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éditorial

Amélioration variétale

PAR BERTRAND COLLARD, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°280 - novembre 2015 - page 7

Les Américains n'ont qu'une idée : s'attaquer à l'ordre établi. Voilà qu'un Californien s'est mis en tête d'obtenir des milliers de nouveaux cépages par croisement. Il veut créer un vin d'assemblage unique au monde, obtenir des variétés plus adaptées à son terroir, résistantes à la sécheresse et, si possible, à l'oïdium. Il prétend avoir le soutien de l'université de Davis. En quelques semaines seulement, il a réuni les fonds nécessaires au démarrage de son projet. Certes, ce n'est pas demain que son programme portera ses fruits. Mais ce serait bien le diable s'il n'en sortait pas quelques variétés intéressantes, sinon excellentes.

La Californie pourrait alors se targuer d'être le nouveau lieu de naissance de grands cépages, ce qui l'aidera dans son ambition de nous dépasser.

En France, on a longtemps pensé que nos cépages étaient insurpassables, qu'ils composeraient pour toujours l'ADN de nos appellations. Mais cette époque est révolue. Des viticulteurs et syndicats se disent qu'il est grand temps d'obtenir de nouvelles variétés et de réexaminer les anciennes, surtout les tardives, mises de côté quand ce caractère était considéré comme un défaut. Leurs motivations sont diverses. Certains veulent en finir avec les traitements phytosanitaires. D'autres voient le climat se réchauffer et redoutent de perdre la finesse de leurs vins. D'autres encore veulent sortir du lot pour surprendre les consommateurs.

Ces derniers ont déjà de quoi faire. Dans le Midi, plusieurs descendants du grenache s'avèrent plus réguliers que lui, tout en donnant des vins plus intenses et plus colorés. Dans le Beaujolais, le gamaret est bien plus résistant à la pourriture grise et plus productif que le gamay dont il est issu. Les consommateurs apprécient ces vins au point de les payer plus cher que des crus d'entrée de gamme. Preuve que l'amélioration variétale est toujours possible.

Par le passé, elle nous a déjà apporté le merlot, le cabernet-sauvignon et le chardonnay, pour ne citer qu'eux. Comme l'ont démontré les généticiens de la vigne, ils sont nés de cépages plus anciens et du patient travail de sélection de l'homme. Un temps, ce travail a été mis entre parenthèses car nous le pensions achevé. Mais il a repris. Les nouvelles contraintes qui pèsent sur la viticulture nous forcent à l'accélérer faute de quoi, il nous faudra aller chercher ailleurs les futurs cépages phares de la viticulture mondiale.

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