Les contrôles de l'Inspection du travail menés chez les négociants lors des vendanges 2015 auront eu plusieurs conséquences. La première a été de relancer les actions contre une législation inadaptée, votée en 1995. La deuxième, plus inattendue, a été de révéler la dérogation dont bénéficiaient les négociants depuis 1997. Cette année-là, l'Union des maisons de Champagne (UMC) a négocié avec l'Inspection du travail le droit d'offrir 4,5 m2 de logement par vendangeur alors que la législation impose 9 m2. Une négociation menée à l'insu du Syndicat général des vignerons (SGV).
En 2015, les inspecteurs du travail ont décidé de faire fi de la tolérance accordée au négoce. Viticulteurs et négociants se retrouvent donc unis dans un même combat : obtenir une réglementation raisonnable au sujet du logement des vendangeurs.
À ce titre, le SGV suggère, entre autres, d'abaisser la superficie minimale pour loger un saisonnier de 9 m2 à 6 m2 pour le premier occupant et de 7 m2 à 4 m2 par occupant supplémentaire.
L'UMC, de son côté, demande la reconduction de la dérogation dont elle bénéficiait. « Aucun bâtiment ne sera construit pour être occupé quinze jours par an, avertit David Chatillon, directeur général de l'UMC. S'il n'y a pas de reconduction de la dérogation, les maisons seront contraintes de renoncer à faire venir certaines équipes et devront faire appel à des vendangeurs qui devront "se débrouiller" pour s'héberger. »
Sur les 110 000 vendangeurs qui travaillent chaque année en Champagne, certains sont hébergés gratuitement chez les vignerons et les négociants. D'autres logent dans des caravanes ou dorment dans leur voiture, sans bénéficier de 9 m2 par occupant...