À Bourré, dans le Loir-et-Cher, Anne Josseau exploite 20 ha en appellations Touraine et Touraine-Chenonceaux. Elle, qui produit 1 000 hl, n'aura qu'une infime récolte cette année à cause du gel qui a grillé ses vignes en avril. Du coup, elle ne livrera pas de 2016 au négoce. Pour ses ventes directes, elle a déjà réagi : « J'ai mis en bouteilles 10 hl d'AOC Touraine que je destinais aux Bib, pour mieux les valoriser ».
Elle entretient ses vignes au moindre coût. « Je les ai traitées contre le mildiou avec un quart de dose. J'espère pouvoir acheter de la vendange ou louer des parcelles pour avoir des vins à vendre au domaine. »
En descendant la Loire, le gel a aussi frappé l'Anjou-Saumur. Saint-Lambert-du-Lattay, dans le Layon, est très touchée. « J'ai perdu 50 % de ma récolte », lâche Jean-Bernard Chauvin. Généralement, il produit 1 400 hl, dont il vend 20 % en direct, 30 % au négoce et 50 % en GD et à l'export via un groupement. Cette année, il se concentrera sur ses marchés les plus porteurs. « Je ne ferai pas de rouge, que du rosé. En blanc, je produirai ma première cuvée de coteaux-du-layon et un peu de blanc sec. Pas de bulles, pas de liquoreux concentré. Je vais jouer sur mes stocks. Je ne vendrai rien au négoce. »
Dans le Muscadet, ce vigneron qui souhaite rester anonyme, pour « ne pas partager son malheur avec ses clients », estime avoir perdu 75 % de sa récolte. Il n'attend que 250 à 300 hl qu'il répartira entre le négoce et la coopération. « Chacun aura sa part. J'utiliserai mon stock de bouteilles pour la vente directe. J'ai aussi 200 hl de réserve que je proposerai au négoce. » Tout mis bout à bout, avec l'assurance gel, il pense passer l'année, en réduisant ses charges. « Je ne vais pas relever les vignes très gelées. »