« Depuis 1980, date de notre première enquête, les non-consommateurs de vin étaient chaque année plus nombreux, observe Caroline Blot, chef de l'unité culture et filière spécialisée de FranceAgriMer. Pas cette année. 2015 marque vraiment un tournant. » En effet, pour la première fois, la proportion des Français qui déclarent ne jamais boire de vin a baissé. Elle est passée de 38 % des personnes interrogées - un chiffre stable depuis 2005 - à 33 %. Parallèlement, la part des buveurs occasionnels, qui lèvent le verre une à deux fois par semaine ou moins, a progressé. Ils représentent désormais 51 % des Français, contre 45 % il y a cinq ans. Et la proportion de consommateurs réguliers s'est stabilisée à 16 %, contre 17 en 2010.
Pendant les week-ends
La France compte donc davantage de consommateurs en 2015. Mais cela n'implique pas une hausse de la consommation, nos concitoyens buvant du vin seulement de temps en temps. « La consommation occasionnelle prend le pas sur la consommation régulière depuis longtemps », rappelle Caroline Blot. C'est le comportement adopté par 75 % des Français aujourd'hui, contre 65 % en 2000. Baptiste Montange, chargé d'études économiques pour la filière vin, complète : « On constate que le vin s'apprécie davantage les week-ends. » 64 % des personnes interrogées assurent en consommer ces jours-là, contre moins de 60 % en semaine.
De boisson quotidienne dans les années 1980, le vin est donc devenu une boisson « plaisir » au XXIe siècle. « Les repas ne sont plus aussi structurés qu'auparavant, remarque Baptiste Montange. Le vin est dégusté dans des ambiances plus festives. » Les apéritifs-dinatoires, par exemple, brouillent les pistes et amplifient le fait que le vin se consomme un peu moins lors de repas à table.
Vin blanc à l'apéritif
« La tendance de boire du vin à l'apéritif se renforce également », annonce Caroline Blot. Les Français sont toujours plus nombreux à servir du vin en ces occasions. Ils étaient 77 % en 2000 ; ils sont plus de 85 % aujourd'hui. Le vin blanc est particulièrement apprécié. Même si FranceAgriMer précise que l'étude a été réalisée entre avril et juin, ce qui a pu amener les répondants à oublier le rosé, souvent privilégié pendant la période estivale. Une chose est certaine, le vin rouge ne semble pas approprié pour l'apéritif et est davantage servi lors des repas à table.
« Si la consommation de vin n'est plus régulière, elle devient en revanche un facteur de convivialité », constate Baptiste Montange. « En 2015, les consommateurs cantonnent moins le vin aux seules grandes occasions qu'en 2010. » Ils lui redonnent sa place dans une consommation plus décontractée. « Avec le développement des émissions culinaires, les gens se remettent à cuisiner, avance Baptiste Montange. Et ils sont soucieux d'accorder des vins à leurs plats. »
Davantage de curiosité
Ce petit coup de pouce télévisuel les inciterait aussi à s'informer davantage : 48 % des Français se disent en effet intéressés par le vin, contre 37 % seulement cinq ans plus tôt. Mais tout n'est pas à mettre au crédit de la mode des émissions de cuisine : « Cette évolution se confirme avec l'essor de l'oenotourisme, observe Caroline Blot. Les consommateurs apprécient de plus en plus de rencontrer les vignerons et de raconter les vins qu'ils servent. » Une expérience qu'il convient de développer.
Les femmes et les jeunes aussi
Si 23 % des hommes sont des consommateurs réguliers contre seulement 11 % des femmes, la parité s'impose pour les buveurs occasionnels (52 % des hommes et 50 % des femmes). Plus on est âgé et plus on consomme de vin confirme l'étude, 38 % des Français âgés de 65 ans et plus étant des consommateurs réguliers. Mais les jeunes aussi se laissent de plus en plus tenter par les vins tranquilles. Ainsi, en 2015, 61 % des 25-34 ans assurent en consommer, contre 57 % en 2010. Cette proportion tombe à 45 % pour les 15-24 ans, mais elle n'était que de 41 % cinq ans plus tôt.