois ans. « Nous les utilisons pour rentrer des raisins haut de gamme : une partie de ceux destinés à élaborer des crémants, ceux destinés aux vins bio et à certains pinots noirs, grands crus et vendanges tardives, soit 18 % de nos volumes », précise Jérôme Keller, directeur technique de la cave.

Ces palox contiennent jusqu'à 200 kg de raisins sur une hauteur de 40 cm et remplacent les botiches, des bacs qui contiennent 100 kg sur 80 cm de haut. « Il y a moins de tassement et de macération dans les palox. C'est un plus pour la qualité. Nous l'avons vu sur les cuvées bio. Il y a moins de bourbes car les raisins sont peu triturés. Les vins qui en résultent sont plus fins. » La logistique est facilitée, car ces palox s'empilent sur deux étages, contrairement aux botiches. Les adhérents limitent leurs allers-retours pour aller jusqu'à un des trois vendangeoirs de la coopérative.

Empilés, les palox sont peu encombrants à la cave. Cela facilite la constitution d'un stock tampon dans une zone tempérée, le temps d'avoir assez de volume correspondant à la sélection pour remplir le pressoir en une fois. « Nous optimisons ainsi l'utilisation de nos pressoirs, et nous absorbons mieux les pics d'apports. Les adhérents peuvent décharger sans attendre et retourner rapidement à leurs vignes avec des palox vides, qui ont été lavés automatiquement dans un tunnel de lavage. » Le vidage des palox dans la trémie est réalisé par un automate. « Le travail est plus rapide, ce qui contribue à la maîtrise des coûts. Mais le plus important, c'est le gain de qualité. »

Cave de Saumur « 220 000 € investis »

Après avoir fait un essai en 2013, la Cave de Saumur, installée à Saint-Cyr-en-Bourg, dans le Maine-et-Loire, s'est équipée en 2014 de 2 000 palox pour transporter les raisins destinés à l'élaboration de crémants. Ces palox sont réceptionnés sur une plateforme dédiée et vidés dans une goulotte qui descend directement les grappes dans le pressoir, situé en sous-sol. « Nous nous sommes équipés d'un élévateur retourneur. Avant, il fallait quatre personnes pour vider les caissettes dans le pressoir, plus un cariste pour les approvisionner. Aujourd'hui, trois caristes suffisent à tout faire », détaille-t-il. Les palox passent ensuite dans un tunnel de lavage. Puis un automate les retourne pour l'égouttage et les empile sur trois étages.

La coopérative a investi 220 000 € et bénéficié de 35 000 € d'aide de la MSA. « Nous avons réduit la pénibilité du travail et amélioré la sécurité, car à la réception, il n'y a plus de piétons au milieu des caristes. L'investissement sera facilement amorti grâce aux économies de personnel. Nos coûts ont diminué de 8 à 10 %. Tout cela a facilité le développement de nos volumes de crémants, qui sont passés de 12 000 hl en 2013 à 17 000 hl en 2014. Pour 2015, nous prévoyons d'élaborer 22 000 hl. Économiquement, c'est positif, car ce sont des vins bien valorisés. »

Des subventions de la MSA sont possibles

Les vignerons qui emploient moins de dix salariés peuvent bénéficier d'aides de la MSA pour l'achat d'équipements contribuant à réduire les troubles musculo-squelettiques (TMS). « Porter de façon répétée du poids dans des caissettes, les vider et les retourner après le lavage peut entraîner des TMS du poignet, du coude ou de l'épaule », souligne Christelle Guillet, conseillère prévention à la MSA du Maine-et-Loire. L'organisme peut ainsi subventionner l'achat de palox mais aussi d'élévateurs, de retourneurs ou encore de trémies. Le montant de l'aide varie en fonction du dossier et du budget disponible à la MSA. Les caves coopératives bénéficient aussi d'aides dans le cadre des contrats de prévention. « Nous pouvons conseiller les vignerons dans la réorganisation de leur chantier, qui doit être étudiée avant qu'ils investissent », ajoute Christelle Guillet, qui a accompagné en trois ans une dizaine de vignerons s'équipant de palox, ainsi que la cave de Saumur et ses adhérents.

FABIEN MARTIN, VIGNOBLE DU BEAU SOLEIL À FAYE-D'ANJOU (MAINE-ET-LOIRE) « Moins de problèmes de dos »

« Les vendanges en caissettes étaient éprouvantes pour le dos. Durant une semaine, je remplissais quatre pressoirs par jour en levant 185 caissettes par pressoir. Depuis que je me suis équipé de palox, c'est redevenu un plaisir ! Avec mes parents, je cultive 30 ha, dont 6 à 8 ha que je vendange à la main pour élaborer des crémants. En 2013 et 2014, avec une aide financière de la MSA, j'ai acquis, pour 3 200 €, 28 palox et, pour 2 300 €, un élévateur supplémentaire pour le tracteur. Je porte ainsi deux palox à l'avant et trois à l'arrière, ce qui réduit le nombre d'allers-retours. À la cave, je décharge les palox avec un chariot élévateur et les pose sur un transpalette peseur. Je les reprends ensuite avec un élévateur équipé d'une tête rotative, puis je les vide dans une trémie mobile installée sur le pressoir. La tête rotative m'a coûté 2 400 €, le transpalette peseur et la trémie 1 500 € chacun. Je peux désormais m'occuper seul de toute la manutention, ce qui libère un salarié pour vendanger durant la journée et réduit les heures supplémentaires le soir. Je n'ai plus besoin d'aide pour le dernier pressurage, qui finit souvent à minuit. Et je ne lave plus que 14 palox au lieu de 185 caissettes ! »

JACQUES STENTZ, 15 HA DE VIGNES À WETTOLSHEIM (HAUT-RHIN) « Je ne reviendrai pas en arrière»

« Avec mon fils, nous récoltons 90 % de nos raisins à la main. Jusqu'à présent nous les transportions dans des botiches. Aujourd'hui, un petit tiers de notre surface est récolté en palox. Ceux-ci appartiennent à la coopérative, contrairement aux botiches. Nous avons juste dû équiper le tracteur d'un élévateur. Le travail est moins pénible, car tout est mécanisé. Nous n'avons plus à vider les botiches de 100 kg à la coopérative à la main. Les palox s'empilent, contrairement aux botiches. Du coup on fait moins d'aller et retours pour porter le même poids au vendangeoir. Leur déchargement est plus rapide car on ne les vide pas à la main. Il y a donc moins d'attente en fin de journée. Et, le lavage est automatisé. Nous n'avons plus à nous en occuper. Tout cela nous fait gagner du temps et économiser de la fatigue. Seul inconvénient : dans les vignes, il faut suffisamment de place pour tourner avec le tracteur qui porte les palox et les charge sur la remorque. Je n'ai pas eu à élargir mes tournières, mais d'autres adhérents ont dû enlever un ou deux ceps en bout de rang. Sur notre domaine, nous avons essayé les palox en plaine, puis dans les coteaux. Finalement, nous arrivons à les utiliser partout. »

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