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éditorial

Mauvaise passe

PAR BERTRAND COLLARD, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°286 - mai 2016 - page 5

Une récolte sans incident majeur, est-ce encore possible ? On finit par en douter après les terribles gelées de ce mois d'avril. Elles ont détruit un nombre incalculable de bourgeons et ruiné les espoirs de bons rendements chez trop de vignerons. Du Pays nantais à la Bourgogne, tous les vignobles septentrionaux sont touchés, excepté l'Alsace. Au sud de la France, le Var et surtout l'Aude déplorent de sévères dégâts. À l'ouest, Bordeaux et Cognac ont échappé au pire.

Ce nouveau coup dur survient après une longue série noire. On se souvient encore des gelées de l'hiver et du printemps 2012. On se rappelle de la coulure, puis des innombrables chutes de grêle tout au long du printemps et de l'été 2013. Après ces catastrophes, les récoltes de ces deux années-là furent les plus faibles depuis 1991, la référence en matière de gel printanier.

En 2014, la sécheresse et la grêle - encore - se sont abattues sur l'Aude et l'Hérault. Puis l'année 2015 a presque paru normale malgré de multiples incidents locaux. Et voilà que le sort s'acharne à nouveau. C'est à croire que les catastrophes météorologiques n'en finiront plus, que le climat est définitivement déréglé sous l'effet du réchauffement global.

Comme toujours, certains secteurs subissent plus que d'autres la fureur des éléments. C'est le cas à Pommard et à Volnay, en Bourgogne, à Vouvray et à Montlouis, dans le Val de Loire, où il faut remonter loin pour trouver une récolte pleine. Dans ces villages réputés, des vignerons sont accablés au point de douter de l'intérêt de continuer leur activité. On le serait à moins.

S'il est difficile, voire impossible de contrecarrer les plus violents débordements du climat, nous pouvons nous organiser pour en atténuer les effets. Cette organisation passe par une bonne gestion des stocks. À ce titre, la généralisation du VCI parait plus que jamais nécessaire. Cela reste le meilleur moyen de réguler l'offre après une récolte déficitaire, comme le demandent les marchés. De même, l'assurance-récolte semble de plus en plus indispensable. Encore faudrait-il que les pouvoirs publics la rendent plus attractive en versant plus rapidement l'aide due aux signataires des contrats. Les exploitations les plus touchées auront aussi besoin du soutien de leur banquier, d'allégements et de reports de charges. C'est grâce une somme d'attentions qu'elles passeront le cap.

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