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ACTUS - RÉGIONS

Livrés à la furie des éléments

CHRISTELLE STEF, MICHÈLE TRÉVOUX - La vigne - n°279 - octobre 2015 - page 11

À Cognac, une tornade a couché des vignes à Sonnac, Matha et Thors. Dans l'Hérault, un déluge a emporté des parcelles. Les vignerons touchés racontent leurs pertes et leur frayeur.
1 © J.-M. NOSSANT

1 © J.-M. NOSSANT

2 © J.-M. NOSSANT

2 © J.-M. NOSSANT

3 © A. GUIBOURG

3 © A. GUIBOURG

Au Puech, le 12 septembre, une parcelle de 2,5 ha a été ravagée par des torrents de boue. © V. JAUSSENT/FRANCE TV INFO

Au Puech, le 12 septembre, une parcelle de 2,5 ha a été ravagée par des torrents de boue. © V. JAUSSENT/FRANCE TV INFO

Cognac

Une tornade couche des vignes

Le 16 septembre, une violente tornade a traversé les Fins Bois de Cognac (photo 3). Michel Remaudière, viticulteur à Thors (Charente-Maritime), s'en souviendra longtemps. Tous les rangs d'une de ses parcelles de 1,5 ha d'ugni blanc ont été couchés (photo 2). Un spectacle désolant. Et, un coup dur à la veille des vendanges.

La priorité pour le viticulteur : rentrer la récolte coûte que coûte. Ce qu'il a fait 48 heures après le passage de la tornade. Pour cela, il a déployé les grands moyens. À l'avant de la machine à vendanger, quatre personnes ont redressé les piquets au fur et à mesure de son avancement (photo 1). Un travail titanesque. « On a mis quatre heures pour tout vendanger. Heureusement, aucun piquet n'est resté coincé dans la machine. Le chauffeur s'est montré très vigilant. Cet hiver nous devrons retirer les piquets et les fils puis les remplacer. Ce qui représente un coût d'au moins 8 000 € », déplore le viticulteur. Selon la chambre d'agriculture, Sonnac est la commune la plus touchée avec quatre à cinq hectares très sinistrés. Des vignes de Matha ont également subi des dégâts, en plus de celles de Thors.

Hérault

Des cabernets et des merlots sous l'eau

Un déluge s'est abattu le 12 septembre au soir sur le nord de l'Hérault. Au Puech, Jérôme Brol et son épouse ont eu une sacrée frayeur. L'Aubaygue, paisible ruisseau en temps normal, s'est métamorphosé en torrent dévastateur. Sortant de son lit, il a ravagé une parcelle de 2,5 ha devant leur maison d'habitation. À l'arrière de la maison, la Lergue, également en crue, est montée de 4 mètres en une heure, emportant une autre parcelle. Ces eaux « sont montées jusqu'à 1,8 m de haut, au pied de la maison. Nous étions prêts à monter sur le toit avec nos trois enfants », raconte le jeune couple.

Le 18 septembre, le vignoble autour de leur propriété n'était encore que désolation. « J'ai fait venir le bulldozer pour ne plus voir ce champ de ruines », lâche le viticulteur. Mais les traces du déluge étaient encore là : vignes couchées, piquets arrachés, tronc d'arbres, meubles emportés... Et une voiture écrabouillée, échouée au pied du bâtiment. « J'ai perdu un quart de ma récolte. Il me restait 80 tonnes de raisin à ramasser sur les 300 que je récolte annuellement. »

À Castelnau-de-Guers, la crue de l'Hérault a inondé 15 ha qui n'avaient pas encore été vendangés chez Christophe Muret. À la cave coopérative de Saint-Pargoire, un bilan réalisé le 14 septembre faisait état de 30 ha de vignes non vendangées recouvertes par les eaux.

Non loin de là, à Montagnac, une partie des raisins a pu être sauvée in extremis. « Samedi à 16 heures, j'ai appris qu'on annonçait 300 mm sur les hauteurs du Lodévois. On a alors arrêté de vendanger les carignans pour ramasser les merlots plantés au bord de l'Hérault. De 16 heures à 22 heures, on en a rentré 407 tonnes », raconte René Moréno, le président de la cave. Malgré cela, 40 à 50 ha non vendangés ont été submergés, à des degrés divers. Là où l'eau n'a pas atteint la zone fructifère, les raisins ont pu être vinifiés en rouge. Ailleurs, il a fallu les vinifier en rosés. La chambre d'agriculture de l'Hérault a recensé 76 communes plus ou moins sévèrement touchées par ces crues.

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