« Si nous voulons poursuivre le développement de notre IGP, il faut accroître notre vignoble de 30 000 à 40 000 ha d'ici cinq à dix ans. » C'est l'annonce inattendue faite par Jacques Gravegeal, président de l'ODG Pays d'Oc, fin novembre, en marge du Sitévi, à Montpellier. « Depuis deux campagnes, nous vendons plus d'IGP Pays d'Oc que nous n'en produisons. Le marché représente entre 6 et 6,2 millions d'hectolitres alors que la production s'établit entre 5,9 et 6 millions. Le label Pays d'Oc peut atteindre 8 millions d'hectolitres dans les dix prochaines années. »
« Cela représente une croissance de 2,5 % par an pendant dix ans. C'est faisable, mais sous certaines conditions : il faut maintenir la qualité, la traçabilité et la compétitivité », souligne Olivier Simonou, vice-président d'Inter Oc. « Le renouvellement du vignoble pourra également apporter ce potentiel de production nécessaire à notre développement. »
Côté production, passé l'effet de surprise, l'annonce semble être plutôt bien accueillie. « Cette progression est dans la continuité de ce que nous avons connu depuis vingt-huit ans. Si nous conservons le passeport [NDLR : dégustation systématique de tous les vins candidats au label], qui a fait le succès des nos vins, c'est jouable. La question est plutôt de savoir si nous allons réussir à produire ces volumes », commente Gérard Bancillon, président de la cave Les Collines de Bourdic.
L'idée de jacques Gravegeal est de profiter de cours élevés pour attirer de nouveaux producteurs. Il compte s'appuyer sur trois leviers pour susciter des vocations, à commencer par la protection contre les aléas climatiques. Il compte demander aux pouvoirs publics de formaliser les mesures habituellement prises en ordre dispersé après les sinistres, comme l'exonération de taxes foncières ou le report de remboursements d'emprunt... Elles pourraient ainsi être présentées aux candidats à l'installation pour leur donner confiance. « Si nous ne réglons pas ce problème, personne ne va se lancer », soutient le président.
L'ODG souhaite également que les exploitations puissent profiter des financements de la BPI. « Aujourd'hui, le seuil minimum des prêts octroyés par la BPI est de 750 000 €. C'est trop élevé pour notre activité. Nous allons demander que les exploitations puissent bénéficier de prêts de 50 000 à 200 000 €. »
La contractualisation est, selon Jacques Gravegeal, le troisième point déterminant pour favoriser l'installation. Le président de l'ODG voudrait mettre en place des contrats sur dix ans, avec des règlements non plus à 60 jours après retiraison mais échelonnés sur un an, quelle que soit la date d'enlèvement. « Les metteurs en marché souhaitent développer les volumes en cabernet-sauvignon. Les producteurs, pour le moment réticents à en planter, seraient certainement plus disposés à le faire dans le cadre d'une contractualisation sur dix ans », argumente-t-il.
Côté négoce, Olivier Simonou reste prudent. « C'est à chaque entreprise de définir sa stratégie aussi bien en amont qu'en aval et les accords gré à gré qu'elle peut tisser », indique-t-il tout en précisant des contrats de plus de cinq ans sont déjà en place.
Reste à savoir comment susciter des vocations. Le vaste plan de recrutement de nouveaux viticulteurs auquel pense le président de l'ODG Pays d'Oc sera un des sujets phares lors de la prochaine assemblée générale de l'ODG, le 17 décembre.
L'Anivin veut 10 000 à 20 000 hectares de vignoble éco-intensif
L'Anivin de France veut reconquérir le marché des entrées de gamme sur lequel la France est déficitaire. En 2015, le volume des importations françaises de VSIG devrait atteindre 5 millions d'hectolitres. « C'est un marché que nous pourrions reprendre, du moins en partie. En développant un vignoble dédié à ce type de produit, nous pourrions fournir les marques françaises d'entrée de gamme qui, faute de trouver les volumes en France, s'approvisionnent à l'étranger », estime Bruno Kessler, vice-président de l'Anivin. L'interprofession des VSIG éditera, au début de l'année prochaine, un guide de pratiques culturales modernes de production de ces entrées de gamme à prix compétitifs. « L'idée n'est pas de s'aligner sur les prix espagnols. Les metteurs en marché sont d'accord pour valoriser l'origine France entre 45 et 50 €/hl, afin d'alimenter le marché des entrées de gamme vendues plus de 2 € la bouteille en grande distribution. Aujourd'hui, ces prix n'intéressent pas la production car le vignoble n'est pas adapté. Mais avec l'irrigation et la fertirrigation, il est possible de produire 150 à 200 hl/ha et d'assurer des revenus de 7 000 à 8 000 €/ha. C'est déjà le cas sur près de 1 000 ha en Languedoc », affirme Bruno Kessler. L'objectif est d'inciter à la plantation de 10 000 à 20 000 ha de vignoble éco-intensif, afin de reconquérir les 1,2 million d'hectolitres de vins tranquilles pris par des vins étrangers et d'augmenter le sourcing français pour les bases de mousseux.