Le Crocotrac, monté sur un tracteur, a fait la démonstration de sa rapidité et de sa simplicité d'emploi. L. MARNÉ
Qu'ils soient vignerons, prestataires ou concessionnaires, une trentaine de curieux sont venus découvrir le Crocotrac, le 8 mars dernier, à Angeac-Charente (Charente). Organisée à l'initiative du fabricant Hydrosystem et du prestataire SNC Métayer, cette demi-journée s'est déroulée sur le domaine de David Charbonnier, dans une parcelle d'ugni blanc comportant de nombreux pieds morts qu'il fallait arracher.
Le Crocotrac est un bras articulé qui s'installe directement à l'avant d'un tracteur interligne. C'est le premier du genre. Avec ses joysticks que l'on fixe de part et d'autre du siège, il transforme le tracteur en minipelle. « Plus besoin du permis E pour aller d'une parcelle à une autre avec un 4 X 4 et un plateau comme c'est le cas avec une minipelle, souligne Jean-Luc Métayer, gérant de la SNC Métayer. Tout notre personnel peut manier cette nouvelle pelle. De plus, cela permet de faire fonctionner les tracteurs pendant l'hiver, période durant laquelle ils ne tournent normalement pas. »
Lors de la démonstration, les participants ont observé Joël Métayer, le frère de Jean-Luc, arracher des ceps aux commandes du Crocotrac équipé d'un godet en U. « Il s'utilise exactement comme une minipelle. Il est aussi réactif et souple grâce à ses joysticks hydrauliques et aux trois vérins qui actionnent le bras, souligne-t-il. Il faut seulement s'habituer à la commande de sécurité, située sur la manette droite, qu'il faut actionner en continu. Dès que l'on relâche ce bouton, la pelle cesse de fonctionner. »
Choisir un tracteur assez lourd
Lors de l'essai, Hydrosystem avait installé le Crocotrac sur un vieux tracteur interligne de 30 ch. L'outil était alimenté pour l'occasion par une pompe hydraulique reliée à la prise de force du tracteur. « Pour les nouveaux tracteurs, nul besoin de pompe. Le Crocotrac ne nécessite pas un gros débit d'huile : 30 à 35 l/min suffisent pour une pression de 200 bars », explique le constructeur. Cependant, quelques vignerons semblaient sceptiques en voyant l'interligne rouge se soulever et osciller de droite à gauche à chaque arrachage, malgré la lame stabilisatrice installée entre les deux roues avant. « Il est un peu léger, ce tracteur », ont-ils commenté en bout de rang. Tous étaient d'accord pour dire qu'un tracteur plus récent et plus lourd aurait amélioré la stabilité.
Comme la parcelle de démonstration présentait de nombreux ceps morts avec peu de distance entre eux, « une minipelle aurait été plus efficace dans cette parcelle. Le Crocotrac est intéressant quand il y a peu de ceps à remplacer car il se déplace rapidement », rapporte un vigneron.
Malgré l'erreur de casting concernant le choix du tracteur, la majorité des participants a remarqué la vitesse de déplacement avec le Crocotrac. « Avec une pelle, on avance à 5 km/h alors qu'avec le Crocotrac monté sur l'interligne, on peut aller jusqu'à 15 km/h », souligne Cédric Falourd, commercial chez Ouvrard, concessionnaire de New Holland.
Pour cette première année d'essais, le fabricant Hydrosystem a surtout orienté sa communication vers les prestataires de services et les concessionnaires, mais il ne souhaite pas s'arrêter là. « Avec son prix modéré - environ 22 800 € HT - et la rapidité d'installation de la pelle - 25 minutes -, un viticulteur peut tout à fait acquérir un Crocotrac. » Et d'ajouter : « D'autres outils que l'arrache-ceps pourront être installés sur le bras articulé. »
De nouveaux essais seront effectués dans l'année. « Il y a un réel besoin. Le marché est là, affirme Cédric Falourd, mais il reste quelques adaptations à faire. »