Château La Martinette
Une installation haut de gamme
Au Château La Martinette, dans le Var, les 25 ha de vignes se situent au milieu des bois. Les sangliers sont nombreux. « Les pertes de récolte allaient de 10 à 30 % suivant les années. En 2012 et 2013, nous avons essayé les clôtures électriques. Mais la pose et la surveillance nécessitent beaucoup de temps chaque année. De plus, les sangliers finissent par les franchir causant malgré tout des dégâts. En 2014, nous avons opté pour une clôture fixe qui ceinture tout le vignoble en un seul bloc », explique Guillaume Harant, le directeur technique.
Le modèle de grillage choisi, proposé par l'entreprise Furlong, est spécifique au sanglier. Il est fabriqué avec du fil high tensile, un fil en acier à la fois élastique et résistant, ce qui permet de le tendre fortement. « Lors d'une battue, les chasseurs ont constaté que les sangliers rebondissaient sur cette clôture s'ils fonçaient dessus », raconte-t-il.
Le sol étant très rocheux, il a fallu creuser à la foreuse pour enfoncer les piquets à près d'un mètre de profondeur. Le grillage fixé sur ceux-ci mesure 1,5 m de haut, et dissuade en même temps les chevreuils d'entrer dans les parcelles. « En bas de la clôture, il y a une bavette en grillage de 40 cm positionnée vers l'extérieur de la clôture, à l'horizontale sur le sol et ancrée par des fers à béton recourbés. Elle empêche les sangliers de fouiller le sol sous la clôture pour la soulever avec leur groin », précise-t-il.
Pour quatre kilomètres de clôture, pose comprise, le château a dépensé 100 000 €. « En 2014 et 2015, nous n'avons eu aucune intrusion de gibier. En supprimant complètement les pertes, nous devrions amortir cet investissement en cinq ans », calcule Guillaume Harant.
La clôture, discrète, s'intègre très bien dans le paysage. Elle nécessite peu d'entretien. « Il faut seulement faire le tour une fois par an pour enlever la végétation qui s'y accroche ». Sept portails répartis sur le pourtour permettent d'accéder aux vignes. « Nous devons les ouvrir et les fermer à chaque fois, mais ce n'est pas très contraignant. Et c'est une satisfaction de ne plus voir notre travail saccagé ! »
Mas de Rouyre
Du grillage à moutons
Yannick Poras cultive 7 ha de vignes en bio à Saint-Martin-de-l'Arçon, dans l'Hérault. Dans cette zone boisée au pied du massif du Caroux, la faune sauvage est abondante. « En début de saison, les mouflons viennent brouter les jeunes pousses. Puis, les sangliers prennent le relais après la véraison », raconte-t-il. Les ceps qui ont été broutés finissent par mourir. « J'ai déjà dû replanter une parcelle de 70 ares. Et je perds en moyenne 15 à 20 % de mes raisins. J'en suis à 34 000 € de pertes par an, pieds et raisins compris. Ce n'est plus tenable ».
Il a d'abord essayé les clôtures électriques. Mais elles n'ont pas empêché les dégâts. « Il suffit qu'un marcassin passe sous les fils pour que la mère défonce la clôture afin de le rejoindre », constate le vigneron. De ce fait, il a dû se résoudre à installer des clôtures fixes et a opté pour du grillage à grande maille carrée utilisé pour les moutons. « Je le fixe sur des piquets en bois de châtaignier, enfoncés à 30 ou 40 cm dans le sol », précise-t-il.
La clôture monte à 1,20 m dans les zones où il n'y a que des sangliers, et à 1,80 m dans celles où il y a aussi des mouflons. Pour bien tendre le grillage lors de la pose, il le tire avec le tracteur. Puis, pour éviter que les sangliers le soulèvent, il l'ancre au sol avec des fers à béton recourbés.
Le matériel lui coûte 2 500 €/ha. La pose mobilise deux personnes durant 4 à 7 jours selon les parcelles. Il faut aussi prévoir des portails. Yannick Poras les achète d'occasion ou les fabrique en soudant des cornières pour réduire les frais.
« J'ai déjà clôturé la moitié de ma surface et je dois continuer car les dégâts se reportent sur les parcelles qui ne sont pas encore protégées. Mais je n'ai plus assez de trésorerie », se désole le vigneron. Il a déposé un dossier de demande d'indemnisation auprès de la Fédération de la chasse de l'Hérault, et espère que celle-ci va l'aider à finir de clôturer, pour pouvoir enfin travailler tranquillement.
Pascal Viaud (Gard)
Trois jours de travail pour un hectare
Installé à Tavel, dans le Gard, Pascal Viaud cultive 13 ha en coopérative. « Depuis quelques années, les sangliers font des dégâts dès le mois de mars », constate-t-il. Affamés après l'hiver, ils sont attirés par les tendres pousses de vignes. Les ceps ainsi abîmés finissent par mourir. En deux ans, Pascal Viaud en a perdu 300 dans une parcelle d'un hectare, isolée au milieu d'un vallon boisé.
Dans un premier temps, il a posé des clôtures électriques. « À cette période, elles sont peu efficaces car les sangliers perdent leur poil d'hiver. Cela fait comme une bourre, qui les protège partiellement du courant », explique le vigneron. Il a décidé de s'équiper d'une clôture fixe de 1,10 m de haut, et a choisi un grillage à mailles carrées fixé sur des piquets de vigne en métal. Le matériel lui est revenu à un millier d'euros. « La pose m'a demandé trois jours. J'ai aussi dû installer un portail et arracher quelques ceps pour conserver des tournières suffisantes à l'intérieur de la clôture », détaille-t-il. En 2015, il n'a pas constaté d'intrusion. « Mais cet hiver, un petit sanglier a réussi à se faufiler sous le grillage. J'ai dû rajouter des amarres entre les piquets pour bien le fixer au sol. Tout cela fait des coûts supplémentaires, mais nous n'avons pas le choix dès lors que la pression est forte. »
Pensez aux promeneurs
Lorsqu'on pose des clôtures, il ne faut pas oublier les chasseurs et les randonneurs. Ils ont l'habitude de traverser les vignes. « Je ferme la porte de ma parcelle clôturée avec un cadenas pour qu'on ne la laisse pas ouverte. Mais comme des promeneurs passaient souvent, j'ai installé des marchepieds en bois contre la clôture pour qu'ils puissent la franchir facilement. Et j'ai créé un sentier qui la contourne en débroussaillant le long de la clôture, à l'extérieur de la parcelle, pour ceux qui veulent faire le tour », détaille Pascal Viaud. Cela lui a demandé une journée de travail en plus, mais il ne le regrette pas. « Un voisin qui n'avait pas laissé de passage a vu sa clôture coupée. Les sangliers sont rentrés dans la parcelle et ont détruit une partie de sa récolte », raconte-t-il.
À plus forte raison, il ne faut pas fermer les chemins. « Notre domaine est traversé par un chemin communal. À l'entrée et à la sortie de la zone clôturée, nous avons installé une barrière mobile. Et nous prévoyons de la remplacer par un passage canadien », explique Guillaume Harant. Le passage canadien, constitué de tubes tournant sur eux-mêmes et posés sur une fosse, peut être franchi sans problème par les véhicules et les piétons. Il est dissuasif pour les animaux, dont les sabots glissent sur les tubes.
Son coût va de 2 500 € jusqu'à plus de 10 000 € pour des modèles fabriqués sur mesure.